France : un plan de rigueur pour réduire les déficits publics

26 août 2011

Face à une chute prévisible de la croissance estimée à 2.25% du PIB lors de l’adoption du budget de l’année 2011, le gouvernement français se devait de prendre des mesures énergiques pour contenir les déficits publics de à 5.70% du PIB, comme il s’y est engagé, au même titre que l’ensemble des pays de la zone euro. Le consensus des organismes de prévision table aujourd’hui sur une croissance de l’ordre de 1.60 à 1.80% seulement.

Rappelons que parmi les engagements pris par la France pour réduire sa dette, figure celui de retrouver d’ici 2013 un niveau de déficits publics inférieur à 3% du PIB. Pour y parvenir, le déficit ne doit pas dépasser 5.70% du PIB en 2011 et 4.60% en 2012. Pour respecter ses engagements et être en mesure de contenir ses déficits publics à moyen terme, le gouvernement français n’avait d’autre choix que d’ajuster le budget en rapport avec les prévisions actuelles. Le gouvernement avait le choix entre augmenter les impôts et taxes et réduire drastiquement certaines dépenses ou les deux à la fois.

Le 24 août dernier, le Premier ministre François Fillon est donc passé à la manœuvre et a annoncé un certain nombre de mesures concernant à la fois les recettes et diverses économies, à hauteur de 1 milliard d’euros pour 2011 et 11 milliards d’euros pour 2012. Cet ensemble de mesures, basé sur une croissance de 1.75% en 2011 et 2012, concerne principalement une augmentation des impôts ou taxes.

En voici les principales :

  • Limitation des reports des déficits des entreprises. Concrètement, le report des pertes sur un exercice passé sera limité à la seule année antérieure (au lieu de 3 précédemment) ; l’excédent non imputé, sera reporté en avant. Les déficits imputables sur les exercices futurs seront plafonnés à 60% du bénéfice contre 100% actuellement. Ce dispositif s’inspire de ce qui se pratique en matière d’impôt sur les sociétés en Allemagne et s’inscrit dans le cadre de l’harmonisation de cet impôt entre les deux pays, annoncé récemment par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel (rapport : 1.5 milliards d’euros en 2012),
  • Majoration des plus-values immobilières afférentes aux résidences secondaires. Les plus-values seront revues à la hausse du fait de la suppression de l’abattement forfaitaire de 10% par année de détention au-delà de la cinquième année. Seule l’inflation sera prise en compte pour son taux réel (rapport : 2.2 milliards d’euros en 2012)
  • Augmentation des contributions sociales de 1.2% (CSG, CRDS, prélèvement social, contribution de solidarité…) afférentes aux revenus du capital qui passeront à 13.50% (rapport : 1.3 milliards d’euros en 2012),
  • Augmentation des taxes spécifiques dues par les complémentaires santé de 2 à 3.5 points selon le type de contrat (rapport : 1.1 milliards d’euros en 2012),
  • Elargissement de l’assiette de la CSG par la suppression de réductions ou de dérogation (rapport : 0.800 milliards d’euros en 2012),
  • Renchérissement pour les employeurs des heures supplémentaires par la remise en cause de certains allègements de charges (rapport : 0.600 milliards d’euros en 2012)
  • Augmentation des prix du tabac de 6% (rapport 0.400 milliards d’euros)

S’agissant de l’instauration d’une contribution exceptionnelle de 3% sur les très hauts revenus du travail et du capital supérieurs à 500 000 euros, elle ne devrait rapporter que 200 millions d’euros, autant dire une goutte d’eau. Compte-tenu du relativement faible niveau d’imposition des hauts revenus en France et de l’écart croissant entre les hauts revenus et les bas salaires, on était en droit d’attendre la mise en place d’une contribution plus large et d’un meilleur rapport comme le souhaitaient de nombreux parlementaires de la majorité au Parlement.

Le reproche que l’on peut faire à ces mesures (c’est toujours plus facile de critiquer), outre leur nombre important dont certaines de portée modeste par leur rapport, c’est qu’elles ne s’attaquent pas à la réduction des dépenses publiques structurelles  qui pénalisent lourdement notre pays. Ces dernières sont en moyenne de 8 à 10 points plus élevées que les grands pays européens, et notamment de l’Allemagne qui reste pourtant un pays fort bien administré qui fait référence en Europe. Il semble cependant des mesures en ce sens devraient être envisagées ultérieurement.

