Ce dimanche 29 janvier 2012, à défaut d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé à la télévision devant plus de 14 millions de téléspectateurs pour proposer une batterie de nouvelles mesures pour lutter contre la crise.
A moins de trois mois du 1er tour de scrutin présidentiel, on peut s’étonner par l’ampleur des mesures envisagées. Pourquoi avoir attendu si tard ? Probablement parce que l’ampleur de la crise, d’une part, et les tensions sur l’emploi et la croissance pour l’année 2012, d’autre part, exigeaient des mesures rapides et courageuses, quitte à dérouter les électeurs à un moment où d’autres candidats n’hésitent pas à promettre des lendemains qui chantent.
Le président de la République confirme ainsi qu’il est toujours aux commandes et qu’il entend tout mettre en œuvre pour préserver le modèle social français, sans pour autant sacrifier à l’électoralisme ambiant et au laxisme au moment où il est plus que jamais indispensable de maitriser les dépenses publiques. A l’aube d’une importante campagne électorale, Nicolas Sarkozy a annoncé des mesures ciblées, cohérentes et lisibles dans divers domaines.
Il y a bien entendu la mise en œuvre de la TVA sociale, avec une augmentation de 1.6 point de taux normal de la TVA et une augmentation de 2 points des prélèvements sociaux sur les placements financiers. Ceci pour financer la réduction des cotisations familiales supportées par les entreprises à hauteur de 13 milliards afin de réduire le coût du travail et doper la compétitivité. A cet effet, les entreprises bénéficieront d’une exonération totale des charges familiales patronales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,1 fois le Smic. Ces allègements de charges seront ensuite dégressifs et s’arrêteront au-delà de 2,4 fois le Smic. Une mesure qu’avait mise en place Gerhard Schroder en Allemagne en 2004 et qui avait largement participé à la compétitivité de l’industrie allemande ces dernières années. Auront-elles le même impact en France en 2012 ?
Le Premier ministre réunira rapidement les partenaires sociaux pour leur demander de négocier des accords de compétitivité-emploi dans les deux mois qui viennent. Cet accord devrait s’imposer à la loi et aux contrats individuels a affirmé le président de la République. Toutefois, ils ne s’appliqueront que si une majorité de salariés se met d’accord au sein d’une entreprise, pour décider d’un délai de travail, de privilégier l’emploi sur le salaire ou le salaire sur l’emploi. Une façon de mettre définitivement fin aux 35 heures. Mais le peu de représentativité des syndicats français (moins de 7% des salariés sont syndiqués contre 31% en Allemagne) suffira-t-il à insuffler un nouveau souffle aux relations sociales ?
Une loi sera votée dés février 2012 pour faire en sorte qu’entre 2012 et 2015, le quota de jeunes en apprentissage dans les entreprises de plus de 250 salariés atteigne le seuil de 5%, avec mise en place de sanctions pour les contrevenantes. Dans ce même mois de février, une banque de l’industrie, filiale d’Oséo et dotée d’un milliard d’euros de fonds propres, sera créée.
En ce qui concerne le logement, dont les prix restent très élevés en France en dépit de la crise, le Parlement votera un texte prévoyant que tout terrain, toute maison ou tout immeuble verra ses possibilités de construction augmenter de 30% au cours des trois prochaines années. Ce qui donnera du travail à l’industrie du bâtiment. Cela devrait aussi permettre d’augmenter considérablement le nombre de logements et de faire pression sur les prix qui devraient alors évoluer à la baisse. C’est du moins ce qui est attendu.
Enfin, le président a également annoncé que la taxe sur les transactions financières serait de 0,1% et s’appliquerait dés le mois d’août 2012. En année pleine, l’Etat espère encaisser un milliard d’euros au titre de cette taxe.
IL s’agit là d’une panoplie de mesures extrêmement courageuses et réalistes qui répondent en grande partie aux défis que la France doit surmonter. Même si Nicolas Sarkozy confirme maintenir l’objectif du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, on peut regretter l’absence de nouvelles mesures destinées à réduire massivement les déficits publics.
Voilà une série de mesures qui tranchent singulièrement avec le manque de cohérence et de rigueur des dispositions annoncées voici quelques jours par François Hollande. Cette incapacité à prendre des mesures de rigueur en période électorale au moment où la France traverse une trés grave crise, n’est pas de bon augure pour notre pays. D’ailleurs, le parti socialiste n’a pas manqué d’attaquer les mesures envisagées par Nicolas Sarkozy, annonçant qu’elles seraient remises en cause si Hollande était élu. Voilà qui n’est guère encourageant pour le futur.
Et dire que la plupart des responsables du parti socialistes étaient il y a encore quelques mois les partisans de l’instauration d’une TVA sociale ! Voilà qui promet une campagne présidentielle animée et des débats passionnants. Les français seront-ils dupes du discours pour le moins électoraliste et à court terme de certains ?
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