2019 : L’année de tous les dangers ?

6 janvier 2019

Alors que nous abordons l’année 2019, de très nombreuses interrogations se font jour au vu de l’évolution du monde ces derniers mois. Pour la première fois depuis longtemps, rarement l’avenir de notre planète n’avait paru aussi incertain. Jamais autant de menaces n’avaient pesé sur le monde.

Pour certains, l’année 2019, comme les années en 9,  porte en soi beaucoup d’incertitudes. Ce fût le cas en 1999/2000 avec le krach lié à la « bulle internet » et plus récemment en 2009 avec la crise des « subprimes », l’une des plus importantes crises financières qui a fragilisé de nombreux pays, y compris en Europe même si les français en ont finalement peu senti les effets parce que le système bancaire a finalement pu être sauvé.

Pour d’autres, 2019 pourrait aussi être une sorte de 1929, l’année du grand krach boursier qui est à l’origine de la « grande dépression » et qui a généré une importante instabilité politique, économique et sociale à travers le monde. Il est vrai que ces derniers mois, les bourses mondiales sont devenues extrêmement fébriles et instables, encaissant la plus forte baisse depuis 2008. Ceci notamment en raison d’une instabilité politique et économique mondiale liée à la politique suicidaire de Trump.

Depuis l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, les tensions politiques et commerciales n’ont jamais été aussi fortes avec notamment une guerre commerciale avec la Chine sans précédent, mais aussi avec l’Europe. Dans ce contexte de tensions exacerbées, le commerce international et la croissance mondiale ont du plomb dans l’aile. Déjà, la croissance est en berne au Japon, en Corée et en forte baisse en Chine et par ricochet aux USA et en Europe. Une situation qui risque de nous entraîner dans une véritable récession mondiale.

En Europe, cette année 2019 est aussi marquée par d’importantes incertitudes liées au Brexit dont les effets s’annoncent de plus en plus catastrophique pour les Britanniques, mais aussi indirectement pour l’UE. A cela vient s’ajouter la montée ces dernières années du national-populisme dans certains pays de l’est européen, mais aussi en Italie et dans un degré moindre en Autriche, en Allemagne et en France à un moment où le tandem franco-allemand est affaibli. Quand on sait où cela a conduit l’Europe par le passé, l’optimisme n’est guère de mise. Si l’on ajoute l’incertitude liée aux résultats des prochaines élections au Parlement européen fin mai 2019, il y a de quoi s’interroger sur son devenir. Une chose est certaine, l’Union européenne est le seul avenir possible pour les pays qui la composent, y compris la France. Les britanniques risquent de l’apprendre à leurs dépens.

Autre facteur de risque important, selon une récente étude du FMI qui regroupe 200 pays, la dette totale publique et privée de l’ensemble des pays membres aurait atteint des proportions alarmantes avec une dette moyenne équivalente à 225% du PIB. Un record et de très loin ! La situation de la France à cet égard est également alarmante. Si les taux d’intérêts devaient brusquement remonter, de nombreux pays dont la France, seront alors en très grande difficulté et ne pourront plus faire face à leurs dépenses courantes.

Enfin, selon plusieurs spécialistes du secteur, les prix du pétrole au plus bas, autour de 50 dollars le baril de Brent, pourraient exploser en 2019 et approcher les 100 dollars avec l’impact que l’on sait sur l’économie mondiale qui se trouverait alors fortement pénalisée. Mais au final, peut-être ne serait-ce là un moindre mal pour préserver la planète en imposant par la force, une baisse de la consommation des énergies fossiles si nocives pour la planète et notre santé ?

Mais le plus important défi à relever pour le monde reste probablement celui du changement climatique. Face aux importants retards pris à travers le monde en la matière, y compris en France, et à l’urgence, il va bien falloir s’attaquer radicalement à ce grave problème qui met directement en péril le devenir de l’humanité sur la planète terre. Alors que nous connaissons aujourd’hui les risques d’irréversibilité du changement climatique si nous n’agissons pas au plus vite, allons-nous continuer vers l’autodestruction de notre planète, comme si de rien n’était ?

L’urgence est de mise dans de très nombreux domaines, en France comme ailleurs, si nous voulons que les générations futures puissent continuer à vivre sur cette planète. Et ce n’est pas par le repli sur soi, le nationalisme exacerbé, le populisme et l’obscurantisme que nous allons préserver nos acquis et sauver notre planète. Bien au contraire.

Au vu de ces faits et des derniers évènements à travers le monde, il est difficile de rester optimiste pour cette année 2019 qui sera l’année de tous les dangers.

Pour éviter le pire, il faut espérer que les responsables politiques des grandes démocraties sauront trouver les forces nécessaires pour se ressaisir et proposer un front commun avec une alternative mondiale qui préserve durablement l’avenir des peuples de la planète. Oublions les égoïsmes et le repli sur soi et soyons enfin responsables.

Bonne année 2019 !


Terrible constat du WWF : 60% des animaux de notre planète ont disparu en 45 ans

5 novembre 2018

Chacun peut le constater au quotidien, même en Aveyron, depuis plus de 10 ans, de nombreuses espèces se font de plus en plus rares dans notre quotidien, notamment les oiseaux (hirondelles, mésanges, chauves-souris…) mais aussi les insectes (abeilles, papillons, hannetons…). Cette perte de biodiversité en si peu de temps est considérable et traduit nécessairement une dégradation de notre biotope. Rien de bien rassurant pour l’avenir de notre planète.

Dans son récent rapport, le WWF dresse un bilan alarmant de l’état de santé de notre planète.

Selon l’ONG, 60% des populations d’animaux sauvages qui ont disparu de la Terre depuis 1970, selon le dernier rapport « Planète vivante » publié récemment par l’organisation non gouvernementale. Cette disparition de plus de la moitié des vertébrés (à l’exception de l’homme, dont la population continue de croître), a donc été opérée en un peu plus de quarante ans (l’étude s’est arrêtée aux derniers recensements d’animaux en 2014). Même si aucune étude n’est disponible concernant les invertébrés, il y a tout lieu de croire que le bilan n’est guère meilleur.

La situation la plus inquiétante est localisée dans les zones tropicales d’Asie et surtout d’Amérique latine, très touchée par la déforestation avec une baisse de l’ordre de 89 %. Du jamais vu jusqu’alors.

