Pour la première fois, la Commission européenne a adressé la semaine dernière à la France un courrier dans lequel elle demande des explications concernant le budget 2015. A défaut de fournir les éléments justifiant que le budget 2015 est de nature à restaurer l’équilibre budgétaire à brève échéance, la France pourrait bien voir son budget retoqué.
Selon certaines indiscrétions, ce courrier adressé en anglais voici quelques jours par le commissaire européen aux affaires économiques, Jyrki Katainen à Michel Sapin, le ministre des finances précisait : « …Je vous écris pour vous demander les raisons qui ont conduit à ce que la France prévoit de dévier des objectifs budgétaires fixés par le Conseil en ce qui concerne à la fois le déficit public général et l’ajustement de l’équilibre structurel en 2015….. Je voudrais également savoir comment la France prévoit de se conformer à ses obligations de politique budgétaire en 2015, conformément au pacte de stabilité et de croissance… »
Le bras de fer entre la France et la Commission sur le budget 2015 ne fait que commencer. Le gouvernement socialiste n’entend pas aller au-delà des économies de 21 milliards prévues ; ce qui met le pays en contradiction avec ses engagements. Au dire de M. Hollande : « Nous considérons que nous avons fait ce que nous avions à faire » s’est-il justifié voici quelques jours. Voilà qui risque d’être un peu court lorsque l’on connaît la situation catastrophique de la France qui ne cesse de différer les réformes. Qui plus est, voilà prés de 3 ans que la France ne fait rien et laisse filer la dette et les déficits malgré les nombreuses mises en garde dont elle fait l’objet depuis 2012. Voilà qui ne renforce pas sa crédibilité et qui risque de lui coûter cher.
La France feint aujourd’hui d’ignorer qu’en rentrant dans la zone euro, comme ses partenaires, elle avait pris des engagements précis visant à respecter un certain nombre de critères essentiels pour la stabilité de la zone euro, à savoir conserver une dette inférieure à 60% du PIB et un déficit public à moins de à 3% du PIB. Si quelques dérapages avaient été admis momentanément, le temps de compenser la crise financière de 2008-2009, les pays de la zone euro devaient stabiliser leur situation à l’horizon 2012/2013. Rappelons que la France avait obtenu un délai supplémentaire pour respecter ses engagements jusqu’en 2015, notamment au regard des déficits publics. Deux ans plus tard, la situation n’est toujours pas maitrisée puisque le projet de budget pour 2015 prévoit un déficit à 4.30% du PIB contre 3%. Nous sommes très loin du compte.
Chacun connaît les problèmes de la France et le manque de réformes structurelles visant à réduire le coût des dépenses publiques de l’Etat qui atteignent le record de 57% contre 44% en Allemagne. Pour Bruxelles, que ce soit sur la rigidité du marché du travail, l’assurance-chômage, la réforme scolaire, la réforme de l’Etat, la France doit bouger au plus vite sous peine d’entraîner toute l’Europe dans une profonde récession. Selon Olli Rehn, ex-commissaire européen : « La France a déjà perdu la moitié du temps. Désormais, le temps est venu des réformes efficaces… »
Si les problèmes et le dérapage des finances publiques sont déjà anciens, il faut bien reconnaître qu’ils se sont considérablement amplifiés depuis 2012 avec l’arrivée de François Hollande. Alors que le gouvernement précédent sortait de la grave et profonde crise financière de 2008-2009 qui avait nécessité de laisser filer la dette et les déficits pour épargner la crise au français (est-ce là le bon choix ???), la situation s’était rétablie dés 2012 et permettait au pays d’être en mesure de respecter ses engagements dés 2013, exception faite de la dette.
Depuis, on connaît la suite. Les gouvernements socialistes successifs ont laissé filer la dette et les dépenses publiques comme jamais, sans engager la moindre réforme de structure nécessaire, tout en augmentant considérablement les impôts et taxes pesant sur les classes moyennes et les familles, pénalisant un peu plus la croissance et l’emploi. Aujourd’hui, du fait des erreurs socialistes, la France est au bord de la récession et menace d’entraîner avec elle l’ensemble de l’Europe. Voilà le triste résultat de 30 mois de gestion socialiste.
Une fois encore, ni l’Europe, ni l’euro, ne sont en rien responsables des difficultés actuelles de la France. Par ailleurs, sortir de l’euro est impossible pour la France, sauf à plonger le pays dans une profonde et longue récession qui ruinerait à jamais les économies des français et verrait la dette exploser. Les critères exigés par Bruxelles ne sont rien d’autre que des indicateurs de saine gestion que respectent d’ailleurs la quasi-totalité des pays européens. Que cela plaise ou non, la croissance et l’emploi ne vont de pair qu’avec une gestion rigoureuse. Ce n’est pas un hasard si les pays européens qui se portent bien sont aussi les pays bien gérés du nord de l’Europe. N’oublions pas que l’Allemagne, qui reste aujourd’hui le pays fort de la zone euro, était dans années 2003-2005 l’enfant malade de l’Europe avec une explosion des déficits publics. Au prix d’efforts importants pour se réformer et gagner en compétitivité, elle métrise aujourd’hui sa dette et son budget 2015 sera excédentaire.
La Banque centrale européenne (BCE) porte probablement une responsabilité par le recours à la planche à billet qui n’encourage pas les pays de l’Europe du sud à s’engager sur la voie des réformes. La politique de taux d’intérêt bas pousse au contraire les pays les plus mal gérés à continuer à s’endetter à bon compte et à accroître leurs dépenses. De ce point de vue là, c’est plutôt catastrophique pour les pays d’Europe du sud et pour la France en particulier. Mais attention, si la confiance en la France devait cesser, l’addition risque d’être très trés lourde.
Dans la difficile situation qui est la sienne, la France qui s’est pendant trop longtemps comportée comme une cigale, n’a hélas guère d’autre choix que de s’engager sur la voie des réformes structurelles pour enclencher la réduction de ses dépenses publiques qui ont atteint un niveau inacceptable pour un pays développé. De ce point de vue, la Commission européenne ce doit de rester ferme à l’égard de la France et ne pas céder à la surenchère politique. C’est l’avenir de l’Union européenne et de la France qui se joue.