Manifestement, dans un contexte économique difficile pour de nombreux français aux revenus modestes mais aussi très probablement, en raison de la proximité de l’élection présidentielle (elles auront lieu dans moins de  8 mois),  le gouvernement n’a pas voulu couper dans les dépenses et a préféré jouer la prudence, n’en déplaise à l’opposition. Peut-être aussi n’a-t-il pas voulu aggraver les effets de la crise sur les français et grever un peu plus la croissance, en choisissant de faire porter l’essentiel des augmentations d’impôts et taxes sur les grandes entreprises et les contribuables les plus aisées.

Reconnaissons que la marge de manœuvre offerte au gouvernement était extrêmement étroite. Espérons que ces mesures suffiront à contenir nos déficits dans les fourchettes prévues pour 2011 et 2012. Pour les réformes de fond visant à réduire drastiquement les dépenses publiques en France, il faudra attendre que l’élection présidentielle soit passée. En effet, quel que soit le vainqueur, le pays ne pourra échapper à une politique de réduction des dépenses. La prochaine campagne présidentielle ne pourra éluder cette question cruciale pour notre pays.


DSK : la procédure pénale aux USA est close mais l’affaire n’est pas terminée pour autant

24 août 2011

Depuis le 14 mai dernier, ce que l’on appelle « l’affaire DSK » a régulièrement fait la une, durant plusieurs semaines, des principaux médias français et américains.

Rarement une affaire judiciaire avait fait autant de bruit. Des grands tabloïds comme le New-York Post aux très sérieux New-York Times ou Washington Post, sans oublier les grandes chaines TV d’information en continue, le feuilleton DSK a fait le bonheur de nombreux journaux et magazines. La télévision a déployé des moyens considérables avec de longs directs depuis New-York pour entretenir le suspense sur une affaire qui ne méritait probablement que quelques secondes en fin de JT.

Il faut dire que la personnalité de Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du FMI (Fond monétaire international) et sa mise en cause dans une affaire de présumé viol, au détriment d’une modeste femme de ménage d’origine africaine de l’Hôtel Sofitel de New-York avait tout pour tenir le public en haleine. Eh oui, que ne ferait-on pas pour faire entretenir l’audience ! Que n’a-t-on pas entendu ici et là de la part de journalistes prétendument professionnels ? Tout y est passé et rares ont été les journaux ou chaînes de télévision ne sont pas tombés dans ce travers bien affligeant du misérabilisme et du voyeurisme.

On nous a raconté tout et n’importe quoi dans cette prétendue affaire, jusqu’à laisser entendre qu’il s’agissait ni plus ni moins d’une manipulation politique de la méchante droite qui avait pour but de discréditer et éliminer DSK de la course à la présidence de la République française. Avec le recul, c’est vrai que la campagne socialiste s’annonce bien terne et bien éloignée de l’image de rigueur et de compétence de DSK. Une chance pour Nicolas Sarkozy qui n’en demandait pas tant ?

Si pour certains la justice américaine s’est avérée brutale et quelque peu expéditive dans l’inculpation de DSK (on se rappelle les propos accusateurs et déterminée de Cyrus Vance, le procureur de l’Etat de New-York), c’est oublier qu’elle fonctionne selon le système accusatoire (contrairement à la justice française qui est sensée instruire à charge et à décharge). Les français ont cependant pu apprécier l’extrême rapidité et efficacité de la justice d’outre Atlantique. En contrepartie, ici plus qu’en France, pour assurer sa défense, mieux vaut avoir les moyens de se payer de bons avocats. Après un peu plus de 3 mois d’enquêtes et d’auditions, la justice américaine a finalement considéré que les accusations portées par la plaignante contre DSK n’étaient pas suffisamment établies et que de trop nombreux mensonges et contradictions étaient venus fragiliser l’accusation.

Conformément à la demande du procureur Cyrus Vance, le juge Michael Obus en charge du dossier a abandonné purement et simplement l’ensemble des charges pesant contre DSK. Ce non lieu résulte de l’impossibilité pour la justice américaine d’établir la réalité des faits reprochés en raison du manque de crédibilité de la présumée victime. A défaut d’être en mesure d’emporter la conviction de la culpabilité de DSK devant le jury, où l’unanimité des 12 membres est requise, la justice américaine a préféré ne pas aller au procès pénal. D’où la libération de DSK.