Ce sont principalement les activités humaines qui sont en cause et expliquent la rapidité de cette dégradation profonde de l’environnement. Marco Lambertini, le directeur général du WWF International, vient de lancer un nouveau cri d’alarme pour tenter de sensibiliser l’opinion mondiale et essayer de trouver au plus vite « un nouvel accord global pour la nature et les hommes ». D’autres preuves scientifiques ont d’ailleurs été publiées ces derniers mois pour démontrer l’appauvrissement général de la biodiversité.

Selon une étude de Plos One publiée en octobre 2017, la plupart des régions de la planète sont touchées. Ainsi en Allemagne, les populations d’insectes ont diminué de plus de 75 % en trente ans. Une chute brutale liée à la perte d’habitats des insectes et à l’agriculture intensive, grosse consommatrice de pesticides, qui ont un fort impact sur les populations de pollinisateurs. L’Europe consomme en effet à elle seule plus de la moitié des pesticides de la planète !

Dans le célèbre magazine Nature, les chercheurs expliquent également que les trois quarts des plantes, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères ont disparu de la surface de la Terre depuis 1 500. A cela deux raisons : d’une part la surexploitation de certaines espèces et, d’autre part, l’agriculture. La demande mondiale d’alimentation et de terres agricoles exerce en effet une pression considérable sur les écosystèmes et la biodiversité.

Arnaud Gauffier, responsable « agriculture et alimentation » chez WWF-France est catégorique : « À elle seule, l’agriculture est responsable de 70 % de la déforestation mondiale. Pour se donner une idée, l’expansion de l’agriculture conduit à la perte d’une superficie de forêts tropicales équivalentes à 40 terrains de football chaque minute ». Et ce n’est pas l’élection du nouveau président du Brésil qui va arranger les choses, lui qui envisage d’accélérer le déboisement pour développer l’agriculture intensive.

L’étude montre également que l’expansion de certaines cultures, comme celle de l’huile de palme en Asie du Sud-Est, gagne progressivement d’autres pays en Afrique, notamment la République démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville, le Gabon et le Cameroun».

Outre la déforestation mondiale, se pose la question de l’artificialisation croissante des sols sur l’ensemble de la planète

Pour le WWF, même l’Europe n’est pas épargnée en raison de l’intensification de l’agriculture, avec une forme d’importation de la déforestation.

C’est le cas notamment pour l’écosystème spécifique du Cerrado, en Amérique latine, composé à moitié de savanes et de forêts, qui couvre environ un tiers du Brésil. « Cet écosystème a perdu la moitié de sa surface au cours des trente dernières années ; or cette zone abrite 40 % d’espèces endémiques… » rappelle Arnaud Gauffier. « Cette évolution est provoquée par la culture extensive du soja et l’élevage de bovins. Sachant qu’une partie de ce soja est importé en France, notamment pour l’élevage de poulets, cela signifie aussi que derrière nos œufs et nos blancs de poulet, notre pays contribue à la déforestation du Cerrado ».

Dans les zones humides, constituées de marais et de zones inondables, de nombreuses autres activités humaines dégradent l’environnement et réduisent fortement le nombre d’espèces vivantes. Alors que ces milieux représentent moins de 1 % des surfaces immergées, ils constituent un habitat refuge pour 126 000 espèces, soit 10 % de celles qui sont connues dans le monde.

L’indice « planète vivante » des experts du WWF permettant de suivre l’évolution de la biodiversité, a plongé de 83 % depuis 1970.

Si cette baisse est un peu moins importante en France (environ 60 %) ; pour le WWF, force est de constater qu’ « en France, les zones humides ont perdu la moitié de leur superficie en trente ans. Elles disparaissent surtout à cause de l’artificialisation des sols, notamment du fait de l’extension permanente de l’habitat et des zones urbaines avec leurs zones commerciales. Après une relative pause ces dernières années, l’artificialisation des sols en France repart à la hausse…»,

Les pays développés ne sont donc guère plus exemplaires. Le constat du WWF est sans appel et montre une fois de plus que les hommes sont en train de détruite leur propre planète. Jamais depuis l’arrivée de l’homme, la Terre n’avait connu une si dégradation, preuve s’il en est que le plus grand prédateur et destructeur de notre planète que autre que l’espèce humaine.

Quand allons-nous commencer à réagir, si tant est qu’il est encore temps ?

Plus d’infos : Le rapport « Planète vivante « 2018 publié par le WWF


Europe : Projet de taxation provisoire des Gafam en attendant une avancée de l’OCDE sur le régime fiscal des géants du numérique

9 avril 2018

Les fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont plus que jamais, fort justement, dans le collimateur de l’Union européenne. A eux seules, ces 5 multinationales aux capitalisations boursières considérables, représentent un chiffre d’affaires global annuel de l’ordre de 530 milliards d’euros en 2017, pour des profits évalués à 98 milliards d’euros.

Bien que ces entreprises réalisent en France une part non négligeable de leur activité, les Gafam n’auraient payé que 0.10% à 1% d’impôt sur les bénéfices ! Une paille au regard de leurs considérables résultats en forte croissance. Il en est ainsi partout en Europe et dans le monde, et dans un degré moindre, aux Etats-Unis jusqu’à ces dernières années où ces multinationales ont pourtant leur siège social. Même ici leur taux d’imposition ne dépassait pas 3% jusqu’à récemment. Du fait des procédures d’optimisation fiscale mises en place permettant de localiser l’essentiel de leurs bénéfices dans des pays à fiscalité très privilégiée, où elles sont très peu taxées, elles n’acquittent mondialement qu’un très faible impôt sur les bénéfices.

Pour être plus précis pour l’exercice 2016, Facebook n’aurait payé que 1 million d’euros d’impôts en France pour un chiffre d’affaires estimé dans le pays de 540 millions d’euros. Un avantage dont jouissent également de nombreuses autres multinationales de l’économie numérique telles Google, Amazon, Apple mais pas que…

C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a conduit l’administration Trump à une importante réforme fiscale introduisant, pour la première fois outre-Atlantique, le principe de la taxation des profits offshores. Les nouvelles dispositions fiscales américaines visent ainsi à taxer aux USA les profits qui ne seraient pas taxés, ou peu taxés à l’étranger (taux inférieur à 13%). A ce titre, l’administration a ainsi prélevé un impôt sur les profits réalisés par les grandes sociétés technologiques hors des USA, y compris en Europe. Au total, l’administration fiscale américaine aurait récemment récupéré la somme considérable de 52 milliards d’euros sur les seuls Gafam.

