N’en déplaise à certains, globalement, la fiscalité locale à Rodez est restée stable depuis 20 ans et demeure sensiblement dans la moyenne régionale. Pour autant, des efforts restent à faire pour rendre la fiscalité plus attractive et parmi les plus basses de la région qui doit être l’objectif à moyen terme.
La taxe d’habitation
A Rodez, malgré la baisse des taux d’imposition de la taxe d’habitation, le taux en vigueur pour l’année 2017 est de 16.38%. Ce taux devrait vraisemblablement baisser aux alentours de 15.50% en 2018 après suppression définitive de l’abattement général à la base. Ce taux restera dans la fourchette des villes moyennes d’Occitanie, comme cela a toujours été le cas depuis plus de 20 ans.
Pour autant, le taux reste cependant à un niveau relativement élevé. Ceci freine l’arrivée de nouveaux habitants sur Rodez, notamment si l’on compare les taux en vigueur en 2015 dans les principales communes voisines : 8.70% à Onet-le-Château, 10.60% à Olemps ou 11.70% à Luc La Primaube. Même si aucune comparaison n’est possible en raison des charges de centralité supportées par Rodez, il y a urgence pour la ville de Rodez à baisser progressivement son taux d’imposition de taxe d’habitation pour se rapprocher des 13%.
Ceci est d’autant plus d’actualité, qu’il ne fait plus aucun doute que les communes centrales de l’agglomération, au moins dans un premier temps, sont appelées à fusionner dans les années à venir en attendant une future extension du périmètre de l’agglomération. Dans ce contexte, pour la ville de Rodez, l’heure est maintenant venue d’envisager sérieusement une baisse réelle et durable en vue de faire converger les taux de la taxe d’habitation avec les communes voisines. L’attractivité de la ville en dépend.
A titre d’informations, les taux de la taxe d’habitation en vigueur pour l’année 2015 dans les villes comparables de la région Occitanie étaient les suivants : Narbonne 11.33%, Montauban 13.25%, Albi 15.33%, Carcassonne 15.94% et Rodez 16.38% (taux 2016). Dans les villes voisines hors région : Aurillac 21.77% et Le Puy-en-Velay 18.90%. Même si Rodez reste dans la moyenne, cette comparaison permet de mesurer les efforts qui restent à réaliser en matière de baisse de la taxe d‘habitation dans les années à venir pour atteindre les 13%.
La taxe foncière sur les propriétés bâties
La taxe foncière sur les propriétés bâties à Rodez demeure inchangée depuis de nombreuses décennies avec un taux de 28.94% pour l’année 2017. A cela, il faut ajouter la part départementale de 20.61%, en sensible augmentation en 2016, comme sur l’ensemble de la France. Globalement, le taux de taxe foncière de la ville à Rodez reste comparable aux villes moyennes de la région, mais aussi de la plupart des communes de l’agglomération pourtant bien plus petites.
A titre de comparaison, en 2015 (dernière année connue), les taux de taxe foncière sur les propriétés bâties en région Occitanie étaient les suivants : Béziers 26.54%, Narbonne 28.34%, Albi 28.80%, Montauban 29.13%, Tarbes 29.43%, Cahors 38.25%, Carcassonne 41.69% et Auch 44.27%. Dans les villes voisines hors région : Aurillac 27.94% et Le Puy-en-Velay 28.05%.
A terme, même si elle se situe dans la fourchette régionale, la ville de Rodez ne pourra également faire l’économie d’une baisse progressive du taux.
Rodez n’a d’autres choix que de s’engager résolument dans une baisse réelle et durable des impôts locaux
La baisse des impôts locaux est d’autant plus envisageable que la situation financière de la ville de Rodez est relativement saine, avec une dette dorénavant contenue, des charges maitrisées et une capacité d’autofinancement favorable. A cela, il faut ajouter le dynamisme des recettes fiscales du fait de la construction ces dernières années. Pour les deux ans à venir, prés de 1000 logements neufs sont en construction. A cela, il faut ajouter l’instauration de la taxe sur les logements vacants depuis 2016.
Dans ce contexte, il ne reste plus qu’à espérer que l’actuelle municipalité de Rodez saura anticiper cette évolution et s’engagera rapidement dans une baisse réelle des taux d’imposition qui permettra à terme de pérenniser l’attractivité de l’agglomération ruthénoise dans son ensemble.
Une belle carte à jouer pour Rodez, au moment où d’autres collectivités engluées dans leur dette et les dépenses de fonctionnement, se voient contraintes d’augmenter leurs taux d’imposition.
France : L’évolution à la hausse de la fiscalité directe locale pénalise et fragilise les contribuables comme les collectivités territoriales (2)
16 janvier 2017La sémantique entre baisse des impôts locaux et baisse des taux d’imposition ou comment augmenter les impôts tout en baissant les taux
Contrairement à une idée très largement répandue, les taux d’imposition ne sont pas les seuls facteurs à prendre en compte pour juger du niveau d’imposition local.
