Rodez : Un budget sans grande ambition en attendant 2018

19 décembre 2016

Lors de sa séance du 16 décembre dernier, le Conseil municipal de Rodez a adopté le budget 2017. Un budget sans grande surprise aux ambitions somme toute limitées en attendant l’année 2018.

Le budget primitif de fonctionnement pour 2017 s’établit à 31,523 millions d’euros (identique à 2016) :

Principales dépenses de fonctionnement du budget principal :

  • Charges de personnel :  15,200 M€ (+1.36%)
  • Charges à caractère général :  5,502 M€ (+7.36%)
  • Autres charges de gestion courante (dont subventions aux associations : 3,041 M€ (-11.39%)

Principales recettes de fonctionnement du budget principal :

  • Impôts et taxes :  23,148 M€ (+0.69%) dont 17,500 M€ d’impôts locaux,
  • Dotations et participations :  6,405 M€ (-3.11%)
  • Produits des services :  1,388 M€ (-9.34)

L’épargne brute ressort à 7,470 millions d’euros, représentant 23.72% des recettes de fonctionnement. L’épargne nette, après déduction de l’annuité de la dette de 1,966 millions d’euros, s’établit à 5,504 millions d’euros.

Le budget primitif d’investissement s’établit à 12,287 millions d’euros, contre 11,006 millions en 2016 :

Principales dépenses d’investissement (9,420 M€)

  • Dépenses patrimoniales :  4,15 M€ (dont voirie : 2,699 M€…)
  • Crédits de paiement des programmes AP/CP : 3,125 M€ (dont îlot Béteille : 1 M€, quartier Saint Eloi : 0,773 M€, Quartier Tarayre/St Cyrice : 0,512 M€, regroupement services techniques : 0,700 M€…)
  • Dépenses programmées :  2,144 M€ (dont rénovation place Foch : 0,500 M€, programme ADAP : 0,500 M€)

Principales recettes d’investissement (4,816 M€)

  • Produits des cessions :  2,41 M€ (cessions immobilières diverses)
  • Dotation d’investissement :      1,425 M€ (TCTVA, taxe urbanisme, amendes… )

Les impôts locaux en 2017 (taxe d’habitation, taxe foncière et taxe foncière sur les propriétés non bâties) resteront inchangées par rapport à 2016 à respectivement : 16,38% (TH), 28,94% (TF) et 91,00% (TFPNB). Pour les années à venir, la municipalité envisage une évolution des taux à la baisse, en allant au-delà de la baisse liée à la suppression de l’abattement général à la base qui n’est plus que de 5% en 2016 (celui-ci était de 15% en 2008). A suivre !

Evolution de la dette :

Comme en 2016, aucun emprunt ne devrait être souscrit en 2017. Au 31/12/2016, la dette consolidée de la ville de Rodez (budget principal + budgets annexes) devrait s’établir à 20,389 M€, dont 16,597 M€ pour le budget principal). A fin 2017, la dette consolidée prévisionnelle devrait être de l’ordre de 18,200 M€, dont 14,600 M€ pour le budget principal. A noter que la dette des budgets annexes concerne principalement le budget des parcs de stationnement (parking du Foirail réalisé en 2013).

L’avis sur le budget 2017 de la ville de Rodez :

Comme 2015 et 2016, le budget primitif pour 2017 est un budget de transition. Comme souvent, la majorité municipale attend l’approche des prochaines échéances électorales pour engager les grands travaux. En attendant, les investissements portent principalement sur des travaux d’entretien et de rénovation certes indispensables mais qui ne constituent pas à eux seuls un projet structurant. Ainsi, le projet d’aménagement de la place de la Cité et de ses alentours qui remonte à plus de 10 ans, ne cesse d’être différé alors qu’il s’agit d’un dossier majeur pour l’attractivité du centre-ville. Il faudra probablement attendre 2018 ou 2019 pour le voir se concrétiser en espérant que le projet sera à la hauteur des ambitions de Rodez.