Face aux importants bénéfices non imposés, l’UE envisage de taxer les profits des Gafam réalisés sur son territoire

Face à l’abus de montages de plus en plus sophistiqués des multinationales pour réduire le montant de leurs impôts, l’OCDE travaille actuellement à un dispositif permettant de localiser les profits dans les pays où elles ont une réelle activité et présence économique. Mais l’organisation doit faire face à des divergences importantes sur le régime de taxation des Gafam qui freinent la mise en place de nouvelles règles fiscales internationales qui ne pourront voir le jour, dans le meilleur des cas, qu’en 2020 et probablement au-delà.

La difficulté est liée à la complexité de l’économie de plus en plus numérisée mettant en œuvre de gros moyens au plan mondial, sans pour autant une présence physique notable sur le terrain. Ces entreprises se caractérisent aussi par une forte proportion d’actifs immatériels notamment les logiciels et les algorithmes de toute sorte générant des revenus tirés de la rémunération des utilisateurs, tel Facebook.

Face à la lenteur de mise en place d’un régime de taxation des profits mondiaux des entreprises technologiques, à l’initiative de la France, l’Union européenne a décidé de prendre le taureau par les cornes et de mettre en place un dispositif de taxation provisoire. L’annonce officielle le 22 mars 2018 de la directive européenne visant à taxer les géants du numérique (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft… mais aussi Twitter, Airbnb, Uber, Netflix…) a ainsi été faite par Pierre Moscovici, commissaire européen chargé des Affaires Economiques et Financières, de la Fiscalité et des Douanes au Conseil européen.

Pour M. Moscovici : « Aujourd’hui de nombreuses entreprises du numérique utilisent nos services publics sans pour autant payer leur juste part d’impôts, c’est inacceptable, c’est incompréhensible, ce n’est plus compris et accepté…. Il faut donc que les pays de l’Union européenne sécurisent les recettes fiscales qui proviennent de l’impôt sur les sociétés […] Si nous n’imposons pas les bénéfices issus du numérique ce sont les petites entreprises, les entreprises traditionnelles, et du coup les contribuables qui paieront plus d’impôt pour compenser ceux que les grandes entreprises du numérique qui ne paient pas. Ce n’est pas juste ».

L’Europe propose une taxation provisoire de 3% du chiffre d’affaires brut annuel

Actuellement, le taux moyen d’imposition des profits dans l’Union européenne pour la généralité des entreprises est estimé par la Commission à 23% contre quelques faibles pourcentages pour les multinationales du numérique, étant par ailleurs rappelé que la croissance moyenne des revenus des grandes entreprises du numérique est en moyenne de 14% contre moins de 1% pour les autres multinationales. Pour Pierre Moscovici : « La commission européenne souhaite mettre toutes les entreprises sur un pied d’égalité fiscale ; pour cela, elle s’assurera que les entreprises du numérique soient imposées de façon juste et effective ».

La Commission propose une réforme de fond prévoyant une taxation provisoire des entreprises du numérique réalisant plus de 7 millions d’euros de recettes annuelles dans un Etat membre, ou disposant de plus de 100 000 utilisateurs dans un d’entre eux, ou celles ayant conclu plus de 3 000 contrats commerciaux avec des utilisateurs au cours d’un exercice fiscal. La taxe se calculera sur le chiffre d’affaires brut annuel et concernera les entreprises du numérique réalisant au moins 750 millions d’euros de revenus au niveau mondial et 50 millions dans l’UE.

D’après les estimations, la Commission indique que sur la base d’un taux d’imposition de 3%, les Etats membres de l’Union pourraient ainsi encaisser plus de 5 milliards d’euros de recettes par an. Cette proposition est censée être transitoire, dans l’attente d’un accord au niveau international, notamment dans le cadre des négociations en cours avec l’OCDE.

Les propositions de la Commission saluées par les grands pays européens

Ces propositions ont été présentées au sommet européen du 23 mars dernier auquel participaient 28 chefs d’Etats de l’Union.

Dans un communiqué, la plupart des pays dont la France, Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni ont salué les propositions que la commission européenne. « Nous continuons à soutenir les travaux de l’UE en cours et espérons qu’ils permettront de lancer une forte dynamique de discussions au niveau du G20 et de l’OCDE, tout en fournissant en même temps le socle pour une action européenne coordonnée dans le but de mettre en adéquation l’imposition des bénéfices des entreprises hautement numérisées avec l’endroit où est créée la valeur…. Notre prochaine étape sera d’analyser en profondeur les détails de ces propositions. Nous attendons avec intérêt et appelons à des discussions constructives au sein du Conseil afin de parvenir à un accord aussi vite que possible. »

Cette proposition présente toutefois le risque de voir l’Europe s’opposer encore davantage aux Etats-Unis, dans un contexte déjà tendu. Raison pour laquelle Pierre Moscovici s’est empressé d’assurer qu’il « ne s’agit en aucun cas d’une mesure anti-américaine« .

Pour autant, l’instauration d’une telle taxe au sein de l’UE doit être validée sachant que celle-ci pourrait être bloquée par quelques Etats en vertu du principe d’unanimité qui est la règle en matière de fiscalité. Sa mise en œuvre devra en effet être validée par chacun des Etats. Si les grands pays de l’Union en sont de fervents partisans, d’autres pays comme l’Irlande, le Luxembourg et les Pays-Bas y sont moins favorables, sans parler des pays scandinaves se montrent réticents à affronter les États-Unis sur le sujet.

Au final, face à la complexité de sa mise en place, cette taxe européenne sur le chiffre d’affaires des GAFA pourrait n’être que l’affichage d’une belle intention destinée à rassurer l’opinion publique plutôt qu’une véritable solution à la sous-taxation des multinationales du numérique.

A suivre : Face à la domination des Gafam, si l’Union européenne se donnait enfin les moyens de créer elle aussi une véritable économie numérique basée sur l’intelligence artificielle où la protection des données personnelles des citoyens serait une réalité ?


L’Europe de la défense décolle enfin…

20 novembre 2017

Le 13 novembre 2017 marquera, à n’en pas douter, une date importante pour l’Union européenne vers une large coopération militaire renforcée qui devrait constituer l’embryon de la future armée européenne.

Rappelons que le projet communauté européenne de défense (CED) esquissée dès 1950 par l’Europe pour faire face à la guerre froide, avait avorté en 1954 en raison de l’opposition de la France et de certains pays au nom d’une prétendue souveraineté nationale en ce domaine.

