Présidentielle 2012 : Hollande succède à Sarkozy à l’Elysée

8 Mai 2012

Finalement, sans grande surprise, François Hollande a emporté la présidentielle 2012 avec 51.3% des voix.

Disposant d’une avance substantielle depuis le lancement de sa campagne en fin d’année 2011, largement favori des instituts de sondage qui lui avaient donné une avance allant jusqu’à 20 points par rapport à Nicolas Sarkozy, le nouveau président ne l’a finalement devancé que d’un plus de 3 points. Autant dire qu’au fil des semaines, son avance a sensiblement fondu. Mais l’essentiel n’était-il pas de gagner le scrutin le 6 mai ? Voilà qui est fait pour Hollande.

Au final, ce dernier remporte l’élection sans panache, avec un score relativement modeste et un taux de participation en baisse à 81%. Rappelons qu’en 2007, Nicolas Sarlozy avait été élu avec plus de 53% des voix avec une participation de prés de 86%. Voilà qui en dit long sur le faible intérêt des français pour la campagne et leur peu de motivation à aller voter, après une morne campagne marquée par la quasi-absence de propositions pour sortir de la crise et surtout l’alliance des 9 candidats contre le président sortant, en lui faisant porter le chapeau de tous les maux du pays. C’était effectivement plus facile que de parler des solutions à la crise !

Face un président sortant affaibli par la crise et au plus bas dans les sondages depuis plusieurs années, force est constater qu’avec seulement 51.3% des voix, François Hollande est loin d’avoir convaincu. Et pour cause, il n’a pas apporté de réponse claire aux problèmes liés à la grave crise actuelle, ni su galvaniser les français sur un véritable projet fédérateur pour préserver l’avenir de la France. S’il l’emporte, c’est davantage par la relative faiblesse de Nicolas Sarkozy et surtout l’anti-Sarkozysme qu’il a habilement distillé tout à long de cette campagne que par l’adhésion à sa personne.

Elu principalement par rejet du sortant, le nouveau président de la République n’a qu’une légitimité limitée. Il devra au plus vite rassurer les français quant-à sa capacité à assumer les plus hautes fonctions en ces temps de crise et surtout prendre rapidement les bonnes décisions, à commencer par la réduction des dépenses publiques. Il n’y aura guère d’état de grâce d’autant que le nouveau président doit maintenant emporter les élections législatives ; un résultat qui n’est pas acquis même si habituellement, les français ont donné une majorité aux élections législatives qui ont suivi l’élection de ce dernier.

De son côté, parti de très loin et au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy a réalisé une lente mais belle remontée pour terminer à 48.37% des voix. Malgré la position difficile du sortant, qui a du traverser la crise financière de 2008, puis celle de la dette de la zone euro en 2010 à 2012, il a mené une campagne de terrain courte mais courageuse pour tenter d’expliquer sa gestion et proposer son programme. Hélas, il est souvent apparu un peu seul dans cette campagne, parfois basée sur des thématiques marginales, qui ont probablement nuit à la lisibilité et à la cohérence de son projet.

Comme au cours des diverses crises qu’il a du affronter, Nicolas Sarkozy s’est battu jusqu’au bout face à une coalition sans précédent, unie comme lui, avec l’énergie hors de commun qu’on lui connaît. Dommage que cette énergie et cette expérience précieuse ne reste pas au service de la France.

Quoi qu’il en soit, le nouveau président devrait entrer en fonction dés le 15 mais prochain et désigner rapidement son gouvernement en vue d’affronter les élections législatives des 10 et 17 juillet prochains. Gageons que ces dernières nous réserveront quelques surprises, tant à gauche qu’à droite, où l’UMP devra faire face à un Front national sorti renforcé de la dernière présidentielle.

Quel que soit le résultat, qu’ils le veillent ou non, les français vont devoir passer à la caisse. Espérons que ce ne sera pas pour rien ! Cette fin d’année 2012 risque de se révéler politiquement et socialement très chaude et délicate pour le nouveau pouvoir. Un test grandeur nature pour Hollande et son équipe.