Ce budget, comme les deux précédents, marque une pose et de fait, une baisse du niveau de la dette qui devrait atteindre à fin 2017 l’un de ses plus bas niveaux depuis bien longtemps. Rappelons toutefois que la dette ne fait que retrouver le niveau qui était habituellement le sien en 2007 aux alentours de 20 millions d’euros, étant précisé qu’elle avait atteint le niveau record de 32 M€ en 2013, sous l’actuelle majorité municipale. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser puisqu’il ne s’agit là que d’un simple retour à la normale ! Plus vraisemblablement, cette baisse de la dette résulte aussi d’un manque de réels projets portés par l’actuelle majorité.

Si la baisse de la dette est généralement une bonne chose pour une collectivité, ce ne peut-être une fin en soit ! Alors que la ville de Rodez est parmi les moins endettées de France dans sa catégorie, au vu de l’actuelle baisse des taux d’intérêts, on peut s’interroger de savoir s’il ne serait pas judicieux d’emprunter modérément pour financer et anticiper les travaux de rénovation de la place de la Cité ? On peut ainsi s’interroger sur l’obsession du maire de Rodez vis-à-vis de la dette !

Outre la baisse des investissements, la baisse de la dette est confortée par l’importance des cessions de biens immobiliers de la ville comme jamais jusqu’alors. A ce rythme, la plupart des bijoux de famille de la ville de Rodez auront été cédés à la fin de l’actuel mandat.

En attendant, nul doute que les grands travaux attendus reprendront en 2018 et 2019, à la veille des prochaines élections municipales. Probablement un pur hasard de calendrier une fois encore !

 


Rodez agglomération : La société Robert Bosch impactée par la baisse des ventes de véhicules diesels

13 décembre 2016

Le groupe Robert Bosch GmbH dont le siège mondial est situé à Stuttgart (Allemagne) a été créé en 1886. En 2015, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 71 000 milliards d’euros et emploie 375 000 personnes au niveau mondial, reparties sur 118 sites industriels. L’activité principale du groupe concerne la sous-traitance automobile dont il est l’un des leaders mondiaux notamment via ses systèmes d’injection essence et diesel. Le groupe est aussi présent dans de nombreux autres secteurs dont l’outillage et l’électroménager.

Robert Bosch, première entreprise industrielle de l’Aveyron

Robert Bosch est présent en France via sa filiale Robert Bosch France SAS dont la principale unité de production est située à Onet-le-Château (agglomération du Grand Rodez).

L’usine, qui est l’une des vitrines du groupe, fabrique des éléments pour moteurs diesels (systèmes Common Rail). C’est le premier employeur privé de l’Aveyron avec prés de 1 800 personnes et fait vivre prés de 5 000 emplois indirects ; ce qui fait du site ruthénois le premier employeur privé de la région. Autant dire le poids économique considérable du site pour l’agglomération de Rodez et le département de l’Aveyron. Fondée en 1955, l’usine de Rodez est un élément essentiel du dispositif industriel de Robert Bosch. Le groupe allemand investit régulièrement pour moderniser le site : plus de 50 millions d’euros en deux ans.

La division Systèmes diesel de Robert Bosch à laquelle appartient l’usine de Rodez, développe, fabrique et met au point des systèmes pour moteur diesel qui contribuent à rendre les véhicules plus performants et économiques. Premier fabricant mondial de systèmes à injection diesel, le groupe propose la technologie la plus adaptée pour chaque type de véhicule et principalement des systèmes d’injection, de gestion des gaz d’échappement mais aussi des unités de contrôle moteur (ECU) et des capteurs.

La division Systèmes diesel propose un ensemble de produits allant du composant seul au système entier, pour tout type d’application moteur quelle que soit sa cylindrée. Les systèmes d’injection modernes comme les systèmes Common Rail et les systèmes de traitement des gaz d’échappement sont à la base du moteur diesel dernière génération.