Plus de 60 ans plus tard, le contexte est sensiblement différend avec des tensions internationales probablement plus importantes, créant une véritable instabilité à travers le monde. En effet, la Russie de Poutine se réarme massivement et reprend ses visées expansionnistes, comme en atteste l’annexion de la Crimée au détriment de l’Ukraine ; ce qui inquiète à juste titre les pays de l’Europe de l’Est. De son côté, l’arrivée au pouvoir aux USA, l’allié traditionnel de l’Europe, d’un président peu fiable et éloigné des préoccupations européennes n’est pas de nature à rassurer les européens. Si l’on ajoute le Brexit et le retrait prochain du Royaume-Uni de l’Union européenne, la défense européenne risque de se trouver moins opérationnelle.

L’Union européenne réagit enfin face aux menaces

C’est dans ce nouveau contexte international que vingt-trois pays de l’Union européenne ont décidé, courant novembre à Bruxelles, de s’engager dans une coopération militaire renforcée, pour relancer l’Europe de la défense et permettre de développer de nouveaux systèmes d’armes et la réalisation d’opérations extérieures communes. Cette structure militaire devrait être créée avant la fin de l’année.

Frederica Mogherini, responsable de la diplomatie de l’Union européenne a déclaré, à l’issue de l’accord sur les engagements jetant les bases de leur coopération structurée permanente (CSP) : « Nous vivons un moment historique pour la défense européenne. Ce nouvel outil va permettre de développer davantage nos capacités militaires pour renforcer notre autonomie stratégique ». Pour elle, la CSP devrait générer d’importantes économies d’échelle pour l’industrie de la défense européenne aujourd’hui trop fragmentée au regard de la concurrence américaine.

A ce stade, 4 pays ont décidé de ne pas rejoindre la CSP : Le Danemark, l’Irlande, le Portugal et Malte. Le Royaume-Uni du fait du Brexit, est de fait exclu de la CSP.

Pour la ministre allemande de la défense, Ursula von der Leyen : « Il était important pour nous, particulièrement après l’élection du président américain, que nous puissions nous organiser indépendamment, en tant qu’Européens. Ceci est complémentaire à l’Otan, mais nous voyons que personne ne va résoudre à notre place les problèmes de sécurité que l’Europe a dans son voisinage. Nous devons le faire nous-mêmes… »

Une défense européenne commune aux côtés de l’Otan

La position allemande, moins ouverte aux interventions militaires lointaines et risquées, semble l’avoir emporté sur la position française. La bonne santé économique de l’Allemagne alors que la France connaît une situation budgétaire plus difficile a fortement influencé les négociations. Rappelons que la France a dû récemment reporter son objectif d’atteindre le cap de 2% du PIB consacré aux dépenses militaires à 2025 !

La coopération, du moins dans un premier temps, devrait porter sur l’étude de projets de développement de matériels communs à l’ensemble des membres : blindés, drones, avions de combat, systèmes d’armes…. Il reste à espérer que les spécialistes européens de l’industrie de l’armement finiront par s’entendre et aboutiront rapidement à des coopérations exemplaires. A terme, l’objectif est de disposer d’un quartier général opérationnel pour les unités de combat et de mettre en place une plate-forme logistique d’opérations pour l’ensemble des membres.

La mise en place de ce pacte de défense européen imposera aux pays membres de consacrer une part significative de leur PIB à l’effort de défense. Parallèlement, l’Union européenne envisage de se doter d’un fonds dédié destiné à doper l’industrie européenne de la défense pour un montant de plus de 5 milliards d’euros par an.

L’Otan s’est dite favorable à cette initiative de défense européenne. La future armée européenne s’inscrit dans une coopération étroite avec l’Otan, du moins pour quelques décennies, le temps pour elle de mettre en place une défense pleinement opérationnelle, capable de faire face à aux menaces actuelles.

Plus d’infos :


Europe : Lutter efficacement contre le terrorisme islamique passe obligatoirement par la fin des ambiguïtés et de la complaisance envers les groupuscules salafistes

28 août 2017

Depuis 2012, le terrorisme islamique s’est développé et vient régulièrement frapper les pays occidentaux et l’Europe en particulier. Nous devons aujourd’hui apprendre à vivre au quotidien avec ce terrorisme aveugle et sanguinaire dont le seul objectif est de tuer le plus possible de personnes innocentes au nom du djihad. Celle évolution était pourtant prévisible depuis de longues années où l’on a assisté à une radicalisation croissante d’une frange importante de l’aile la plus extrémiste et radicale de l’islam : les salafistes.

Pendant trop longtemps, avec une ingénuité rarement vue, le monde libre a considéré les groupes salafistes comme une simple dissidence de l’islam propre à cette religion, sans conséquence sur le reste du monde. Pendant ce temps, ces extrémistes musulmans ont pu tranquillement diffuser leur idéologie radicale au cœur même du monde libre en profitant de la bienveillance des bonnes consciences occidentales et de certains médias qui leurs trouvaient et leur trouvent encore des excuses. Soyons clairs : les occidentaux n’ont aucune responsabilité dans cette évolution du terrorisme islamique, que ses partisans soient nés en Europe ou au Magreb. Ces derniers n’ont aucune excuse possible. Ils n’ont qu’un seul et unique but : perpétrer le plus d’attentats possibles au sein du monde libre pour entretenir les tensions entre les communautés. Ces terroristes ont été endoctrinés par les groupuscules salafistes dans le seul et unique but de tuer et assassiner, les plus sauvagement possible, le plus grand nombre possible de personnes qui rejettent leur vision du monde, qu’ils soient musulmans ou non.

En cela, nous assistons à une véritable guerre au sein de l’islam entre les courants sunnites (largement majoritaires dans le monde musulman) et chiites (minoritaires, principalement situés en Iran et en Azerbaïdjan et plus marginalement en Irak, en Syrie et au Yémen). Ceci explique en grande partie les difficultés à mettre fin aux conflits en Irak, en Syrie et plus récemment au Yémen où derrière les sunnites, on trouve l’Arabie Saoudite alors que l’Iran soutient activement les chiites.

Autour de ces deux courants principaux de l’islam, gravitent des groupes dissidents parmi les plus radicaux. Pour les sunnites : les salafistes (Arabies-Saoudite, Qatar…), les frères musulmans (Egypte), le Hamas (Palestine)… Pour les chiites, le Hezbollah (Liban) règne en maître.