France : la mort annoncé du centre incarné par le Modem

3 Mai 2012

Comme il l’avait annoncé, François Bayrou qui avait obtenu 9.13% des voix au 1er tour de l’élection présidentielle, s’est prononcé ce jeudi 03 mai pour le second tour de scrutin.

Alors qu’il a toujours appartenu à des formations politiques de centre droit et participé à de nombreux gouvernement de la même couleur politique ces dernières décennies, à titre personnel, il a indiqué qu’il voterait pour François Hollande au deuxième tour. Pour autant, il a tenu à rappeler que son parti le Modem ne donnait aucune consigne de vote.

Voilà une décision qui constitue une première pour une formation politique de centre droit : rallier la gauche pour l’élection présidentielle. Il faut croire que les amicales pressions et autres propositions de François Hollande n’y sont pas étrangères. Car au final, quels peuvent être  les points communs entre une formation politique du centre et la gauche la plus radicale ? Comment ce même François Bayrou qui s’était fait le chantre de la lutte contre les déficits publics et la dette, peut-il rallier la gauche et Hollande qui refusent de mettre en œuvre la règle d’or et de réduire durablement les dépenses publiques ? N’y a-t-il pas là une imposture de la part de M. Bayrou ?

Pour justifier cet appel du pied à la gauche et à l’extrême gauche, M. Bayrou s’est dit offusqué par les prises de position de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration et vis-à-vis du Front national qu’il ne saurait appuyer de quelques manières que ce soit. N’est-ce pas là une argumentation un peu simpliste et erronée ? En tout cas, l’immense majorité de ses anciens amis centristes de toujours restent fidèles à Nicolas Sarkozy et ne semblent pas heurtés par les discours de ce dernier. Ils sont pourtant au moins aussi centristes que lui, si ce n’est plus.

On le sait, M. Bayrou apprécie davantage Hollande que Sarkozy qu’il déteste. Et puis M. Bayrou, dont le parti végète régulièrement à moins de 5% aux élections, sait être opportuniste. Il ne lui a pas échappé que les instituts de sondages donnent M. Hollande comme favori du second tour. Après tout, pourquoi ne pas tenter de faire un bout de chemin avec la gauche puisque le vent semble souffler dans ce sens, quitte à s’allier avec le diable et à renier ses propres engagements et convictions. Et si au final Nicolas Sarkozy l’emportait contre tous ?

Une chose est sûre, pas sûr que les électeurs du Modem qui votent à prés de 50% pour Nicolas Sarkozy, apprécient une telle manœuvre politicienne et tellement opportune pour lui-même ; lui qui par le passé s’est si souvent montré virulent envers les deux grandes formations politiques traditionnelles.

Une chose est sûre, en ralliant sans conditions M. Hollande, François Bayrou signe sa mort politique à court terme. Jamais son électorat traditionnel et plus encore ses nombreux amis politiques ayant rejoint Nicolas Sarkozy ne lui pardonneront cet écart. D’ores et déjà, les personnalités politiques du centre vont monter à la manœuvre pour faire renaître dans les prochains mois cette formation politique au centre de l’échiquier politique français, comme le fut jadis l’UDF.

Le centre devrait ainsi renaître sans Bayrou. Après tout, l’abandon d’un centre mou au profit d’un centre droit pro-européen et représentatif devrait grandement contribuer à régénérer et redynamiser la vie politique française qui en a tant besoin. Le suicide de Bayrou aura peut-être du bon !


Présidentielle 2012 : le débat télévisé entre Nicolas Sarkozy et François Hollande

3 Mai 2012

Finalement, le débat de deuxième tour de l’élection présidentielle entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, n’aura attiré que 18 millions de téléspectateurs, contre prés de 20 millions en 2007. Un débat de prés de 3 heures qui n’a finalement pas apporté d’éléments nouveaux au fond.