Ces dernières années, l’usine de Rodez a investi sur des fabrications plus haut de gamme en injectant notamment 25 millions d’euros dans une nouvelle ligne de production réservée à des bougies en céramique pour moteurs diesels Premium.

Robert Bosch leader mondial des équipementiers automobiles touché par la crise du diesel

Pour autant, depuis le début de l’année 2016 et l’affaire Volkswagen (utilisation de logiciels frauduleux permettant de minimiser la pollution émises par les gaz d’échappement), les ventes de véhicules de la marque allemande ont nettement baissé et plus particulièrement ceux équipés de moteurs diesel. Il va sans dire que l’activité de l’usine de Rodez, spécialisée dans la production de systèmes d’injection Common Rail pour Volkswagen et Renault, est particulièrement impactée ces derniers mois.

Afin de permettre à l’entreprise d’ajuster ses moyens face à la baisse des commandes, depuis quelques mois, la direction générale de la Division diesel de Stuttgart avait souhaité un ralentissement des investissements à Rodez. Un comité d’entreprise exceptionnel convoqué mi-novembre 2016 est venu confirmer la nette baisse du carnet de commande des systèmes Common Rail en fin d’année qui se traduira par une sensible réduction de la durée du travail jusqu’en début d’année prochaine.

Comme le redoutaient les personnels, l’investissement de 17 millions d’euros prévu en 2017 en vue d’adapter les lignes de production à la fabrication de la nouvelle génération d’injecteurs diesels est reportée d’un an.

Même si par le passé le Groupe Robert Bosch a toujours su s’adapter au marché et traverser plusieurs crises, le défi à relever est ici important. C’est aujourd’hui l’avenir des véhicules à moteurs diesels qui est en cause en raison notamment des particules fines émises. Même si les moteurs diesel récents sont très performants, notamment en terme de rejets, la part des véhicules diesels ne cesse de baisser et risque de s’accentuer au fil des années au profit des moteurs essences, réputés moins polluants et des véhicules hybrides ou électriques.

A terme, le site de Rodez devra s’adapter aux nouvelles donnes technologiques

Gageons que le groupe Robert Bosch saura s’adapter une fois encore et trouver une solution pour, à terme, reconvertir le site avec les nouvelles technologies du futur.

L’avenir du site pourrait en réalité provenir de l’application de nouveaux process industriels : la fameuse usine du futur dont Bosch se veut à la pointe. Les ingénieurs maison estiment en effet qu’à terme, cette usine 4.0 peut permettre d’économiser 40% sur le coût de certaines pièces et de faire baisser les pannes de 60%. La maintenance prédictive, une nouvelle gestion des approvisionnements et des stocks, mais également l’échange d’informations entre différents ateliers… Le vivier des gains de productivité est immense.

Pour Robert Bosch, les nouveaux process de cette industrie connectée et numérique devraient permettre de pérenniser le site.

Robert Bosch ambitionne en effet de devenir l’un des leaders mondiaux de l’Internet des objets. Le groupe est présent dans les trois domaines de l’interconnexion : les appareils intelligents et connectés, les plateformes logicielles et les applications et services qui offrent un avantage supplémentaire au client.

Ces nouvelles technologies industrielles 4.0 sont le devenir de Robert Bosch et de l’agglomération de Rodez.

 


Rodez : Quartier Combarel, un chantier qui devrait enfin sortir de terre en 2017

7 décembre 2016

Courant novembre, Rodez agglomération a tenu une réunion publique pour faire le point sur la consultation engagée concernant le futur éco-quartier Combarel.

Une poignée d’élus et techniciens de Rodez agglomération ont présenté les conclusions de cette enquête à un public clairsemé (guère plus de 30 personnes). Ce qui est un signe de relative indifférence envers une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la démocratie participative initiée par la mairie de Rodez depuis 2014. Il faut dire que le projet Combarel traîne en longueur depuis plus de 10 ans !

Ces derniers mois, les habitants du grand Rodez avaient été invités, via un questionnaire, à se prononcer sur différents équipements de ce futur quartier, sachant que le gros œuvre et notamment la construction des 350 logements, dont la moitié à caractère social, a été confiée à divers promoteurs immobiliers de la ville.