Cette décision ne constitue toutefois pas une reconnaissance de l’innocence de DSK dans cette affaire, comme l’ont trop souvent laissé entendre certains de ses amis politiques. Loin de là. Si DSK sort finalement libre de cette épreuve, c’est aussi parce qu’il a eu les meilleurs avocats et que sa défense a été très bien assurée. Heureusement pour lui, il avait les moyens de les régler. Benjamin Brafman est en effet considéré comme l’un des ténors du barreau de New-York ; il avait obtenu l’acquittement de Michaël Jackson lors de son procès en 2004. Son autre avocat, William Taylor, est l’un des dix meilleurs pénalistes américain. La présence de ces deux avocats rendait d’autant plus difficile la mise en accusation de DSK, fort bien conseillé, alors que la partie adverse a commis de nombreuses erreurs et maladresses, rendant l’accusation difficilement tenable.

Si cette décision clos définitivement le dossier pénal de DSK aux USA, rappelons qu’une plainte est actuellement en cours d’instruction en France à son encontre, à l’initiative de Tristane Banon. Par ailleurs, un procès aura bien lieu aux USA, mais au plan civil, puisque la présumée victime a engagé une procédure en ce sens en vue d’obtenir un dédommagement financier pour les préjudices subis ; à moins qu’un accord financier n’intervienne entre les parties au cours de cette procédure civile. Mais ne serait-ce pas, dans ce cas, un aveu de culpabilité ?

Si DSK est dorénavant libre et va pouvoir retrouver une vie normale dans son propre pays, le dossier est loin d’être clos même s’il est peu probable que l’on connaisse un jour la réalité des faits.

Au final, cette triste affaire laisse une impression de gâchis considérable pour les parties en présence. Nul doute que DSK va rester durablement marqué par cette affaire et qu’il n’est pas prêt de revenir au premier plan de la scène politique nationale après une telle épreuve. Compte tenu de ses compétences reconnues d’économiste, au vu de l’ampleur de la crise financière européenne actuelle, gageons qu’il parviendra d’une manière ou d’une autre, à mettre son expérience au service de son pays et de l’Europe en général.


France : la fin des forfaits « internet illimité » n’est pas pour demain

22 août 2011

Ces derniers jours, divers médias se sont l’écho d’un article publié par le site Owni, annonçant la possible fin de l’internet illimité. Au vu d’un récent document de travail émanant de la Fédération française des télécoms qui regroupe une quinzaine d’opérateurs téléphoniques dont France-Télécom/Orange, SFR et Bouygues-Télécom, Owni affirme que ces derniers s’apprêtent à mettre fin aux forfaits internet illimités.

On se rappelle qu’en début d’année 2011, ces mêmes fournisseurs d’accès à internet, y compris Free, avaient sensiblement augmenté leurs forfaits ADSL triple-play qui étaient restés bloqués durant de longues années autour de 30 €/TTC par mois. Cette augmentation de généralement 2 € à 3 € par mois (parfois plus de 9 euros, comme chez Free, pour disposer de la FreeBox Révolution), avait pour objet d’ajuster le prix aux services rendus. Compte-tenu de ces augmentations, les forfaits ADSL illimités « triple play » proposés par les FAI varient aujourd’hui de 31.90 € au minimum à 38.90 € TTC par mois.

Il y avait donc tout lieu de croire que les choses en resteraient là quelques années. La majorité des abonnés payants pour les excès de quelques très gros consommateurs de bande passante qui ont tendance à saturer les réseaux internet des FAI.

Les opérateurs internet doivent effectivement faire face, d’une part, à une saturation croissante de leur réseau qu’ils doivent sans cesse renforcer, et d’autre part, à une tendance des opérateurs mobiles (souvent les mêmes) à délester leur réseau mobile 3G au bord de l’asphyxie au profit du Wifi. A ce rythme, les réseaux téléphoniques classiques risquent effectivement la saturation à moyen terme. Il n’est donc pas surprenant que des échanges entre les professionnels du secteur des télécoms aient lieu afin de trouver des alternatives techniques et économiques à ces difficultés.