Certains élus locaux se sont effectivement abstenus d’augmenter les taux d’imposition, mais ont par contre réduit ou supprimé certains abattements facultatifs liés à la taxe d’habitation (abattement général à la base, abattement pour enfants à charges ou personnes handicapées). Ces derniers ne sont en vigueur que dans une minorité de communes dont Rodez ; ce qui rend les comparaisons difficiles avec la plupart de communes voisines qui n’en ont pas. Ces abattements facultatifs variant de 5% à 15%, pouvant se cumuler, viennent en effet réduire les valeurs locatives et, par voie de conséquence, diminuer la base d’imposition, et donc la cotisation due. Leur suppression entraîne de facto une augmentation sensible de la taxe tout en ayant conservé un taux d’imposition inchangé, voire en l’ayant baissé.
Cela a été le cas à la ville de Rodez où la nouvelle majorité de gauche élue en 2008, au nom d’une prétendue baisse des impôts locaux, a ramené l’abattement général à la base de 15% à 10%, avec une baisse corrélative du taux d’imposition à hauteur de 5%, répartie sur 5 ans. Malgré la majoration de l’abattement pour personnes à charges et l’instauration d’un abattement pour handicapé, la cotisation de taxe d’habitation a continué à augmenter au cours des années 2008 à 2012 pour une majorité de contribuables. Ce qui ne permet pas au maire de Rodez d’affirmer qu’il a baissé la taxe d’habitation, bien au contraire !
Mis à part cette manipulation, à Rodez, la suppression de l’abattement général à la base appliqué à la taxe d’habitation a été globalement compensé par la baisse des taux d’imposition à due proportion, notamment en 2015 (réduction de l’abattement de 5%, compensé par une baisse simultanée des taux de 5%). Ce qui n’est pas le cas de nombreuses communes qui ont carrément supprimé cet abattement, sans pour autant baisser les taux d’imposition. Ce qui s’est traduit par une sensible augmentation de la cotisation de taxe d’habitation dans ces communes.
Autre difficulté, l’avis d’imposition est relativement détaillé mais pas toujours facile à lire. L’impôt est déterminé pour chaque collectivité (commune, intercommunalité, département…) en fonction des taux d’imposition votés et des éventuels abattements. Ainsi, en 2016, les contribuables ont généralement subit une forte augmentation de leur cotisation globale de taxe foncière sur les propriétés bâties. La lecture détaillée de l’avis d’imposition permet de vérifier que l’augmentation est souvent imputable au seul département, et non à la commune ou à l’intercommunalité. Prudence donc !
La revalorisation annuelle des valeurs locatives, ou la dynamique des impôts locaux
Outre les abattements évoqués ci-avant, les collectivités voient leurs recettes fiscales augmenter automatiquement du fait d’une revalorisation annuelle des valeurs locatives. Cette revalorisation qui était de 1.13% en 1983 a été ramenée aux alentours de 1% depuis l’an 2000. Celle-ci ne sera plus que de 0.4% à partir de l’année 2017, soit un peu plus que l’inflation.
De ce seul fait, sans augmenter les taux d’imposition, les collectivités ont vu leurs recettes augmenter automatiquement de 1% tous les ans durant des décennies. Ceci explique l’incompréhension de certains contribuables qui voient leur cotisation s’envoler au fil des ans alors que certains élus affirment ne pas avoir augmenté les taux d’imposition. Cela justifie d’ailleurs qu’en 30 ans, les cotisations acquittées au titre des impôts locaux aient augmenté au minimum de 30% à Rodez et partout ailleurs, en dépit d’une stabilité des taux. Cette augmentation des impôts locaux, car c’est bien une augmentation, n’est cependant pas imputable aux élus locaux.
Cette revalorisation annuelle des valeurs locatives (taxe d’habitation et taxe foncière) est votée par le Parlement, dans le cadre de la loi de finances de chacune des années. Les élus locaux n’ont donc aucune marge de manœuvre sur ce point.
D’ailleurs à Rodez, bien que les taux d’imposition votés par les diverses majorités municipales soient restés inchangés depuis des décennies, les cotisations ont continué à croître de ce seul motif. Le taux de revalorisation n’étant plus que de 0.40% à partir de 2017, cette évolution à hausse sera partiellement atténuée.
Pour ces raisons, il n’est pas toujours aisé pour le contribuable d’identifier l’origine des hausses de cotisation d’impôt. Est-elle imputable à la collectivité ou non ? Est-elle imputable à une hausse des taux (facile à déceler) et/ou à une suppression/réduction de certains abattements facultatifs (difficile à identifier) ou tout simplement à la revalorisation automatique annuelle des valeurs locatives par l’Etat ? Pas si simple pour le commun des mortels !
D’où, ici et là, certaines manipulations de quelques élus sans scrupules qui ont tenté d’enfumer les électeurs. Hélas, incapable d’appréhender et décoder une fiscalité bien complexe, la presse fait bien pire en faisant très régulièrement des appréciations erronées à propos de la fiscalité locale ! Non, une baisse des taux d’imposition n’implique pas nécessairement une baisse des impôts locaux ! Rodez en est la preuve…
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Publié par Rodez News