Le Conseil général investit-il trop ? Certains élus de l’opposition de gauche au Conseil général de l’Aveyron le laissent entendre ces derniers temps.
Il est vrai que depuis son élection à la présidence du Conseil général en 1988, Jean-Claude Luche a sensiblement accéléré les investissements routiers, à tel point que le département de l’Aveyron avait rarement connu des travaux d’une telle ampleur en même temps. Ces chantiers visent, d’une part, à accélérer la mise à niveau le réseau départemental qui avait pris quelques retards ces dernières années et, d’autre part, à soutenir plus largement l’économie du département gravement touchée par la crise. Les sommes investies en matière d’infrastructures routières par le Conseil général de l’Aveyron depuis 2009 sont conséquentes et bénéficient largement aux entreprise de travaux publics de la région. Ces investissements représentent 71 millions d’euros pour la seule année 2010 (source CG12).
De ce point de vue, difficile de critiquer le choix fait d’accentuer les investissements routiers dans un département qui en a bien besoin, investissements qui ont d’ores et déjà un impact économique positif. Par ailleurs, les chantiers retenus répondent à des besoins bien identifiés et incontestables et sont équitablement répartis sur l’ensemble du département.
Petit tour d’horizon des principaux grands chantiers en cours, financés par le Conseil général depuis 2008 :
- Déviation de Pont-de-Salars (RD 911), longueur 5 km, 23 millions euros, mise en service printemps 2011
- Déviation de Viviez (RD 840), longueur 2 km, 3.5 millions d’euros, mise en service novembre 2010
- Réaménagement complet de la côte de Millau à St Germain vers l’A75 (RD 911), longueur 3 km, 6 millions d’euros, mise en service début 2011
- Déviation de Curlande (RD 988), longueur 6 km, 15 millions d’euros, mise en service printemps 2012
- Mise à 2 x 2 voies de la RN 88 entre le viaduc du Viaur et Luc (financement à hauteur de 23% par CG12), longueur totale 28 km, 50 millions d’euros, mise en service 2013 (tronçon viaduc Viaur / La Mothe) et 2015 (tronçon La Mothe / Luc)
Grands travaux routiers prévus ou en projets pour les années à venir :
- Déviation d’Espalion (RD920) 5 km, début des travaux en 2012
- Déviation de Lanuéjouls (RD1) 6 km, en projet (2014 ?)
Compte-tenu du cofinancement de la RN88 à 2 x 2 voies par le Conseil général à hauteur de 50 millions d’euros, les autres grands chantiers à venir risquent fortement d’être impactés, à l’instar de la déviation de Lanuéjouls (RD1) dont le coût est estimé à prés de 30 millions d’euros. En dépit du haut niveau d’investissements maintenu par le Conseil général en 2010, il paraît cependant difficile pour le département de financer à la fois la mise aux normes autoroutières de la RN88 et les autres importants travaux. Ceci sera d’autant plus vrai si le Conseil général devait également participer au financement du dernier tronçon de la RN 88 à 2 x 2 voies entre Lioujas et Séverac-le-Château (40 km). Les marges de manœuvres en matière d’investissements routiers risquent donc d’être limitées pour les années à venir. Pour autant, le Conseil général a-t-il le choix s’il veut faire sauter le verrou que constitue l’enclavement routier actuel du département ?
Ces grands travaux routiers sont en effet indispensables au développement du département et c’est probablement le prix à payer si l’on veut réaliser rapidement le désenclavement tant attendu. Malgré le coût élevé des investissements, le Conseil général reste donc dans son rôle d’aménageur public en participant à la construction des infrastructures vitales. Ceux qui contestent aujourd’hui la priorité données à ces investissements routiers, trop longtemps différés, seraient mieux inspirés à y regarder de plus prés.
Difficile pour les aveyronnais, soucieux de l’avenir de leur territoire trop longtemps resté à l’écart des grands axes de communication, de contester les choix audacieux faits par le Conseil général dans ce domaine.