Que dit exactement le document de travail résultant des travaux de la Fédération française des télécoms ? Il suggère, entre autre, l’instauration de nouveaux forfaits comportant un « débit IP maximum » et  un « plafond de consommation ». L’organisme professionnel propose ainsi un découpage « par gamme » des différentes offres pour l’Internet fixe que pourraient mettre en place ses membres. Yves Le Mouël, directeur général a déclaré au journal Le Monde : « Il s’agit d’un document de travail, qui n’est pas encore bouclé, et qui réfléchit à la façon de présenter les offres des différents opérateurs de manière transparente. Comme certains d’entre eux réfléchissent à mettre en place des offres limitées, elles apparaissent. Mais il n’y a pas de consensus entre opérateurs… »

En d’autres termes, il s’agit là d’hypothèses de travail mais non d’une tendance générale visant à mettre un terme aux forfaits internet illimités classiques. Face aux abus d’une minorité d’internautes très gros consommateurs d’internet, il n’est un secret pour personne que certains opérateurs, tels Orange, cherchent à instaurer des seuils pour certains forfaits illimités. En effet, si de telles pratiques devaient se développer, cela mettrait à mal le réseau internet français au détriment de l’immense majorité des internautes. Pourquoi la majorité d’entre aux qui consomment habituellement moins de 200 Mbits, devraient aussi payer pour ceux qui dépassent régulièrement les 2 000 Mbits et supporter, par là même, les ralentissements du réseau à certaines heures du fait de gens qui font un usage intensif et pour le moins abusif de leur connexion illimitée ?

Pour faire face à ces abus, les opérateurs/FAI paraissent s’orienter vers une plus grande segmentation des forfaits, plus en rapport avec l’usage qui en est fait par l’abonné. En d’autres termes, il est probable qu’à l’avenir, les forfaits illimités soient effectivement plafonnés en consommation, mais à un niveau tel qu’il ne générera aucune gène ou surcoût pour 98% des internautes qui font une consommation raisonnée de leur connexion. Par contre, pour les très gros consommateurs intensifs et habituels, le tarif sera probablement ajusté et revu à la hausse. Après tout, il n’y a là rien de choquant, bien au contraire. Pourquoi l’immense majorité des internautes devraient payer pour une poignée d’irréductibles qui passent leur temps sur internet ?

Eric Besson, le ministre de l’Industrie a aussitôt réagi en excluant la remise en cause de l’illimité. Il a rappelé que « le gouvernement travaille à encadrer l’utilisation du terme « illimité » par les opérateurs, afin de protéger les consommateurs contre certains abus ». De leur côté, les opérateurs SFR et Bouygues-Télécom ont fermement démenti envisager la remise en cause des forfaits internet illimités. Fausse alerte donc !

Une fois de plus, il n’y a là que du buzz et encore du buzz de la part de certains médias en mal d’information pour capter les lecteurs-consommateurs passablement inquiets par les temps qui courent. Circulez, il n’y a rien de bien nouveau du côté de l’internet illimité en France !


Bretagne : la dangerosité des algues vertes confirme les risques sanitaires liés à l’agriculture française

16 août 2011

Selon les résultats des analyses officielles, rendues publiques  à la suite de la mort de 36 sangliers dans l’estuaire du Gouessant (Côtes-d’Armor), l’implication de l’hydrogène sulfuré émis par les algues vertes en putréfaction serait clairement établie.

Les algues vertes, une fois échouées sur les côtes, sous l’effet de la chaleur, entrent en putréfaction. Outre les nuisances liées à leur présence, notamment au plan touristique pour les plages ouvertes à la baignade, elles produisent des gaz toxiques dont l’hydrogène sulfuré (H2S) qui peut être mortel en quelques secondes, en fonction de la dose inhalée. En effet, au lieu de s’évaporer, le gaz peut être piégé par endroit et libéré soudainement, présentant alors un risque mortel pour ceux qui se trouvent à proximité. Ce risque est particulièrement grave pour les enfants qui sont les plus exposés, de par leur petite taille, à inhaler le gaz échappé.

Les toutes dernières analyses révèleraient la présence de 2,45 mg/kg de H2S, soit plus du double du taux relevé chez un cheval, mort en 2009 dans le même contexte. En juillet de la même année, un homme avait également trouvé la mort après avoir transporté des algues en décomposition. C’est à la suite de ces évènements que l’Etat et les collectivités ont mis en place un plan prévoyant le ramassage systématique des algues et la réduction, à terme, des rejets azotés qui favorisent la prolifération des marées vertes.

