La chancelière allemande Angela Merkel a été brillamment réélue ce dimanche 21 septembre 2013, avec un score historique de 41.50%, avec sa coalition de centre-droit CDU-CSU.
C’est l’un des meilleurs scores enregistré en Allemagne depuis la dernière guerre. Il s’agira là de son 3ème mandat à la tête de l’Allemagne, rejoignant ainsi les pères de l’Allemagne moderne que furent dans le passé les chanceliers Konrad Adenauer et Helmut Khol. Elue chancelière pour la première fois en 2005, elle avait été réélue en 2009 malgré la crise. Lors de son premier mandat, la CDU-CSU était alliée au SPD (sociaux-démocrates) alors qu’au cours de la période 2009-2013, la chancelière s’était alliée au FDP (libéraux). Elle devrait à nouveau s’allier au SPD pour un nouveau mandat. Verdit dans quelques mois.
Dans un Europe relativement euro-septique, l’élection allemande marque une très large victoire des formations politiques favorables à la construction européenne : CDU-CSU, SPD et les Verts (plus de 75% des voix). A l’inverse, même si le nouveau parti anti-euro atteint les 4.7%, le FDP très critique à l’encontre de l’Europe chute de prés de 10 points à 4.8%, son plus mauvais score qui ne lui permet pas d’avoir des élus au Bundestag alors que la gauche reste à moins de 9%. Avec cette grande victoire des formations politiques pro-européennes en Allemagne, la preuve est faite que les euro-septiques perdent du terrain et ne représentent qu’une minorité des électeurs.
La victoire est aussi indiscutablement celle de la chancelière Angela Merkel qui a su convaincre les électeurs, par sa volonté et sa détermination à défendre la construction européenne, que l’avenir de l’Allemagne passait inéluctablement par l’Europe. Même si son programme était presque inexistant, sa rigueur et sa ténacité dans la gestion des finances publiques ont fini par convaincre les électeurs qu’elle était la femme de la situation pour l’Allemagne et pour l’Europe.
Une chose est sûre, quelle que soit la future coalition, Mme Angela Merkel sort renforcée de cette élection et sera plus que jamais en position d’imposer son leadership en Europe, mais si cette dernière, en excellente tacticienne, ne manquera pas d’associer les autres pays, à commencer par la France, aux futures réformes européennes.
Nul doute qu’Angela Merkel est bien consciente que, si cette victoire consacre la toute puissance de l’Allemagne d’aujourd’hui, son pays n’en demeure pas moins fragile sur un certain nombre de points. Si les finances publiques sont aujourd’hui bénéficiaires, la compétitivité, le chômage et les exportations au mieux, tout cela reste précaire face à la dégradation de la situation des pays émergents et à la compétitivité que ne devraient pas manquer de retrouver certains pays d’Europe du sud. L’autre grand défi pour Mme Merkel sera de faire avancer l’Europe, et en particulier la zone euro, vers plus de convergence et d’intégration.
Dans ce contexte, le couple franco-allemand qui reste le fer de lance de l’Europe, risque d’être quelque peu plombé par l’ampleur de la victoire d’Angela Merkel. Cependant, on peut penser que cette dernière fera tout pour gommer les tensions entre les deux pays pour privilégier l’avancement des dossiers les plus importants pour l’avenir de l’Europe.
La France paraît aujourd’hui pour le moins isolée alors que les rapports personnels entre Angela Merkel et François Hollande ne semblent pas au beau fixe. D’ailleurs, le président français, bien qu’élu de justesse, il y a 18 mois, est aujourd’hui affaibli et pour le moins discrédité face à l’échec de sa politique à tous les niveaux. Comment ne pas comparer le très faible score de M. Hollande dans les sondages d’opinion, avec seulement 23% d’opinions favorables en septembre 2013, contre plus de 60% pour Mme Merkel avant sa triomphale réélection !
Finalement, les électeurs allemands ont fait preuve d’intelligence en apportant leur voix à la seule politique qui préserve l’avenir de leur pays, à savoir : la réduction des dépenses publiques et la stabilité des impôts et taxes. De même, les électeurs français qui désapprouvent aujourd’hui massivement l’action de M. Hollande qui refuse de réduire le niveau excessif des dépenses publiques, tout en augmentant massivement les impôts et taxes qui pèsent sur les entreprises et l’ensemble des français, font preuve de beaucoup de bon sens.
A défaut de voir Angela Merkel s’imposer également en France, les français sont peut-être enfin prêts à de véritables réformes en profondeur de notre politique économique, sociale et fiscale. Reste pour la France à trouver l’homme ou la femme politique providentiel qui assurera cette transition politique salvatrice. Le chemin risque d’être long… avant que la France trouve enfin son Angela Merkel !