Voilà des décennies que la gauche affirmait que le découpage électoral (favorisant les zones rurales plutôt classées à droite) et le mode de scrutin lui interdisaient de fait de pouvoir contrôler un jour le Sénat, la Chambre haute du Parlement, en charge de la représentation des collectivités territoriales.
Elus par un collège de plus de 150 000 grands électeurs (dont 144 000 délégués des Conseils municipaux) au suffrage universel indirect, pour partie au scrutin proportionnel et pour partie au scrutin uninominal à deux tours, les sénateurs (au nombre de 348 en 2011), détiennent le pouvoir législatif au même titre que les députés, même si ces derniers ont toujours le dernier mot au plan législatif. Depuis la Vème République, le Sénat a toujours été détenu par la droite, notamment en raison du poids des sénateurs centristes généralement élus par les grands électeurs sans étiquette politique, comme cela est souvent le cas dans les communes rurales.
Lors du dernier scrutin du 25 septembre 2011, un tiers des sénateurs étaient renouvelables. Alors que l’on s’attendait à un résultat serré entre la gauche et la droite, c’est finalement la gauche qui l’a assez largement emporté avec prés de 10 sièges d’avance, faisant ainsi basculer le Sénat dans son camp.
Ce résultat paraît conforme aux dernières élections locales largement emportées par la gauche depuis plus de 10 ans, qu’il s’agisse des grandes et moyennes villes, des Conseil généraux et Conseil régionaux. Les grands électeurs étant issus de ces collectivités, il était inéluctable et normal que la gauche finisse par l’emporter à un moment ou un autre. Elle avait d’ailleurs marqué une sérieuse avancée lors des dernières élections sénatoriales en 2008. Dans ce contexte, sa victoire était inscrite dans le marbre.
Pour autant, la défaite de la droite, qui perd ainsi l’un de ses bastions, est cinglante et sans appel.
A l’approche des élections présidentielles et législatives de 2012, voilà qui n’augure rien de bon pour elle. Même s’il est indiscutable que le résultat de l’élection sénatoriale repose d’abord sur le choix des seuls grands électeurs, qui plus est, désignés sur la base des derniers scrutins locaux largement emportés par la gauche, cette large victoire au Sénat n’a pu se dessiner qu’avec l’appui d’un certain nombre de grands électeurs modérés de centre-doit ou sans étiquette, probablement déçus par la politique gouvernementale et la réforme des collectivités territoriale telle que mise en œuvre. Ce scrutin sénatorial constitue donc un très sérieux avertissement pour la droite.
La droite, et plus particulièrement Nicolas Sarkozy, pourront-ils récupérer les électeurs déçus par les 5 ans de gestion de crise ? La gauche va-t-elle faire bloc derrière son candidat et proposer un programme crédible qui permette d’affronter la grave crise actuelle qui lui permette de s’imposer lors des prochains scrutins nationaux de 2012 ? Rien n’est moins sûr.
S’il elle compte capitaliser sur la grave crise qui touche aujourd’hui de plein fouet les français les plus modestes, en tentant d’imputer celle-ci au gouvernement actuel, il n’est pas acquis que les électeurs suivent. En effet, aujourd’hui, personne n’est dupe et chacun sait qu’il est urgent de prendre très rapidement des mesures d’austérités beaucoup plus importantes pour endiguer la crise actuelle et notamment l’augmentation de la dette et des dépenses publiques. Dans ce contexte, la France ne pourra s’en tirer sans que chacun soit mis à contribution, des bas revenus aux plus hauts, en proportion de leurs moyens.
A 7 mois du premier tour de l’élection présidentielle, si la gauche a effectivement marqué un point en emportant le Sénat, rien n’est encore joué.
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