Il ne fait donc plus aucun doute que les algues vertes  sont responsables de la mort des 36 sangliers sur les plages bretonnes. Les analyses effectuées ont disculpé la présence de poisons et de cyanobactéries, tout en révélant un taux record d’hydrogène sulfuré (H2S). Le magazine Le Nouvel Observateur, repris par Sciences et Avenir, rapportait les conclusions de la préfecture des Côtes-d’Armor : « En l’état actuel des données, les seuls résultats significatifs portent sur le H2S ».

« Il y a un changement de ton, on a l’impression que l’on sort de la politique du camouflage. Aujourd’hui, la préfecture reconnaît clairement la responsabilité de l’hydrogène sulfuré et des algues vertes. De ce point de vue le dossier est clos », a reconnu de son côté le docteur Claude Lesné, ancien chercheur au CNRS, spécialiste de la toxicité des polluants aériens.  Enfin, Gilles Huet, délégué général de l’association Eau et rivières de Bretagne a déclaré à l’AFP  que les conclusions étaient claires et mettaient très clairement en cause la responsabilité de l’hydrogène sulfuré et des algues vertes. Il a appelé le gouvernement à revenir sur son « projet d’assouplissement des règles d’épandage », et demandé à ce que « l’Etat et les collectivités locales à ferment toutes les plages où le ramassage ne peut être assuré ».

Au vu de ces résultats indiscutables, mardi 9 août, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie a déclaré : « La priorité dans ce contexte, c’est l’application des mesures de protection : aucune plage où les algues vertes ne peuvent être ramassées toutes les vingt-quatre heures ne doit être fréquentée ». En limitant le dépôt d’algues à vingt-quatre heures, Nathalie Kosciusko-Morizet a choisi l’échéance la plus stricte, puisque l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande, elle, un délai de vingt-quatre à quarante-huit heures.

Jusqu’à présent, si les écologistes et les scientifiques ne manquaient pas d’alerter les autorités sur les dangers de ces marées vertes et de possibles empoisonnements dû aux algues en décomposition ; de leur côté, les agriculteurs et le monde agricole dans son ensemble rejetaient cette hypothèse. Une réaction pour le moins étonnante lorsque l’on connaît le lien direct entre le lisier de porc, dont la Bretagne est championne, et la prolifération de ces algues vertes.

On pourrait aussi plus largement parler des effets désastreux d’une agriculture intensive et productiviste française, championne du monde pour l’utilisation des engrais et autres pesticides. On constate quotidiennement les effets désastreux de ces produits hautement nocifs sur la santé des populations vivant en zone rurale mais aussi des consommateurs en général. Même si elles ne plaisent pas au monde agricole, les études scientifiques établissent un lien direct avec certains produits utilisés dans l’agriculture. Que dire de la mauvaise qualité des rivières françaises et de nombreuses nappes  phréatiques devenues totalement impropres à la consommation, et pas qu’en Bretagne. Toutes les régions agricoles françaises sont touchées.

Il suffit de regarder l’état désastreux de certains cours d’eau aveyronnais, le Dourdou par exemple entre Bozouls et Grand-Vabres, pour mesurer l’importance des dégâts liés à l’agriculture alors même que les villes et villages traversés sont équipés de stations d’épuration depuis de longues années. En France, notre agriculture est encore très loin d’être raisonnée ou biologique alors que certains pays en voie de développement sont très en avance sur ce point, car c’est l’avenir de l’agriculture. Pourquoi tant d’irresponsabilité de la part de l’agriculture française ?

La responsabilité de la majorité de la filière agricole française est ici pleine et entière. Il faut le crier haut et fort, même si cela ne plaît pas à certains. Il y va de la santé et de la sécurité sanitaire des français, mais aussi de l’avenir de notre agriculture.


Crise de la dette : l’heure est venue de construire une Europe fédérale…

10 août 2011

Ce mercredi 10 août, la dégringolade des principales places boursières européennes et mondiales a atteint les -5% pour Milan, Madrid, Paris et Francfort notamment. Cette nouvelle chute est principalement imputable aux banques et autres établissements financiers, qui ont connu une baisse souvent supérieure à -10%, notamment à l’idée que  la part de la dette grecque qu’elles risquent de devoir prendre en charge soit plus importante que prévue.