Au final, l’initiative laissée aux habitants s’avère extrêmement limitée puisqu’elle ne concerne que quelques menus aménagements annexes comme les espaces verts, les cheminements piétons, la place centrale et autres animations de quartiers. Les propositions faites par les habitants (un peu moins de 400 personnes) ont porté essentiellement sur l’aménagement des espaces piétons, des espaces verts, un jardin d’agrément, le développement des parkings-relais en périphérie, l’éclairage public… mais aussi le soutien à l’économie locale ou des modes de production locales, actions qui nécessitent des porteurs de projet.

Dominique Serieys, au nom des commerçants adhérents de Cassiopée n’a pû s’empêcher de rappeler une évidence : « Pour porter des projets et créer des associations de quartier, encore faut-il qu’il y ait des habitants du quartier. Hors le quartier en est actuellement au tout début de sa construction… »

De nombreuses questions sont restées sans réponses. Par contre, Mme Monique Herman-Bultel, vice-présidente de Rodez agglomération, a confirmé qu’aucun parking public souterrain ne serait finalement construit sous la place centrale, comme initialement prévue, en raison de son coût élevé. De même, si une maison de retraite sera effectivement construite par la ville, elle ne fera que remplacer l’actuelle maison de retraite de Saint Jacques gérée par l’hôpital qui sera fermée. Au final, le nombre de maisons de retraite à Rodez restera inchangé en dépit des besoins.

S’agissant du quadrilatère (bâtiments initiaux de l’hôpital Combarel comportant la chapelle), le bâtiment est protégé et ne peut faire m’objet que d’aménagements extérieurs limités. Des travaux de mises aux normes sont en cours au niveau du gros œuvre. Il devrait être finalement vendu par lots en plateaux qui seront ultérieurement aménagés par l’acquéreur lui-même. Ici aussi, contrairement au projet initial qui prévoyait l’aménagement des locaux en bureaux pour l’accueil de divers services de l’Etat : Police, agglomération, administrations financières, entreprises…, la vice-présidente de l’agglomération a confirmé qu’il n’y avait pour l’instant aucun projet de ce type. Un aveu d’échec de l’aménagement de ce quartier qui devait initialement accueillir quelques centaines d’emplois tertiaires. Aucune assurance de voir une administration ou entreprise rejoindre le quadrilatère à brève échéance.

Il a également été confirmé que cet espace ne comporterait aucun commerce en rez-de-chaussée afin de préserver le bâtiment.

Concernant les espaces de stationnement hors des immeubles de logements à construire, ils devraient être limités à quelques places, rue Combarel et le long de la nouvelle rue Boyer qui traversera l’espace Combarel. Concernant le manque de places de stationnement pour les visiteurs, aucune réponse n’a été faite si ce n’est de suggérer d’utiliser les transports publics pour se rendre dans ce nouveau quartier. Des commerces devraient également prendre place sur les deux rues. L’emplacement futur d’une possible maison de santé a également été évoqué, sans autre précision sachant qu’actuellement deux sont en projet : l’une au faubourg, dont la construction va démarrer, et très probablement une deuxième à Gourgan.

Quant au début des travaux de construction du nouveau quartier, ils devraient démarrer en début d’année 2017 pour se terminer au plus tard courant 2020.

Au final, l’actuel projet Combarel n’a plus grand-chose à voir avec le projet initial et on est en droit de s’interroger sur son avenir et son intégration entre l’esplanade des Ruthènes et le centre-ville. Nous sommes manifestement bien éloignés de l’ambitieux projet de l’équipe précédente sur ce quartier.


Requiem pour Notre Dame de Bonnecombe

4 décembre 2016

Communiqué de M. André Montialoux :

D’ici quelques semaines maintenant, le site de l’Abbaye de Bonnecombe sera déserté par ses derniers occupants et sera probablement fermé en suivant. Cette situation questionne, interpelle et nous invite tous à une certaine réflexion.

