A l’appel d’organisations occitanes : IEO- Institut d’Estudis Occitan, Calendretas…, prés de 15 000 personnes venues des quatre coins de l’Occitanie, jusqu’aux Vallées Occitanes italiennes et au Val d’Aran, ont convergé vers Montpellier ce 24 octobre 2015 pour manifester en faveur de la langue et de la culture occitane. Durant quelques heures, une fois de plus, Montpellier pavoisée aux couleurs sang et or, était la capitale de l’Occitanie.
En dépit du fait que la langue occitane demeure la langue régionale la plus répandues avec plus de 3 millions de locuteurs, l’Etat français au nom d’un prétendu respect de la constitution qui ne reconnaît que la seule langue française, s’obstine à s’opposer à reconnaître le moindre droit aux langues régionales de ce pays. Une position de principe pourtant indéfendable dans une démocratie digne de ce nom. Rappelons que la Charte européenne des langues régionales a été signée par la France en 1999. Elle reconnaît la nécessité de protéger les langues régionales dans chacun des pays de l’Union européenne.
Pourtant, le pays qui se veut le champion des droits de l’homme et du respect des citoyens, refuse toujours de ratifier cette charte et donc d’appliquer ce traité européen, à croire que la reconnaissance des langues régionales présenterait pour la France un risque pour l’unité du pays !
En 2015, une telle attitude est tout simplement inacceptable alors que la France n’hésite pas à donner des leçons de démocratie aux autres nations. Jusqu’à quand va-t-elle persister dans le refus de reconnaître la diversité et la richesse des langues et cultures régionales qui sont pourtant un atout considérable pour le pays. Ce mépris pour les spécificités régionales et donc pour les français est totalement absurde.
A persister dans son refus de reconnaître ses propres langues régionales, la France s’expose d’autant plus à voir les revendications régionalistes monter en puissance et à terme accentuer fortement le désir d’autonomie, voire d’indépendance des régions qui présentent une forte identité régionale telles l’Occitanie, la Corse, Le Pays-Basque, la Bretagne, l’Alsace, la Savoie…
Il est pour le moins paradoxal qu’au moment où l’Union européenne avance lentement mais sûrement vers plus d’intégration et de fédéralisme, la France continue à ignorer, au nom d’une idéologie nationaliste et jacobine aujourd’hui totalement dépassée, la diversité linguistique et culturelle qui dans un monde ouvert et mondialisé, est au contraire un atout pour un pays moderne.
La majorité des élus politiques de ce pays, tous bords politiques confondus, n’ont hélas pas le courage de franchir le pas, face aux tenants d’un nationalisme stérile qui a pourtant causé tant de tort en Europe par le passé. Il s’agit là d’un combat d’arrière garde que mène la France. Le monde change, mais hélas pas la France ! Dans un monde globalisé, nos langues et cultures régionales sont un atout et nos racines essentielles dans cette compétition mondiale.
Quoi qu’il en soit, tôt ou tard, les défenseurs des langues et cultures régionales l’emporteront. L’avenir n’est plus aux vieilles nations européennes créées de toute pièces sur des frontières artificielles, mais aux régions européennes naturelles telles qu’elles ont toujours existé. Il y a des réalités, fussent-elles anciennes, aujourd’hui incontournables. De gré ou de force, à moyen terme, les vieux états jacobins sont appelés à disparaître au profit d’une Union européenne intégrée qui est aujourd’hui la seule chance de survie pour l’Europe.
De ce point de vue, la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon & Midi-Pyrénées, au cœur de l’Occitanie, a un grand rôle à jouer pour promouvoir cette grande culture occitane chère à plus de 10 millions d’habitants du sud de la France. Gageons que les nouveaux élus de cette région, largement représentés à cette grande manifestation, sauront tenir leurs engagements et faire prospérer cette forte identité régionale qui constitue un atout considérable pour le développement économique de cette nouvelle grande région occitane.
A propos de la Charte européenne sur les langues régionales ou minoritaires (Traité européen n° 148 du 05 novembre 1992).
Ce traité prévoit la protection et la promotion des langues régionales et minoritaires historiques. Son élaboration est justifiée, d’une part, par le souci de maintenir et de développer les traditions et le patrimoine culturels européens, d’autre part, par le respect du droit imprescriptible et universellement reconnu de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans la vie privée et publique.
Elle contient des objectifs et principes que les Parties s’engagent à respecter pour toutes les langues régionales ou minoritaires existant sur leur territoire : respect de l’aire géographique de chacune de ces langues, nécessité d’une promotion, facilité et/ou encouragement de leur usage oral et écrit dans la vie publique et privée (par des moyens adéquats d’enseignement et d’étude, par des échanges transnationaux pour ces langues qui sont pratiqués sous une forme identique ou proche dans d’autres Etats).
Ensuite, la Charte énumère toute une série de mesures à prendre pour favoriser l’emploi des langues régionales ou minoritaires dans la vie publique. Ces mesures couvrent les domaines suivants : l’enseignement, la justice, les autorités administratives et les services publics, les médias, les activités et équipements culturels, la vie économique et sociale et les échanges transfrontaliers. Chaque Partie s’engage à appliquer au moins 35 paragraphes ou alinéas parmi ces mesures dont un certain nombre est à choisir obligatoirement parmi un « noyau dur ». De plus, chaque Partie doit spécifier dans son instrument de ratification chaque langue régionale ou minoritaire répandue sur l’ensemble ou une partie de son territoire à laquelle s’appliquent les paragraphes choisis.
La France a signé le traité le 07/05/1999 mais refuse toujours de le ratifier, contrairement à la plupart des Etats membres de l’Union européenne.
Plus d’information :
- EBLUL (Bureau européen pour les langues les moins répandues)
- IEO – Institut d’Estudis Occitan