Le double jeu des principaux groupes salafistes partisans d’un islam radical

Les salafistes sont le principal courant dissident radical issu de l’islam sunnite soutenus et financés principalement par l’Arabie-Saoudite et le Qatar. Aujourd’hui, les groupes terroristes de Daech ou Etat islamique, Al-Quaïda , Boko Aram ou Aqmi sont des produits issus directement de cette mouvance salafiste. Or, si la plupart de ces groupes sont aujourd’hui considérés comme des organisations terroristes par la plupart des pays occidentaux (Etats-Unis, Canada, Union européenne, Australie…), ce n’est pas le cas du salafisme qui profite habilement du soutien de l’Arabie-Saoudite et du Qatar pour financer le terrorisme mondial. Pourquoi ne pas traiter la plupart des courants salafistes pour ce qu’ils sont : des groupes terroristes et en tirer toutes les conséquences ?

Le salafisme est une doctrine idéologique fondée sur un islam sunnite fondamentaliste qui rejette l’influence occidentale, et qui au lendemain des révolutions arabes, s’est vu ouvrir un espace politique considérable au Maghreb et au Machrek qui lui était jusqu’alors fermé du fait des dictatures arabes. Mais le salafisme s’est finalement exporté à travers le monde et notamment en Europe en vue d’islamiser ces pays.

Ce rapide état des lieux des organisations terroristes islamiques en présence confirme l’extrême activisme des groupes salafistes les plus radicaux ces dernières années au cœur de l’Europe, qu’ils se revendiquent de l’EI ou autre groupe terroriste musulman. Aujourd’hui, notamment en France, en Belgique et en Espagne, les salafistes règnent en toute impunité sur de nombreuses mosquées et des quartiers entiers, comme le démontre les récents attentats de Barcelone. Au contraire de l’islamisme, le salafisme n’est, ni un mouvement religieux à revendication politique, ni une organisation à proprement parler, mais plutôt une tendance de « régénération » de la foi et de réislamisation de la société. D’où l’extrême difficulté à identifier son organisation au plan local et ses responsables. Les salafistes préconisent le retour aux origines de l’islam du Moyen-âge. Ils revendiquent le respect aveugle de la sunna (tradition islamique et notamment la charia).

Le salafisme prône un retour aux pratiques en vigueur chez les musulmans à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples, plus connus comme les pieux ancêtres appelés « salaf » ainsi que la rééducation morale des communautés musulmanes ou non. Deux grandes mouvances cohabitent au sein du salafisme : l’une refuse de s’impliquer dans la vie politique et se consacre à l’éducation des musulmans à la doctrine salafiste, tandis que l’autre que l’on qualifie de djihadistes, utilise le salafisme comme une base idéologique pour justifier le terrorisme. C’est cette dernière qui sévit principalement en Europe.

Les salafistes soutiennent le terrorisme en Europe pour imposer la charia

Pourquoi les pays occidentaux persistent-il à conserver des liens économiques et diplomatiques étroits avec l’Arabie-Saoudite et le Qatar qui sont pourtant les principaux pourvoyeurs de fonds des groupes salafistes de part le monde et de fait, des terroristes islamiques qui sévissent actuellement en Europe ? L’Union européenne ne devrait-elle pas mettre en œuvre une politique visant à éradiquer le terrorisme de son sol en prenant des sanctions contre les pays musulmans qui le finance ? La vie de européens ne vaut-elle pas davantage que les quelques milliards de ventes de matériels militaires à ces pays ?

Vouloir faire croire que le monde libre, par ses décisions et son comportement, aurait favorisé l’émergence du djihadisme islamique n’est que pure fumisterie. Ceci ne fait que cautionner un peu plus l’action sanglante des terroristes islamiques à notre encontre. Cet aveu de faiblesse et d’amnésie, pour ne pas dire de lâcheté, des élites occidentales à l’égard du salafisme n’a fait qu’accentuer le développement du terrorisme au cœur de nos pays. Le mal étant fait, il est vain de pleurer la liste des victimes qui ne cesse de s’allonger.

Le terrorisme islamique ne fait que faire payer au monde libre le constat de son propre échec. Contrairement à l’idée que voudraient répandre certains, les djihadistes nous frappent non pour ce que nous faisons, mais uniquement parce que nous sommes. C’est notre existence même et notre propre mode de vie qui leur sont insupportable. Ne l’oublions pas ! Le reste n’est que balivernes irresponsables.

La lutte contre le terrorisme islamique passe par l’éradication des groupes salafistes en Europe

Dans une récente tribune dans le journal Le Figaro, le philosophe Pascal Bruckner déclarait : « … A éviter de désigner la religion comme la cause du terrorisme, on s’égare dans une multitude d’interprétations fumeuses, comme le colonialisme, l’humiliation arabo-musulmane, le réchauffement climatique, le conflit israélo-palestinien….Il faut nommer les choses. Nous sommes face à une maladie à l’intérieur de l’islam. Cette religion produit régulièrement des générations de guerriers prêts à sacrifier leur vie pour la gloire de Dieu… »

En d’autres termes, les européens doivent ouvrir les yeux et regarder enfin la réalité. Rappelons-nous qu’à l’aube de l’an 2000, les salafistes se contenter d’imposer leurs règles principalement dans les pays islamiques et il n’y avait pas ou très peu de femmes en Europe portant le voile islamique et encore moins la burqa ou autre niqâb qu’aucun verset du coran n’impose d’ailleurs à la femme musulmane. En 2017, et ces dernières années pourtant, de nombreuses jeunes femmes musulmanes portent ces signes distinctifs, y compris au cœur des villes moyennes française, à Rodez et ailleurs. C’est là est un signe de la montée du prosélytisme islamique et l’activisme des groupes salafistes les plus radicaux qui prônent la charia et la reconquête d’une partie de l’Europe.

Que l’on ne s’y trompe pas, le terrorisme prôné par les salafistes est un moyen pour parvenir à leur fin et imposer la charia partout. L’Espagne est d’ailleurs leur cible privilégiée et les récents attentats de Barcelone ne doivent hélas rien au hasard.

Ne soyons pas dupes du double jeu des salafistes qui n’ont qu’un seul et unique objectif : détruire nos sociétés par tous moyens pour les islamiser. Les Etats européens doivent agir conjointement avec fermeté pour éradiquer durablement le terrorisme islamique tant qu’il en est temps.


Europe : Galiléo bientôt opérationnel

2 janvier 2017

GPS : Galileo arrive enfin !

