Au vu des relations délicates du couple franco-allemand ces derniers temps et les difficultés à avancer sur le terrain européen en dépit de ses propositions, beaucoup pensaient que s’en était fini des ambitions européennes du président Emmanuel Macron. C’était bien mal le connaître, lui qui n’est pas du genre à renoncer face aux difficultés.
En France, quoi qu’en pensent certains, le président a été le véritable vainqueur des élections européennes
Bien qu’arrivée légèrement derrière la liste du RN aux dernières élections au Parlement européen, la liste « Renaissance » portée par LREM, a recueilli 22.41% des voix pour une participation en hausse à plus de 50%. Un score pour le moins inattendu alors même que la tête de liste Nathalie Loiseau n’a pas su incarner cette Europe voulue par le président de la République. Dans un contexte national pour le moins difficile pour le pouvoir en place, avec des intentions de vote au plus bas, la liste LREM a réalisé une véritable prouesse que personne n’attendait, même pas le président qui redoutait le pire.
Non seulement la liste « Renaissance » fait jeu égal avec le RN qui réalise en score en baisse par rapport à la précédente élection européenne, mais les grands partis de gouvernements PS et Les Républicains en sortent marginalisés avec moins de 10% des voix.
Cerise sur le gâteau, LREM envoie au Parlement européen un gros bataillon de députés qui viennent renforcer le nouveau parti centriste-libéral Renew Europe (ex. libéraux-Alde) qui progresse ainsi très sensiblement au Parlement européen, tout comme les écologistes, contrairement aux deux grands groupes qui dominaient le parlement depuis sa création : le PPE (droite) et Alliance Progressiste des socialistes et démocrates (gauche socialiste) qui subissent une forte baisse de leurs effectifs et perdent la majorité du Parlement.
Alors qu’à la veille des élections, l’exécutif montrait quelques inquiétudes sur l’issue du scrutin, les résultats de ces élections européennes ont constitué pour Emmanuel Macron, le pro-européen, un véritable succès.
Fort de ce résultat national et de son engagement en faveur du projet européen, ces dernières semaines, Emmanuel Macron s’est démené pour faire bouger les lignes de l’Union européenne, en s’opposant fermement à la candidature à la tête de la Commission de l’allemand Manfred Weber, désigné par le groupe PPE (principal groupe du Parlement) pour succéder à Jean-Claude Juncker. Pour le président français, derrière le manque d’expérience et d’envergure pour le poste, cette candidature issue des partis politiques, avait l’inconvénient majeur de reconduire un système de désignation qui a conduit l’Union européenne dans l’impasse depuis sa création.
Le président français à la manœuvre pour la nomination des dirigeants de l’UE
Face aux attentes de l’électorat européen, il n’était pas envisageable d’entériner une candidature imposée par le parti dominant qui ne collait pas avec la volonté de renouveau exprimée. Du coup, c’est tout le système des « spitzenkandidats » mis en place par les groupes politiques du Parlement européen qui est définitivement mort, et personne ne s’en plaindra. Bravo pour la ténacité du président Macron.
La désignation des principaux dirigeants de l’UE incombe d’abord aux chefs d’Etat et de gouvernement qui doivent s’entendre sur les personnalités les plus aptes à porter les politiques voulues par eux et celle-ci doit d’abord se faire en fonction des compétences, de l’expérience et du savoir-faire des candidats, et non de leur appartenance politique. Pourquoi se priver de candidats de valeur au seul motif qu’ils ne font pas partie du groupe politique dominant ? Tout cela était absurde et pénalisait le développement de l’UE. Il fallait en sortir d’une manière ou d’une autre.
Non seulement Emmanuel Macron a définitivement tué les « spitzenkandidats », mais il a aussi réussi à imposer la parité entre hommes et femmes au sein des organes exécutifs de l’Union européenne ; ce qui n’était pas gagné d’avance, d’autant plus que cela rendait les nominations encore plus complexes. En effet, il fallait trouver le président de la Commission, le président du Conseil, le Haut Représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et le président de la BCE, soit deux femmes et deux hommes ! Un vrai casse-tête !
D’où le coup de gueule d’Emmanuel Macron à l’encontre des dirigeants européens, incapables de prendre une décision et qui donnent une image déplorable à l’extérieur. Voilà qui promettait un Conseil européen du 2 juillet 2019 pour le moins compliqué et tendu. Finalement, après quelques jours d’âpres négociations entre les dirigeants européens, le Conseil européen a finalement abouti à un résultat inespéré.
Il fallait aussi respecter des règles de répartition politique, de géographie, de parité et de compétence ; sachant qu’il était important que l’Allemagne ne perde pas la face, elle qui briguait la présidence de la Commission et dont le postulant avait été rejeté par les dirigeants européens. C’est là qu’interviennent une fois encore les qualités de négociation du président français. Rappelons que pour des raisons de politique intérieure propres à la CDU/CSU d’Angela Merkel, l’Allemagne exigeait la présidence de la Commission, voire la présidence de la BCE.
Raison pour laquelle il fallait trouver un candidat allemand pour sortir de l’impasse. Et là surprise, Emmanuel Macron a proposé la candidature de la ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, une pro-européenne proche d’Angela Merkel qui avait il y a quelques années, brigué la présidence de l’Allemagne.
Au final, le président Macron a gagné sur toute la ligne en imposant des candidats de consensus, proches de sa vision européenne et aptes à assumer un changement de cap
Après son coup de gueule fort à propos, Emmanuel Macron, a permis de sortir les européens de l’impasse et de trouver un consensus pour désigner les prochains dirigeants de l’Union européenne :
- Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
- Charles Michel, président du Conseil européen
- Josep Borrell, Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité
- Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE)
La durée de la mandature est de 5 ans, renouvelable une fois, sauf pour la présidence de la BCE où elle est de 8 ans non renouvelable. Ces candidatures, validées par le Conseil européen, seront prochainement soumises au vote du Parlement européen. De son côté, ce dernier a élu pour président David Sassoli, du parti démocrate italien. Voilà qui promet des débats animés avec ses compatriotes de la Ligue de Salvini.
Avec ce renouvellement important des dirigeants de l’Union européenne, globalement pro-européens et pour la plupart en phase avec les convictions européennes d’Emmanuel Macron, nul doute que l’UE va enfin prendre un nouveau virage, plus démocratique, plus efficace et plus proche des citoyens ; et ce dès leur entrée en fonction en fin d’année 2019.
Dans ce contexte très tendu de négociation, l’intelligence du président français aura permis d’éviter le pire et de sortir de cette mini-crise par le haut. Plutôt que de tenter d’imposer la candidature du français Michel Barnier, probablement le meilleur candidat pour la présidence de la Commission (ce qui aurait été très mal perçu par l’Allemagne), il a préféré sacrifier ce dernier en proposant l’allemande Ursula von der Leyen, une personnalité des plus qualifiées à la personnalité affirmée, afin de parvenir à un consensus satisfaisant pour toutes les parties.
Le nouveau dispositif européen est très prometteur. Reste maintenant à transformer les promesses en réalités fortes.
Bravo Emmanuel Macron. L’Union européenne est sortie gagnante de cette épreuve et devrait pouvoir partir de l’avant dés l’an prochain car point d’avenir pour les pays européens en dehors de l’UE. Une double victoire du président Emmanuel Macron qui ne va pas manquer de le relancer pour la fin de son mandat avec toujours plus de réformes pour adapter notre pays au monde d’aujourd’hui.
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