Une nervosité extrême des marchés et des investisseurs qui repose davantage sur de simples rumeurs ou des spéculations dignes du café du commerce. Il est vrai que la récente dégradation de la dette souveraine des Etats-Unis à AA+ par S&P a constitué un accélérateur. Et pourtant, les milieux bien informés n’ignoraient pas que cette dégradation était devenue inéluctable. La récente décision de la FED (Réserve Fédérale) de maintenir des taux d’intérêts très bas jusqu’en 2013, confirme au besoin les mauvaises perspectives de l’économie américaine pour les deux années à venir.

Il ne s’agissait en l’espèce que d’un simple ajustement par rapport à la réalité de la situation américaine aujourd’hui. Pour autant, il n’y a là rien d’exceptionnel pour peu que le gouvernement américain prenne le problème des déficits et de la dette à bras le corps.

De son côté, il faut bien reconnaître que la France a fait des efforts notables ces dernières années (réformes de l’Etat, mise en place de la RGPP, réforme du régime des retraites…) pour réduire ses coûts structurels trop élevés qui permettront, à moyen terme, de réduire sensiblement et durablement la dette du pays. C’est d’ailleurs ce qui justifie que la France puisse conserver sa note AAA, avec perspective stable, attribuée par les 3 principales agences de notation Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Rating. Elle est ainsi assurée de cette note tant que sa priorité restera la réduction des déficits.

Le gouvernement français semble décidé à profiter de cette alerte générale sur la dette mondiale pour aller de l’avant. En effet, peut-on croire que les décisions prises à ce jour sont suffisantes pour réduire la dette ? C’est la raison pour laquelle le président de la République a réuni ce mercredi 10 août, un conseil des Ministres restreint pour ajuster la politique de réduction des déficits publics, notamment au vu de la baisse de la croissance qui se dessine. Croissance ou pas, il est impératif que la France réduise ses déficits publics à 3% du PIB dés 2013. Reste à se donner les moyens de réussir en prenant les bonnes mesures : probablement une nouvelle réduction sensible des niches fiscales, voire une imposition supplémentaire pour les hauts salaires. La marge de manœuvre est cependant étroite car il faut veiller à ne pas pénaliser le peu de croissance prévue et, si possible, maintenir, le niveau d’aides sociales pour préserver les plus démunis.

Verdict fin août. Quelles que soient les décisions prises, elles impacteront directement la situation budgétaire de la France et de tous les français, au-delà, le crédit politique et les chances de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. Et si, au cœur de la plus grave crise financière qu’ait connu la planète depuis 1929, pour une fois, le courage politique était finalement au rendez-vous ?

S’agissant de l’Europe, et plus particulièrement des pays de la zone euro, les choses sont tout aussi claires. Les pays les plus touchés par la crise de la dette (l’Europe du sud pour l’essentiel) doivent prendre des mesures énergiques et concrètes pour contenir leurs déficits publics et améliorer la situation de leur dette.

Par ailleurs, les pays de la zone euros les plus vertueux, tels l’Allemagne, ne peuvent faire l’économie d’une aide massive aux pays les plus endettés, tels la Grèce. La solidarité européenne doit jouer à plein dans l’intérêt de l’ensemble des pays de la zone euros. Le seul moyen d’enrayer la crise actuelle de la dette en Europe, c’est de faire un nouveau pas vers l’intégration. En effet, la zone euro ne pourra subsister et se développer que si elle franchit une nouvelle étape politique majeure en instituant un véritable gouvernement européen, indépendant des Etats, et doté d’un budget propre. L’heure n’est plus à l’Europe des nations, et encore moins à un nationalisme dépassé et dangereux, mais à une Europe fédérale. C’est notre seule chance de sortir de la crise par le haut et de préserver nos idéaux communs.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel n’ont d’autres choix que d’œuvrer à la construction de cette Europe fédérale, qui seule, pourra assurer l’avenir de ses membres.


Dette publique : Standard & Poor’s a dégradé la note AAA des Etats-Unis

8 août 2011

Le 05 août 2011, pour la première fois de son histoire, la note AAA attribuée à la dette publique américaine a été dégradée par la principale agence mondiale de notation Standard & Poor’s. Elle a été ramenée à AA+ avec perspectives négatives. En d’autres termes, dans les prochains mois, en fonction de l’évolution de la situation américaine, l’agence se réserve la possibilité de baisser à nouveau celle-ci.