Les éléments ci-après donneront peut-être pour tous ceux qui méconnaissent le site et les conditions de vie des derniers occupants des informations pour nourrir leur réflexion.

Voilà 853 ans que les premiers religieux (au nombre de 12) arrivaient sur ce site boisé, offrant un relatif replat sur la rive gauche du Viaur non loin des routes du plateau, qualifié aussitôt de « bonne combe » pour y élever une abbaye.

Il en fallait du courage, de l’abnégation, de la foi et plus globalement des vertus pour faire face à autant d’ingratitude et d’adversités (la solitude des lieux, l’âpreté des saisons, la rudesse du travail de construction et le côté sauvage du sol que n’avait jamais sillonné une charrue). Toutefois ils étaient pleins d’enthousiasme et d’espérance ceux qui vinrent habiter ces lieux car ils avaient le plein assentiment et toute la reconnaissance de l’évêque de Rodez d’alors -Hugues 1er– et du monde politique représenté par son frère, Comte de Rodez.

Aujourd’hui, en contre-point de cette situation du XIIième siècle, s’agissant de l’actuelle fraternité des serviteurs du Cœur de Jésus, reconnue si tardivement, l’une des raisons majeures de leur départ est due au délaissement et à la solitude (cf l’article du journaliste de Centre Presse du 30 mai 2016).

Reprenons : dès le 3 janvier 1167 cette abbaye est consacrée à la Vierge comme le veut la règle. Pour tous les membres fondateurs livrés tour à tour à la prière, à l‘étude et au travail des mains, ils faisaient revivre les vertus d’obéissance et de renoncement en se mettant au service du plus grand nombre et notamment des plus démunis. Nul n’ignore les services rendus par les communautés monastiques pour tous ceux qui rencontraient des difficultés, passagères ou pas, avec les soins les plus charitables qui étaient toujours prodigués. Ceci était d’autant plus fort pendant les périodes de conflit ou de fléau dévastateur car ils devenaient alors un phare d’humanité. C’est ainsi que bon nombre de Rois de France prirent sous leur protection ces communautés et pour ne pas alourdir le document on ne citera que les trois derniers : Louis XII, François 1er et Henri IV.

Nous sommes à cent lieux de la situation d’aujourd’hui même dans notre Rouergue qui pourtant a tant donné à l’église il y a encore moins d’un siècle. Nulle autre terre ne vit une déchristianisation aussi vive et aussi massive que la nôtre aujourd’hui mais il restera toujours de ce site, peut-être par la disposition des lieux et plus probablement par l’âme de tous ceux qui au cours des siècles se sont donnés aux autres, un esprit par lequel il faut savoir se laisser imprégner. Même Monseigneur Vivian dont on peut lire dans un article de la Revue du Rouergue -Revue N°11 de l’automne 1987 « Vivian, un évêque de Rodez vindicatif et contesté 1247 – 1274- » avait apporté son concours en confirmant la donation de Naucelle à l’abbaye de Bonnecombe en 1252. Ceci démontre s’il en était encore utile que l’on est toujours comptable de ce que l’on fait et ceci à travers les siècles.

Traverser les siècles en effet n’est jamais simple et il faut une institution comme l’Eglise pour y parvenir car là où croît le péril croît toujours ce qui sauve selon la formule du poète Hölderlin. Les derniers religieux cisterciens ont été expulsés en 1791 au lendemain de la Révolution Française. L’abbaye est alors livrée à l’abandon et au pillage et seules ses archives seront conservées. Les bâtiments deviennent alors une carrière de choix pour les constructeurs locaux.