Le lancement réussi, le 17 novembre 2016 de 4 satellites de télécommunication via la fusée Ariane 5 marque une étape cruciale pour le projet européen de système de géolocalisation mis en route il y a déjà dix-sept ans. Malgré beaucoup de retard et autres péripéties, l’Europe dispose dorénavant d’un nombre suffisant de satellites Galileo pour couvrir le monde entier. Le système européen Galiléo, concurrent du GPS a donc été mis en service de manière expérimentale en décembre 2016.

Pour les équipes de l’Agence spatiale européenne (ESA) qui chapeautent le programme, le bout d’un long tunnel est enfin en vue. Mais le monde a-t-il encore besoin d’un nouveau système de géolocalisation ? Le paysage a beaucoup changé depuis 1999, lorsque le GPS américain n’était opérationnel que depuis cinq ans et que le concurrent russe « Glonass » était à la dérive après l’effondrement de l’Union soviétique. Moscou a depuis lors réussi à redresser la situation. De son côté, la Chine a déployé son alternative, baptisée « Beidou ». Le GPS est aujourd’hui un élément essentiel de géolocalisation pour un grand nombre d’utilisateurs de smartphone.

L’Europe, pour des raisons stratégiques, doit pouvoir offrir son propre système de géolocalisation. Difficile en effet pour l’Europe de prétendre jouer un rôle de premier plan technologique et dans l’espace s’il passe à côté de la géolocalisation. A l’avenir, le système de positionnement par satellite est devenu essentiel dans un nombre toujours plus vaste de domaines, du monde militaire à celui des transports.

L’enjeu est particulièrement sensible sur le terrain de la Défense. Actuellement, les armées européennes dépendent du GPS américain, qui est sous contrôle des militaires de l’US Army. Pour les spécialistes : « C’est une question d’autonomie; si vous n’êtes pas capable de générer un signal de positionnement dont vous avez la clé, vous êtes en position d’infériorité« . Cette recherche d’une souveraineté dans le domaine de la géolocalisation n’est pas qu’une affaire de principe. N’oublions pas que durant la guerre du Kosovo [1998-1999], les États-Unis avaient brouillé le signal GPS, ce qui rendait les armées européennes aveugles et sans repères, et ce en plein cœur de l’Europe.

L’avènement prochain de Galileo va donc changer la donne pour les armées européennes et les sortir de leur dépendance envers la technologie américaine. Pour les utilisateurs civils ou militaires, l’avantage de la solution européenne est de proposer une véritable alternative d’autant que celle-ci permet une beaucoup plus grande précision. Galiléo est en effet plus précis que le GPS avec un positionnement à 5 mètres près (dans sa version gratuite) et même 1 mètre, via son option payante, contre seulement 10 mètres pour le GPS.

Une différence qui l’emportera notamment pour les corps de métier qui vont avoir besoin de la plus grande précision possible. « Dans des domaines comme le transport, le BTP ou encore dans la prospection du pétrole et pour le travail des services de secours, cela peut jouer un rôle crucial« . Le piéton ou l’automobiliste ne verra pas forcément la différence sur son smartphone. Néanmoins, les avantages de Galileo sur le GPS ne s’arrêtent pas à la précision. Selon les ingénieurs : »Le signal est aussi plus robuste« . Par ailleurs, la version européenne du GPS fonctionnera mieux en milieu urbain où la densité de population et des constructions perturbent parfois la réception du signal GPS.

Enfin, le projet Galileo repose sur une philosophie différente qui, à terme, peut jouer en sa faveur. Il est en effet le seul système de position qui sera géré par un organisme civil, l’Agence européenne de navigation par satellite (GSA). Le GPS, Glonass ou Beidou sont tous entre les mains des militaires. Galiléo présente donc un avantage non négligeable de garantie de transparence par rapport à ses concurrents.

Au final, le grand public n’aura probablement pas à choisir. Actuellement déjà, peu de férus de smartphone savent que leur téléphone combine souvent à la fois une puce GPS avec celle de Glonass. Galileo peut très bien venir ajouter son grain de géolocalisation au smartphone sans avoir à mettre le GPS hors-jeu.

Cohabitation ou concurrence féroce ? Le prochain enjeu de la bataille de la géolocalisation va connaître une phase de « négociations et d’accords entre États et avec les opérateurs » pour savoir comment faire une place au système européen de positionnement par satellite.

L’Europe avance, lentement mais sûrement, vers son indépendance.

Plus d’infos : Galileo by ESA


Les enseignements des récents votes sur le Brexit et Trump

13 novembre 2016

Le 09 novembre 2016 marquera, à n’en pas douter, une date importante pour le monde occidental. Donald Trump, le milliardaire populiste candidat du parti Républicain, sans aucune expérience politique, a fini par emporter haut la main l’élection présidentielle américaine face à la candidate démocrate Hillary Clinton, en déjouant tous les pronostics.

Outre la présidence, le parti Républicain emporte également la majorité du Sénat et de la Chambre des Représentant ; ce qui donnera les pleins pouvoirs à Donald Trump.

En début de la campagne, Donald Trump était considéré comme un candidat marginal n’ayant aucune chance de pouvoir représenter les Républicains, et à plus forte raison d’emporter la présidentielle. Un outsider sans envergure. D’ailleurs les médias américains ne le prenaient pas au sérieux et mettaient en avant ces frasques et attaques grossières contre ses adversaires, lui réservant souvent leur une, avant de changer d’avis et de faire ouvertement campagne contre lui. De son côté, le président Barak Obama et son épouse, ont mené ces dernières semaines une campagne très active en faveur d’Hillary Clinton.

A la veille du scrutin, les organismes de sondages donnaient encore quelques points d’avance à Mme Clinton. Pourtant, au terme d’une campagne électorale au vitriol qui a profondément divisé le pays et stupéfié par ses outrances, coalisant contre lui le monde des médias, des grandes entreprises et plus généralement des élites du pays, à la surprise générale l’extravagant Donald Trump a fini par s’imposer sur le fil. Les propositions du milliardaire en matière de politique étrangère et d’économie suscitent une certaine inquiétude tant au plan national qu’international, et en Europe en particulier.

Les raisons de l’élection de Donald Trump

Elles résultent d’un ensemble de faits, qui mis bout à bout, ont contribué à faire de lui le candidat de l’alternative au système politique en place.

