Voici quelques jours, devant les membres du Conseil départemental de l’Aveyron, M. le préfet en tant que représentant de l’Etat, s’est voulu rassurant en affirmant que ce dernier s’engageait à soutenir activement les investissements dans notre département.
Pas sûr qu’il ait convaincu de nombreux conseillers départementaux, sachant que les seuls travaux de mise à 2X2 voies de la RN88 entre La Mothe et Les Molinières, aux portes de Rodez, a pris deux ans de retard du seul fait de l’Etat. Par ailleurs, si sa réalisation était normalement à son entière charge, au final, elle aura été financée pour moitié par la région Occitanie et les départements du Tarn et de l’Aveyron. Initialement prévue fin 2017, la mise en service de l’intégralité de cette voie rapide entre Rodez et Toulouse n’interviendra, dans le meilleur des cas, que fin 2019. Par contre, aucun calendrier n’est avancé concernant le début des travaux de mise à 2X2 voies de la RN88 entre Rodez et Séverac (A75). On peut donc comprendre la prudence des élus locaux face aux engagements de l’Etat à soutenir l’économie départementale.
Force est de constater que pendant trop longtemps, l’Etat qui a une mission de solidarité territoriale, a purement et simplement oublié certains d’entre eux. Même si ces dernières décennies, le département de l’Aveyron, bien qu’enclavé entre Toulouse, Montpellier et Clermont-Ferrand, ne s’en est pas trop mal sorti grâce notamment au dynamisme économique de l’agglomération du Grand Rodez, le département souffre d’un handicap important du fait de l’absence de continuité autoroutière entre Rodez et l’autoroute A75.
Le développement de l’agglomération du Grand Rodez et du département de l’Aveyron sont freinés par cette absence de liaison autoroutière pour développer les échanges avec les métropoles régionales de Toulouse, Montpellier, Clermont-Ferrand et Lyon.
L’importance de la RN88 a pourtant été reconnue dès 1992 avec son inscription au Schéma directeur routier national et en 1995 à Mende par le Premier ministre de l’époque M. Edouard Balladur, qui s’était engagé à ce que l’Etat réalise dans les 10 ans l’aménagement autoroutier de l’axe Toulouse-Lyon (RN88-A68) via Albi, Rodez, Mende, Le Puy-en-Velay et Saint Etienne. L’axe avait alors été classé dans son intégralité en grande liaison d’aménagement du territoire (GLAT). 22 ans plus tard, les choses n’ont guère avancé sur cet axe, notamment entre Rodez et Le Puy. Une fois de plus, l’Etat n’a pas respecté ses engagements en la matière.
Si une partie de la RN88 à 2 x 2 voies entre Rodez et Toulouse devrait être mise en service en 2019, le tronçon Rodez/Séverac d’Aveyron (échangeur A75) en est toujours au même stade de simple projet. aucun travaux ne sont prévus dans le cadre du Programme de Modernisation des Itinéraires Routiers (PDMI) et du contrat de plan Etat-Région Occitanie 2015-2020 alors que la déclaration d’utilité publique a été réalisée il y a déjà fort longtemps.
Ce tronçon de seulement 42 km entre Rodez et Séverac d’Aveyron (A75), qui doit permettre de relier les autoroutes A68-A75 et A20 est aujourd’hui constitué de 2 voies uniques alors qu’il supporte un trafic de transit en très forte augmentation, avec de nombreux poids-lourds. Cette portion est arrivée à saturation avec des ralentissements importants aux heures de pointe et de fréquents accidents de la route.
Avec la traversée de Rodez qui reste encore à réaliser, c’est aujourd’hui le gros point noir au niveau de la circulation routière dans le département qui pénalise lourdement son développement économique et touristique. Le coût d’achèvement de cette liaison autoroutière est estimé à seulement 300 millions d’euros ; ce qui est peu au regard des retombées économiques attendues pour l’ensemble des départements concernés par la RN88 (hors Toulouse et Lyon, c’est plus 1.5 millions de d’habitants directement concernés et prés de 400 000 emplois).
Dans l’un de ses discours de campagne consacré à la ruralité, le président Emmanuel Macron a déclaré que les territoires ruraux ne seraient pas les oubliés et qu’il revenait à l’Etat de mettre fin à l’enclavement de certains territoires, en développant les liaisons à très haut débit partout en France et en achevant la réalisation des axes routiers indispensables au maillage du territoire. L’axe RN88 entre Rodez et Le Puy se situe exactement dans ce cadre. On attend toujours !
Il y a maintenant urgence à relancer la réalisation de la RN88/A68 entre Rodez et Le Puy afin d’achever au plus vite cet axe économique vital pour le développement de l’ensemble du sud Massif-Central et rompre l’isolement avec les métropoles de Toulouse, Montpellier et Lyon. Le déploiement du très haut débit en fibre, bien qu’indispensable, ne compensera jamais l’enclavement routier.
Au delà de Rodez et de l’Aveyron, c’est en effet un ensemble de villes moyennes (Albi, Rodez, Figeac-Decazeville, Aurillac, St Flour, Mende, Le Puy-en-Velay, Saint Etienne…) et 8 départements ruraux (Tarn, Lot, Aveyron, Cantal, Lozère, Haute-Loire, Ardèche et Loire) situés à proximité de cet axe qui attendent avec impatience son rapide aménagement aux normes autoroutières.
D’ores et déjà, l’ensemble des élus du département de l’Aveyron, toutes appartenances politiques confondues, s’est récemment prononcé en faveur de l’engagement rapide des travaux de mise à 2 X 2 voies de la RN88, entre Rodez et l’A75.
Il ne reste plus qu’espérer que la région Occitanie soutiendra activement cet aménagement dans le cadre du prochain plan Etat-Région et participera activement à son financement en vue d’accélérer sa réalisation rapide car il est essentiel que Mende et la Lozère soient reliés à la capitale régionale Toulouse. S’agissant de la région Rhône-Alpes-Auvergne, dont le président actuel a été maire du Puy-en-Velay, on ne peut que souhaiter que qu’elle soit au rendez-vous pour accompagner l’Etat en vue de la réalisation rapide de cet axe autoroutier majeur que constitue la RN88/A68 pour tout le sud Massif-Central.