Garder en mémoire ces faits est un devoir, une nécessité pour ne pas rééditer de tels comportements surtout dès lors que cette abbaye ne serait plus occupée. En effet si les derniers s’en vont, c’est parce qu’elle n’est plus habitable. Voyons plutôt : qui accepterait de nos jours de vivre dans des locaux insalubres, aux toits non entretenus depuis des décennies laissant passer les intempéries dans les plafonds qui peu à peu s’effondrent sur leurs occupants avec pour conséquence un risque avéré de danger de mort pour les utilisateurs des installations électriques imprégnées d’eau ? Alors quel sens commun peut encore justifier que l’on réhabilite, dans la ville de l’évêché, un bâtiment grandiose qui peut témoigner d’une bonne santé financière du diocèse ?

Sur le plan des comportements et d’une manière anecdotique je noterai ce que nous avons vécu cet été, ma femme et moi, lors d’une journée où les visites de l’Abbaye n’avaient pas pu se tenir faute de surcharge de travail des membres de la Fraternité, incapables d’assurer ce service ce jour-là. L’un des visiteurs, manifestement frustré de ne pouvoir faire la visite de l’abbaye comme il l’entendait, avait osé retourner le panneau signalant les horaires des visites pour y écrire sa version en des termes qui ne méritent pas d’être rapportés ici tant ils étaient dénigrants pour les occupants du lieu.

Reprenons le cours de l’histoire de ce lieu chargé de foi. Ce n’est qu’en 1876, cinq ans après sa nomination, que le jeune et ardent Monseigneur Bourret racheta l’abbaye aux Houillères du bassin de Carmaux pour la réhabiliter. L’église fut restaurée dès 1891, le monastère fut rétabli en 1895 et des moines trappistes (O.C.S.O.) y restèrent jusqu’en 1965.

Depuis cette date, les évêques du diocèse de Rodez et de Vabres y ont appelé tour à tour des communautés diverses jusqu’à cette dernière Fraternité au service de l’Evangile auprès de la population environnante. Mais comment y demeurer aujourd’hui quand même la sécurité dans les espaces publics ne peut être assurée sur le site ? On peut comprendre que, face à cette situation, ils fassent le choix de suivre ceux qui les ont appelés sur d’autres terres, peut-être plus missionnaires.

N’imaginons pas cependant que la décision de partir a été facile à prendre : ni aidés, ni encouragés, ils ont en plus dû affronter des propos diffamatoires à l’égard de leur Fraternité doublés d’attaques personnelles.

Ces quelques lignes ont pour objet de donner à chacun des éléments majeurs pour conduire sa propre réflexion, une réflexion qui doit conduire à faire naître de vastes projets pour ce site que protégera contre vents et marées Notre Dame de Bonnecombe.

Certes on pourra toujours, comme l’article du 8 juin dernier dans Centre presse intitulé « Vu du ciel, l’Aveyron se dévoile », visualiser de très haut, par des drones, l’abbaye, mais on peut attendre bien plus. Bien plus aussi que les propos de Monseigneur Bellino, témoignant en ces termes dans le cadre d’une autre affaire « c’est une épine dans le pied » ; il paraît urgent aujourd’hui effectivement de l’enlever définitivement cette épine pour construire ensemble quelque chose dans cette région de France qui a cruellement besoin du réconfort de l’Evangile. Puisse que le synode du diocèse en cours aide à retrouver les voies de l’Esprit Saint.

Bonnecombe est un lieu de prière, de silence, d’approfondissement des valeurs de l’Evangile que seul le murmure du Viaur peut venir un instant perturber. Est-ce le pont du diable par lequel on accède à l’abbaye avec toutes ses légendes qui va l’emporter sur la mémoire de ce lieu empreint d’histoire et de foi depuis des siècles ?

Non, seulement deux questions taraudent aujourd’hui les chrétiens que nous sommes, désireux que ce lieu soit respecté et transmis aux générations futures dans l’essence première de ceux qui l’ont fait naître et de tous ceux qui ont tout donné de leur personne pour le faire vivre jusqu’en 2016 dans la fidélité à l’enseignement de l’Evangile.

Qu’a fait l’actuel évêque pour retenir ses derniers occupants ?

Quels sont aujourd’hui ses projets pour sauver Notre Dame de Bonnecombe de l’oubli ?

André Montialoux