  • Au final, pour beaucoup d’américains modestes, Barak Obama n’a pas été à la hauteur de l’espoir qu’il avait suscité lors de son élection,
  • La candidature de la démocrate Hillary Clinton, s’est révélée inappropriée car peu appréciée des américains. Avec son mari Bill Clinton, elle domine la vie politique américaine depuis plus de 25 ans et doit sa longévité à une forte ambition personnelle et sa grande proximité avec le monde des grandes entreprises et des médias américains ; ce qui faisait d’elle une candidate trop éloignée des préoccupations du peuple,
  • Les Républicains n’ont pas été capables de présenter un candidat crédible qui puisse s’imposer rapidement dans la primaire, ce qui a favorisé l’émergence de Donald Trump,
  • Ce dernier, sans vergogne aucune, à coup de messages chocs et provocateurs a surfé sur la vague populiste et isolationniste que traverse le monde occidental, en profitant du mal être et du désespoir des classes les plus modestes, en apparaissant comme étant le seul à les écouter et à se démarquer de la classe politique traditionnelle,
  • Trump s’est présenté comme le champion des masses populaires ignorées par les divers gouvernements de Washington. Pour cela, il a promis monts et merveilles à l’électorat blanc délaissé des grandes banlieues et des campagnes américaines qui a été fortement impacté par la mondialisation de l’économie et la fermeture de nombreuses usines du fait des délocalisations,
  • Enfin, l’immigration massive notamment en provenance du Mexique, venue occuper les postes délaissés par les américains et répondre aux offres des entreprises attirées par une main d’œuvre à bas coûts pour faire face à la concurrence mondiale, a donné l’impression à certains américains d’être laissés pour compte et ignorés de leur propre gouvernement.

C’est cet ensemble d’éléments qui a contribué à l’élection de Donald Trump, candidat antisystème, lui le milliardaire qui traîne pourtant un passé sulfureux et a trempé dans de nombreuses affaires pour le moins suspectes. Plusieurs procédures judiciaires sont d’ailleurs actuellement en cours contre lui.

Cela ne l’a pas empêché de séduire un électorat, majoritairement blanc, de voter pour lui malgré ses nombreux excès de langages et ses propos misogynes et sexistes. Manifestement son électorat n’avait que faire de la personnalité du candidat ; ce qui lui importait avant tout c’était d’élire un candidat qui s’intéressait à eux et entendait s’attaquer à l’establishment politique en place à Washington.

Au vu des promesses irréalistes et pour le moins fantaisistes, cet électorat risque pourtant de déchanter très vite car il ne fait aucun doute que nombre d’entre-elles ne pourront être tenues. D’autant plus que le développement économique et la croissance imposent le respect d’un certain nombre de règles au niveau du commerce mondial qui limitent les marges de manœuvres des états réalisant un part importante de leur activité à l’international. Impossible en 2016, même pour les USA, de vivre repliés sur soi !

Le plus grand danger de ce vote, ce n’est pas la victoire de Donald Trump qui ne pourra que rentrer rapidement dans le rang, mais les raisons qui ont conduit les électeurs américains à le porter au pouvoir.

Quelles incidences en France et en Europe ?

Après le vote des britanniques en faveur du Brexit en juin 2016, ce vote américain vient confirmer la montée du populiste et de la peur de l’avenir dans les pays occidentaux. Ce qui n’est guère rassurant ! Les britanniques avaient privilégié le repli sur soi, soutenu par les formations antisystème proches de l’extrême droite qui, pour mieux convaincre, n’avaient pas hésité à tromper les compatriotes face aux partisans de l’Europe. Ici aussi, on va voir qu’au fil des mois, le choix des électeurs favorables au Brexit va se traduire par de nombreux effets négatifs sur l’économie britannique, et par voie de conséquence, par des mesures désastreuses au niveau de l’emploi et plus généralement de la situation des personnes les plus fragiles.

On peut également craindre le pire au vu du programme de Trump et de l’absence d’expérience de son équipe. Dans un monde globalisé où les pays sont largement interdépendants, l’isolationnisme et le repli sur soi sont aux antipodes du développement économique, de la croissance et de l’emploi. Ils conduisent obligatoirement à la récession et au chaos !

En France, le Front National s’est félicité du Brexit, comme de la victoire de Donald Trump aux USA, laissant entendre que cette évolution serait de nature à lui laisser espérer une victoire prochaine. On peut toujours rêver même s’il est probable que les intentions de vote en faveur de l’extrême droite sont probablement supérieures à ce que laissent apparaître les sondages.

S’il y a effectivement certaines similitudes, la situation avec les USA reste sensiblement différente. Si en France l’élection d’un candidat de la droite républicaine à l’élection présidentielle de mai 2017 paraît aujourd’hui probable, rien n’est acquis. Encore faudra-t-il que ce candidat n’apparaisse pas comme le représentant d’un système politique à bout de souffle, porté par quelques groupes bien-pensants, soutenus par les médias. Sans pour autant faire nécessairement appel à des personnalités totalement nouvelles, la France comme les autres pays occidentaux, a besoin d’une nouvelle politique en adéquation avec ce qu’attendent la majorité des citoyens, à commencer par les plus exposés à la mondialisation.

La droite, puisque c’est elle qui est attendue, sans tomber dans des promesses irréalistes, se doit de répondre à l’attente de changement des français, sans céder à la démagogie. Cela passe par une réelle prise en compte des problèmes de chômage qui rongent notre société, par la lutte contre l’insécurité et le terrorisme qui frappent notre pays, par le contrôle de l’immigration avec expulsion immédiate des personnes en situation irrégulière et une plus grande solidarité à l’égard des français qui sont aujourd’hui dans la précarité. Enfin, cela passe aussi par l’aide sociale qui doit être simplifiée et faire l’objet de véritable contrôle afin d’en limiter les abus.

Cela implique que le prochain gouvernement soit exclusivement au service des français et non d’intérêts personnels ou partisans, composé de femmes et d’hommes dévoués et compétents. L’Etat et les futurs responsables des administrations devront être exemplaires sur ces points et jugés sur leurs résultats. Il faudra tenir les engagements pris devant les électeurs et engager la majorité des réformes dans les 100 premiers jours.

De son côté, l’Union européenne doit retrouver un fonctionnement plus démocratique en se réformant et étant plus proche et au service de ses concitoyens. Il est aujourd’hui temps pour l’Europe de passer à la vitesse supérieure, car n’en déplaise aux extrêmes et autres nationalistes de tous poils, seule l’Union européenne a la taille et les moyens de faire face à la mondialisation et de préserver nos acquis.

