En cette fin octobre, EDF laisse entendre que les tarifs de l’électricité pourraient à nouveau augmenter de l’ordre de 3% en janvier 2011. Celle-ci aurait pour objet de compenser le surcoût lié à l’obligation de rachat de l’électricité, par l’opérateur public, aux producteurs d’énergie renouvelables (éolienne et solaire) à un prix élevé. En effet, la redevance versée à EDF est restée inchangée depuis plusieurs années alors que les quantités d’électricité achetées aux opérateurs alternatifs n’ont cessé d’augmenter, grevant lourdement la trésorerie de l’entreprise.
Déjà au mois d’août, le gouvernement français avait autorisé EDF à procéder à une augmentation des tarifs de l’électricité. Sauf que cette année, pour la première fois depuis de longues années, l’augmentation accordée s’établit globalement aux alentours de +5%, soit en moyenne +3% pour les particuliers et +4% à +5.5% pour les professionnels, suivant la taille de l’entreprise. Pourquoi une telle augmentation en pleine crise économique alors que l’inflation ne dépasse pas 1.5% ? That’s the question !
Comme à l’habitude, les partis de gauche, à commencer par le parti socialiste, s’étaient aussitôt déclarés scandalisés à cette augmentation des tarifs de l’entreprise publique. On aura toutefois noté la relative modération du syndicat CGT, habituellement si prompt à dénoncer les augmentations autres que salariales. C’est tout simplement que la CGT, syndicat majoritaire à EDF, connaît parfaitement la situation difficile que traverse l’entreprise et n’ignore pas que le rétablissement d’une situation financière d’EDF ne peut passer que par une augmentation des tarifs.
En effet, pendant plus de 30 ans, les gouvernements français successifs ont encouragé et soutenu le développement de l’énergie nucléaire par l’opérateur public, sans pour autant lui donner les moyens financiers de son développement à long terme, arguant du fait que l’énergie d’origine nucléaire était propre et moins chère. Ce discours des pouvoirs-publics et de la quasi-totalité des partis politiques et syndicats, largement soutenu par l’important lobby pro-nucléaire, n’avait en fait d’autre but que de mieux faire accepter ce type d’énergie aux français, alors que l’énergie nucléaire était fortement décriée et contestée dans de nombreux pays développés (trop coûteuse, dangereuse, exposée à de nombreux risques, pas si durable qu’on veut bien le dire…).
Résultat, la France dispose aujourd’hui d’un grand nombre de réacteurs nucléaires (58), dont certains sont déjà vieux. Deuxième producteur d’énergie nucléaire derrière les USA (107 réacteurs), juste devant le Japon (54 réacteurs), la France est le pays au monde qui dispose, et de loin, de la plus grosse part de son énergie d’origine nucléaire : plus de 80%. Si cela a permis de faire face aux diverses crises de l’énergie et de préserver notre indépendance, les choses sont restées figées depuis plus de 25 ans. Les installations ont vieilli et nombre d’entre-elles vont devoir, à court terme, soit être modernisée pour prolonger leur durée de vie, soit démantelées. Autant d’opérations qui nécessitent de lourds investissements dans les prochaines années. Livrée aux mains des pro-nucléaires, EDF n’a pas su anticiper les évolutions et diversifier ses moyens de production d’énergie. Elle a ainsi, en partie, raté son entrée dans l’ère des énergies propres et renouvelables que sont notamment l’éolien et le solaire.
L’heure de l’addition approche et elle passe nécessairement par une opération « vérité des prix » de l’électricité.
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