Lors d’une récente visite dans le sud Aveyron, Jean-Claude Luche, le président du Conseil général a réaffirmé avec force et conviction la volonté du département de mener à son terme le désenclavement numérique des zones rurales, jusque-là restées à l’écart des hauts-débits. Il a ainsi déclaré : « Je n’accepte pas un Aveyron à deux vitesses. Nous avons besoin d’une ruralité moderne qui construit son développement sur des moyens de communication performants… »
On ne peut que se réjouir de la volonté politique, exprimée publiquement, de mener cet important dossier à son terme. Il s’agit là d’un défi à la fois technologique, financier et économique. En effet, il n’est pas acceptable qu’en 2010, qu’une partie des populations rurales n’aient pas accès à une connexion à haut débit, fût-elle bridée. Compte-tenu du coût financier très élevé pour connecter quelques centaines de foyers excentrés (dont moins de 30% souscrivent habituellement un abonnement), il convient de faire appel à la technologie la mieux adaptée et la moins couteuse. La solution réside dans le compromis coût/technologie.
En 2006, le même Conseil général de l’Aveyron s’était lancé dans la technologie Wimax (plus de 85 émetteurs répartis sur le département) pour couvrir les 15 à 30% des habitants qui n’avaient pas accès aux hauts-débits via l’ADSL ou dont les débits étaient très faibles en raison de leur éloignement d’un NRA (nœuds de raccordement d’abonnés). Pour mettre en œuvre cette technologie, 14 millions d’euros avaient alors été investis. A cette époque, la technologie ADSL paraissait peu évolutive alors que la nouvelle technologie Wimax paraissait prometteuse et bien adaptée pour un déploiement en zone d’habitat peu dense. Manifestement, les performances et la fiabilité de cette technologie avait été sensiblement surestimées, notamment lorsqu’elle est déployée dans des zones montagneuses. Si elle a indéniablement permis à un certains nombre de foyers isolés d’accéder aux haut-débits, elle est loin d’avoir couvert l’ensemble des zones d’ombres du département et donné satisfaction à ses abonnés (connexions pas toujours fiables, faibles débits, absence d’offre triple-play avec téléphone et TV, coût élevé…).
Dés son élection en 2008, Jean-Claude Luche a décidé de s’attaquer aux zones d’ombres qui subsistaient. Pour ce faire, le Conseil général a opté pour une technologie qui avait fait ses preuves ces dernières années pour équiper certaines zones blanches en NRA-ZO (Nœuds de raccordement d’abonnés en zones d’ombre). Ces NRA-ZO sont en fait des réémetteurs permettant d’amplifier le signal ADSL jusqu’à 5 km, via la ligne de cuivre traditionnelle et de desservir ainsi un plus grand nombre d’abonnés jusque là trop éloignés des NRA classiques pour être éligibles à l’ADSL. Même si cette technologie ne permet pas toujours de bénéficier de débits très importants et de véritables offres triple-play en raison de l’éloignement des abonnés des NRA (affaiblissement du signal), elle a le mérite d’offrir une connexion fiable et de qualité tout à fait acceptable pour surfer sur internet (généralement 1 à 2 Mbits/s et de bénéficier de la téléphonie fixe illimitée). Un avantage substantiel pour les foyers isolés.
Un premier investissement de 7 millions d’euros, confié à France-Télécom, concernait l’équipement de 26 sites du département. Depuis l’automne 2010, l’intégralité de ces 26 NRA-ZO sont aujourd’hui opérationnels et ont permis à quelques centaines de nouveaux abonnés d’être connectés au haut débit et à d’autres, d’améliorer leur débit. Ceci porte le nombre de lignes éligibles à l’ADSL en Aveyron à 192 000 sur un total de 198 500 lignes. Une deuxième phase d’investissement vient d’être décidée par le Conseil général. Elle prévoit d’équiper 27 sites supplémentaires en technologie NRA-ZO dans le courant de l’année 2011, ce qui permettra d’approcher un taux de couverture ADSL proche de 97% au niveau départemental. Pour autant, la couverture ADSL via cette technologie ne pourra permettre de neutraliser l’intégralité des zones d’ombre du département, sauf à investir des sommes considérables qui ne peuvent se justifier.
A fin 2011, après la mise en service des derniers NRA-ZO, le département de l’Aveyron comptera à peine plus de 3% des lignes exclues de l’ADSL, ce qui est finalement très peu au regard de la topographie et de la très faible densité de population de ces zones rurales. Pour ce qui est des habitants des zones les plus isolées, des solutions alternatives et peu onéreuses permettent aujourd’hui l’accès aux hauts-débits à des conditions satisfaisantes.
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