Face aux défis de la mondialisation des échanges et de l’immigration massive, les démocraties occidentales doivent revoir leur gouvernance en profondeur et rester à l’écoute des préoccupations de leurs concitoyens, sous peine de voir les forces extrémistes l’emporter et conduire nos pays vers une grave crise mondiale comme ce fût le cas lors de la grande dépression des années 1920 à 1920.

A cet égard, l’élection de Trump, comme le Brexit, sont un signal d’alarme qui doit inciter l’Europe et la France à en tirer les conséquences politiques qui s’imposent, sans céder à l’isolationnisme.


Comment le salafisme cherche à s’imposer dans le monde musulman, mais aussi en Occident

11 avril 2016

Le Premier ministre Manuel Valls affirmait lundi 4 avril dernier que des groupes salafistes « sont en train de gagner la bataille idéologique et culturelle » face à un islam de France modéré. Il a d’ailleurs tenu un discours très ferme concernant le port du foulard islamique : « Ce que représente le voile pour les femmes, non ce n’est pas un phénomène de mode, non, ce n’est pas une couleur qu’on porte, non : c’est un asservissement de la femme », avant d’ajouter : « Il faut faire la distinction entre ce qu’est un voile, un fichu porté par les femmes âgées, et la revendication d’un signe politique qui vient confronter la société française ».

On peut se demander pourquoi ces dernières années, l’Etat et plus généralement la gauche française, les partisans de la laïcité et les médias ont fait preuve d’autant de complaisance à l’égard de quelques poignées d’extrémistes musulmans qui menacent aujourd’hui nos valeurs et nos libertés.

Jadis marginal, le salafisme apparaît en expansion en Europe et alimente directement les organisations terroristes telle Daech. Il prétend aujourd’hui incarner l’orthodoxie musulmane la plus stricte et la plus rétrograde, niant au passage les préceptes même de l’islam véritable. A vrai dire, il ne représente qu’une minorité agissante des musulmans en Europe. La guerre interne qui se déroule au cœur même de la religion musulmane, a été importée dans notre vieille Europe chrétienne.

Selon M Valls : « Les salafistes doivent représenter 1 % aujourd’hui des musulmans dans notre pays, mais avec leurs messages sur les réseaux sociaux, il n’y a qu’eux finalement qu’on entend ». On pourrait ajouter avec la complicité de certains médias ! Financé par le royaume saoudien, la plus grande dictature du Moyen-Orient, le salafisme wahhabite reste difficilement quantifiable. Selon les services de renseignements intérieur, les mosquées salafistes seraient actuellement au nombre de 140 en France, sur un total de 2 500. A cela, il faut ajouter des écoles hors contrat, mais aussi des instituts privés d’enseignement de l’arabe, des associations scolaires ou sportives.

Les origines du salafisme et du djihadisme

Le salafisme n’est autre qu’un dérivé du wahhabisme qui revêt aujourd’hui diverses formes comme de djihadisme. Ces deux idéologies radicales se résument à quelques régles de vie d’un autre âge, totalement étrangères au monde civilisé. Les diverses versions du salafisme ont en commun un discours de rupture pour le moins radical et violent, sans rapport aucun avec les préceptes fondamentaux de l’islam. Selon les propos de Gilles Képel : « Pour les salafistes, les chrétiens font partie des cibles légitimes… »

Financés par les pétros-dollars de l’Arabie-Saoudite, le wahhabisme a progressivement changé la donne au sein du monde musulman sunnite. Par Pendant longtemps, le salafisme a été considéré comme une hérésie par les diverses instances sunnites. Aujourd’hui, le salafisme cherche à s’imposer comme le seul tenant de l’orthodoxie musulmane, même si la grande majorité des sunnites n’y adhèrent pas.

Le principal frein à l’expansion du salafisme reste la faiblesse des réponses des tenants d’un islam modéré. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris et président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM), reconnaît que les salafistes ne représentent en France qu’un cercle de fidèles « restreint et étroit », tout en déplorant une présence « publique, médiatique et même politique » démesurée et en dénonçant leur prétention à « agir au nom des musulmans ». Et de lâcher quelque peu désabusé : « Nous faisons ce que nous pouvons pour prévenir le danger ».

Face à ces groupuscules djihadistes qui prétendent être des vrais sunnites, force est de constater que les institutions islamiques apparaissent aujourd’hui dépassées. Empêtrés dans leurs contradictions, il ne suffit pas d’affirmer représenter le seul et véritable islam pour neutraliser les salafistes. Les autorités musulmanes doivent être capables de répondre aux nombreuses questions que posent aujourd’hui la modernité pour le monde musulman, surtout pour celles et ceux qui vivent dans les pays occidentaux où la modernité est un véritable mode de vie.

L’Occident doit rompre avec les nations qui financent le salafisme radical

Heureusement, tous les groupes salafistes ne sont pas des radicaux assoiffés de sang. Après les attentats du 13 novembre dernier, des prédicateurs de plusieurs mosquées de Marseille et Toulouse ont condamné fermement ces actes abominables au nom de l’islam. A l’inverse, du côté de Sevran (93) et Lunel (34) où certains groupes salafistes radicaux sont très influents, il y a eu de nombreux départs de jeunes vers la Syrie.

Depuis plus de 15 ans, la quasi-totalité des attentats à travers le monde sont directement imputables à des groupes de radicaux salafistes pour qui ceux qui ne partagent pas leur vision du monde, y compris au cœur de l’Occident judéo-chrétiens, doivent purement et simplement être anéantis. Ce fût le cas des attentats du 11 septembre 2001 à New-York perpétrés par l’organisation salafiste de Ben Laden, qui constitue l’une des grandes familles princières parmi les plus riches d’Arabie Saoudite. Cela n’a pas empêché nos alliés américains de continuer à entretenir des relations étroites avec ce pays si peu démocratique qui est pourtant le principal pourvoyeur de terrorisme à travers le monde. L’Europe est tout aussi faible avec ce pays.

Après les attentats en 2015 à Paris et en 2016 à Bruxelles, la France et l’Europe continuent de fermer coupablement les yeux face à l’activisme de l’Arabie Saoudite dans son soutien aux groupes salafistes. Les intérêts économiques et financiers l’emportent hélas sur le respect des droits de l’homme et nos chères valeurs démocratiques.

Pourquoi nos démocraties occidentales font preuve d’autant de faiblesse et de complaisance à l’égard de ces pays qui importent le terrorisme au cœur de nos cités ? Il ne suffit pas de pleurer sur les victimes innocentes des attentats perpétrés par ces djihadistes, il faut agir et combattre avec détermination nos véritables ennemis.