Par delà les beaux discours, en ce mois de février, Mme Lebranchu, ministre de la fonction publique vient de décider, à la surprise générale et avec l’aval de M. Hollande, que l’égalité entre fonctionnaires et salariés du privé n’était pas pour demain. En supprimant le jour de carence maladie institué par le précédent gouvernement concernant les agents publics, le gouvernement socialiste n’hésite pas, une fois de plus, à faire dans le clientélisme pur et dur. Probablement en remerciement des fonctionnaires qui avaient largement voté à gauche en mai 2012 et tenter, autant que faire ce peu, de neutraliser leur humeur revendicative. Nous avons en effet un gouvernement qui gère les affaires publiques à la petite semaine ! A moins, une fois de plus, que ce ne soit pour liquider l’héritage de Nicolas Sarkozy qui semble leur objectif principal, à défaut de véritable programme. Selon la ministre, ce jour de carence pour les fonctionnaires était «inutile, inefficace et humiliant», pas moins que çà.
A y regarder de plus prés, il n’en est rien ; bien au contraire. Inutile ? La suppression coûtera 65 millions d’euros au titre des agents de l’État, probablement un peu plus pour la fonction publique hospitalière et sans doute autant pour les collectivités. Soit pas moins de 200 millions d’euros par an. Au vu de la pâle situation des finances de l’Etat, tout cela relève de la démagogie et de l’enfumage. Inefficace ? Toutes les enquêtes réalisées sur le sujet établissent clairement que la mise en place du jour de carence a été très efficace en réduisant l’absentéisme de l’ordre 7 % dans le public, et notamment les hôpitaux (14 jours dans le privé contre 21 dans le public). Humiliant ? La ministre ne se rend même pas compte qu’elle insulte par là-même les salariés du privé. Si un jour de carence est humiliant pour un fonctionnaire, que sont trois jours de carence pour un salarié du privé, et notamment le bon tiers qui y est effectivement assujetti ? Force est de constater que pour le gouvernement socialiste, les fonctionnaires déjà privilégiés en ce temps de crise et de licenciements méritent sa plus grande attention.
A moins que cette que cette suppression ne soit une carotte pour mieux faire passer une baisse prochaine des rémunérations ou mieux encore une prochaine réforme du statut de la fonction publique ? Malheureusement, vu le peu de courage de ce gouvernement à s’attaquer aux dépenses publiques et son attachement viscéral à privilégier les fonctionnaires, il y a peu de chances que cela arrive ! Voilà encore une décision malheureuse, pour ne pas dire choquante, qui vient renforcer le coût de fonctionnement du service public et donc nos déficits, tout en continuant à dresser un peu plus les salariés du privé contre les fonctionnaires. Difficile de faire pire !
Choquante et du plus mauvais effet, est également la nomination de Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes à la vice-présidence de la Banque Publique d’Investissement (BPI), aux côtés de Jean-Pierre Jouyet. Des nominations de pure complaisance, mais là n’est pas l’essentiel du problème. Par contre, passe encore de nommer à la tête de la BPI (le principal outil financier de l’État doté de 42 milliards d’euros), un ami de la famille Hollande ; mais en profiter pour caser son ex-conjoint Mme Royal comme vice-présidente, ainsi que Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France, est pour le moins choquante lorsque l’on se rappelle, qu’il y a moins d’un an encore, un certain Hollande y allait de l’affirmation : «Moi, Président, la République sera exemplaire !» Et pourtant…
Les français ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisque prés de 80% d’entre eux désapprouvent la nomination de Mme Royal à la vice-présidence de la BPI. Au vu de l’excellent travail effectué en toute indépendance par le prédécesseur à la tête du FSI (Fonds Stratégique d’Investissement), pourtant nommé par un certain Nicolas Sarkozy, on est en droit de douter de la capacité de la nouvelle équipe, strictement politique et sans grande expérience du monde de l’entreprise, à remplir sa mission au service des entreprises industrielles françaises. Espérons que la BPI sera au moins à la hauteur du FSI et ne sera pas un nouveau Crédit Lyonnais !
Pour mémoire, rappelons qu’il y a quelques mois, ce même Hollande, a nommé Olivier Schrameck, proche de Lionel Jospin à la tête du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) alors même que ce dernier n’a aucune connaissance des dossiers de l’audiovisuel, contrairement à son prédécesseur Michel Boyon. Une autre nomination très politique de la part de Hollande qui accusait pourtant son prédécesseur d’avoir nommé des proches dans les médias publics. Finalement, on est bien loin de la république exemplaire ! Au moins, avec Nicolas Sarkozy, les nominations même politiques concernaient toujours des professionnels reconnus dans leur domaine et non des amateurs de premier ordre, incapables de prendre par eux-mêmes les décisions qui s’imposent. A y réfléchir…
Choquante encore, la bataille médiatique entre le patron de l’entreprise américaine Titan et le ministre du redressement productif, toujours dans les mauvais coups pour détruire l’image de la France. Passe encore qu’un cow-boy ne fasse pas dans la dentelle après l’échec de longues discussions avec un certain syndicat pour la reprise du site Goodyear d’Amiens-nord. On peut tout à fait comprendre l’exaspération de ce dernier à l’égard du gouvernement français qui soutenait ce même syndicat. Mais qu’un ministre de la République descende aussi bas dans l’injure et la provocation, est purement et simplement affligeant et consternant. Après avoir pris à partie les patrons d’Arcelor-Mittal, de PSA et bien d’autres entreprises et donné une image désastreuse de la France à l’étranger, quelle crédibilité accorder à ce ministre et son gouvernement pour redresser l’économie de notre pays ? On aurait d’ailleurs aimé entendre le chef de l’Etat sur le sujet, mais il était aux abonnés absents. Espérons que les entreprises étrangères désireuses de s’installer dans notre pays ne reculeront pas devant une telle image peu flatteuse de notre pays et l’incompétence de nos gouvernants.
Que dire encore de ce déni d’austérité de la part des responsables politiques de notre pays alors que nous devons, plus que jamais, nous attacher à réduire drastiquement à nos dépenses publiques pour retrouver la croissance, plutôt que d’augmenter les impôts, comme l’ont fait avant nous l’Allemagne, puis l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, l’Italie et même le Royaume-Uni… ? M. Ayrault n’a de cesse de marteler : «Nous devons réduire nos déficits et soutenir la croissance». Hélas, augmenter les impôts sans réduction importante des dépenses publiques ne mène nulle part, sauf à la faillite. Sans nous attaquer énergiquement aux dépenses publiques, la France continue d’alimenter ses déficits et mine durablement sa croissance. Un piège mortel que ce gouvernement est incapable d’enrayer.
D’ailleurs, les déficits publics de la France sont à la dérive et l’objectif de limiter ceux-ci à 3% du PIB en 2013 ne sera pas atteint puisque nous devrions être à 3.7% en 2013 et même 3.9% en 2014, soit bien loin du compte. Corrélativement, après une croissance nulle en 2012, notre pays devrait se stabiliser à 0.1% en 2013 et probablement 1% en 2014, bien loin de l’objectif de 2% fixé par le gouvernement. Dans ces conditions, il ne fait aucun doute que la France est bien aujourd’hui l’enfant malade de l’Europe.
La gestion actuelle du gouvernement socialiste donne une désagréable impression d’incompétence, d’improvisation et de colmatage permanents, de politique au fil de l’eau, avec des mesures incohérentes et souvent contradictoires. Rien de très rassurant pour l’avenir de la France.