Cette brutale dégradation de la note de la principale puissance économique mondiale risque de jeter un froid sur l’économie américaine et mondiale. Compte tenu de l’interdépendance des économies, les effets risquent en effet d’être désastreux sur la consommation et la croissance de nombreux pays  européens à un moment où elle était déjà proche de zéro. D’autre part, de nombreux autres pays notés AAA, comme la France, le Royaume-Uni, le Japon…, ne risquent-ils pas de voir à leur tour leur note rétrogradée en AA+ ?

S’agissant des USA, depuis quelques mois déjà, la note AAA était été accompagnée d’une perspective négative, ce qui laissait prévoir une possible dégradation. Celle-ci s’explique d’une part, par les difficultés rencontrées par le gouvernement américain pour parvenir à un accord avec le Congrès en vue d’une augmentation de la dette et, d’autre part, par l’absence de véritable accord politique visant à une réduction durable des déficits américains. A cela, il faut ajouter des perspectives de croissance en berne pour les deux années à venir, et donc le risque d’une explosion de la dette. De ce point de vue, la décision de l’agence Standard & Poor’s n’est pas une véritable surprise et les autres agences de notations risquent de suivre dans les prochaines semaines.

Pour autant, même si cette dégradation ne va pas faciliter la réduction de la dette, nul ne conteste la solidité de l’économie américaine et sa capacité à rebondir, notamment si un véritable accord politique intervient dans les prochains mois, comme l’a souhaité le président Barak Obama. La plupart des pays occidentaux, à commencer par la France et le Japon, ont dit leur confiance dans l’économie américaine. Par contre, la Chine, via son agence officielle s’est inquiétée de cette dégradation en AA+ des Etats-Unis (le pays est le principal créancier américain et détient 1 100 milliards de dollars de dette) affirmant : « La Chine est dorénavant dans son droit d’exiger des Etats-Unis qu’ils affrontent le problème de leur dette structurelle et assurent la sécurité des actifs chinois en dollars ».

Qu’en est-il en Europe ? Peut-on craindre une dégradation des notes AAA attribuées aux grands pays ? Il ne fait aucun doute que si cela devait arriver, les économies européennes s’en trouveraient nécessairement affectées à un moment où la consommation des ménages et la croissance sont en retrait, à l’instar de la France. Concernant notre pays, les dernières réformes engagées par le gouvernement, notamment celle du régime des retraites ainsi qu’un certains nombre de réformes de structures, sont de nature à rassurer sur la volonté de la France à s’attaquer à ses déficits publics structurels et donc à la réduction de sa dette. Mais il est peu probable que cela suffise à calmer durablement les doutes sur la capacité de notre pays à résorber rapidement celle-ci, surtout à l’approche d’une élection majeure à la mi-2012.

Si la note AAA de la France est actuellement assortie d’une perspective stable, encore faut-il transformer l’essai et convaincre nos créanciers que la réduction des déficits publics et de la dette restent la priorité des priorités. Pour cela, notre pays va devoir donner de sérieux gages dans les mois à venir, d’autant que les perspectives de croissance à plus de 2% pour 2012 et 2013 semblent bel et bien s’envoler. Il va donc falloir rapidement prendre de nouvelles mesures pour contenir nos déficits à 5.7% du PIB en 2011, 4.6% en 2012 et 3% en 2013. La France sera jugée sur sa capacité à respecter les engagements pris.

La France ne fera pas l’économie d’inscrire dans sa constitution la règle d’or visant à limiter les déficits publics, comme l’on fait, ou sont en passe de le faire, de nombreux pays. Ce serait, à n’en pas douter,  un signe fort envoyé à nos créanciers, montrant notre détermination à s’engager durablement dans la lutte contre les déficits structurels qui gonflent la dette. Mieux encore, il serait opportun qu’en cette veille d’élection présidentielle, la droite et la gauche social-démocrate fassent cause commune dans cette bataille ô combien importante pour l’avenir de notre pays car il n’est pas acquis que les français puissent continuer à être épargnée par la crise, comme cela a été le cas ces dernières années car tout cela à un coût qu’il sera difficile de supporter indéfiniment.

Le monde et l’Europe en particulier, traversent une grave crise sans précédent dont personne ne peut aujourd’hui dire quand et comment nous allons en sortir. Dans ces circonstances particulièrement difficiles, un peu d’unité et de cohérence politique ne peut qu’être la bienvenue pour préserver nos concitoyens, notamment les plus fragiles, d’une situation qui pourrait s’avérer dramatique si l’on n’y prête garde. Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle, il n’y aura qu’une seule et unique politique économique et budgétaire possible pour la France, fondée sur la rigueur et encore la rigueur. Cela passera aussi par une fiscalité plus équilibrée qui n’épargnera pas les niches fiscales et les hauts revenus qui n’ont guère souffert de la crise ces dernières années.

Conserver la note AAA, c’est le meilleur moyen de favoriser la croissance et de réduire la dette rapidement. Présidentielle ou pas, la France devra faire des efforts soutenus pour sortir de la crise actuelle.


Syrie : pas de trève pour le ramadan, la répression sanglante de Bachar-de-Assad contre son peuple se poursuit de plus belle…

1 août 2011

Ce vendredi 29 juillet, jour de prière, comme depuis le mois de mars, ils étaient encore des centaines de milliers à manifester un peu partout à travers la Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, dans la seule ville d’Hama, ce sont encore plus de 500 000 personnes qui ont à nouveau bravé le régime de Bachar-el-Assad.

Depuis plus de quatre mois, les protestations contre le régime syrien, loin de faiblir, semblent même gagner en ampleur malgré la répression qui s’amplifie. Ce dimanche, l’armée syrienne a lancé une importante offensive armée contre la même ville d’Hama. Des chars lourds mais aussi des hélicoptères de combat, aux mains des militaires et des forces de sécurité, ont pénétré dans la ville et ouvert le feu sur les civils. Cette attaque aurait fait 95 tués et des dizaines de blessés.  Depuis l’origine des manifestations en Syrie, l’observatoire syrien des droits de l’Homme évoque les chiffres de plus de 2 500 morts et 20 000 arrestations.

Parmi les révolutions arabes de cette année 2011, les protestations syriennes sont les plus importantes mais aussi celles qui ont connu le plus de victimes. La dictature du président Bachar-el-Assad y a fait preuve d’une répression sanglante, sans commune mesure avec celle constatée dans les autres révolutions arabes.

Du côté des Nations-Unies, les protestations contre le régime syriens commencent se font de plus en plus pressantes et le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive toujours pas à faire adopter un projet de résolution condamnant la Syrie, en raison de l’opposition de ses alliés traditionnels : la Russie et la Chine, une fois de plus.

La communauté internationale, des Etats-Unis à l’UE, en passant par l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie, se dit horrifiée par la violence et l’importance de la répression des autorités syriennes contre son peuple. Ces pays saluent le courage du peuple syrien qui ne cesse de manifester pacifiquement son opposition au régime. L’UE va cependant plus loin et parle de véritables massacres perpétrés par les autorités syriennes et souhaite que ses responsables soient traduits en justice.

La pression des pays occidentaux sur la Syrie s’accroît donc de jour en jour, face à l’ampleur des massacres commis à l’arme lourde contre les manifestants. On aimerait que celles et ceux, habituellement si prompts à manifester les atteintes aux droits de l’homme, fassent entendre leur voix et aient le courage de dénoncer les crimes atroces de la dictature de Bachar-es-Assad contre son peuple qui manifeste pour la liberté et la démocratie.

Le silence du monde musulman face aux massacres perpétrés en Syrie est heureusement compensé par l’attitude de la Turquie. Dans un récent communiqué d’Ankara, le gouvernement turc qui « s’attendait à ce que la Syrie créée les conditions d’un climat pacifique pendant le mois de ramadan, est attristé et déçu, de même que l’ensemble du monde musulman, par les développements qu’elle observe à la veille du ramadan ».  Selon lui, les attaques sanglantes contre les civils « soulèvent la question de savoir si le gouvernement syrien entend réellement résoudre le problème par des moyens pacifiques ». En termes diplomatiques, voilà un message de réprobation très clair d’un pays musulman, à un autre pays musulman, pourtant voisin et ami de la Syrie.

Face au courage des manifestants syriens et au juste combat qui est le leur, espérons que le ramadan qui débute, permette à la communauté internationale et aux Nations Unies en particulier, de se réveiller pour venir en aide au peuple syrien et imposer le départ du dictateur Bachar-es-Assad.