Nicolas Sarkozy s’est montré calme et convaincant sur son programme, son bilan et dans ses attaques. A l’inverse, et ce fut probablement la surprise, François Hollande est apparu plutôt agressif, pour ne pas dire arrogant, plus habile à critiquer le bilan de son adversaire qu’à détailler et argumenter ses propositions. Il a ainsi confirmé une fois de plus son art de l’esquive.

Après ce débat où les français souhaitaient connaître un peu mieux le candidat François Hollande et mesurer ses capacités à assumer la fonction présidentielle, beaucoup de français ont du rester sur leur faim. Globalement, Nicolas Sarkozy par sa relative sérénité et son argumentation plutôt précise, a donné l’impression d’un président pausé et prêt à conduire la France à bon port, dans les conditions difficiles qui sont les siennes aujourd’hui.

Les réactions à gauche :

Laurent Fabius sur Europe 1 a déclaré : « Vous aviez d’un côté un président sortant, j’allais dire finissant, et de l’autre un président entrant« . Selon lui, « au fond, il (Nicolas Sarkozy) n’a pas grand-chose à dire sur le futur, et il est en voie de finir son mandat. » Au contraire, « on a vu hier et de loin que François Hollande avait la carrure« .

Pour Martine Aubry, le candidat socialiste a montré qu’il avait bien « l’étoffe présidentielle« , face à un « Nicolas Sarkozy (qui) n’assume pas son bilan« . A propos des accusations de mensonge que se sont adressées les deux débatteurs d’hier soir, la patronne du PS souligne que de son point de vue, « il y a faillite morale de la part du président sortant. Il a menti aux Français. François Hollande, lui, a été extrêmement clair et précis. » Hier soir, Martine Aubry a affirmé avoir trouvé François Hollande exceptionnel face à un Nicolas Sarkozy « sur la défensive« . Pour elle, le débat a illustré ce que serait sa présidence : « un cap clair et des valeurs de la France retrouvées« .

« Face à un adversaire sans idées et sans autre projet que celui de sa réélection, spécialiste des contre-vérités et des approximations, François Hollande  a démontré sa connaissance des dossiers. C’est le Président qu’il faut à la France« , a jubilé par communiqué, François Rebsamen, le M. Sécurité du PS. Ségolène Royal, a estimé sur son compte Twitter : « François a dominé le débat avec force et vérité. Le changement est en marche. L’espoir est là. »

Les réactions à droite :

« François Hollande fuit, il esquive les questions depuis des semaines. Nicolas Sarkozy était précis, c’est sa façon de respecter les Français« , a déclaré sur I-Télé Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy. Sur France Inter, elle s’est déclarée « étonnée » par le « côté agressif » de François Hollande lors du débat, qui tranche selon elle, avec son attitude « placide » en dehors des plateaux.

Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, a affirmé que « ce débat a permis à notre candidat d’atteindre tous les objectifs. C’était le moment de confrontation qui devait montrer de manière éclairante d’un côté la force d’un projet, celui de Nicolas Sarkozy, la détermination, la solidité d’un homme, et face à cela un François Hollande en retrait, en hésitation, en hyper agressivité sur la totalité des thèmes. »

Sur BFM TV, Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, a jugé que « finalement il y a un président sortant et il y a quelqu’un qui n’a jamais exercé de responsabilités donc il n’a pas de bilan, donc c’est facile de critiquer le bilan du sortant surtout quand il est passé à travers quatre années de crise terrible ».

« Après le débat de ce soir, les Français peuvent juger, face aux imprécisions, à l’arrogance et à l’agressivité du candidat socialiste, de la solidité, de la force de l’expérience et du sérieux des propositions de Nicolas Sarkozy nécessaires au redressement de notre pays« , écrit le ministre du Travail Xavier Bertrand.

Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse a estimé : « Nicolas Sarkozy par sa compétence, son volontarisme, et sa connaissance des dossiers a mis en exergue l’inexpérience gouvernementale de François Hollande, et l’imprécision de ses propositions….  Le candidat socialiste a pour seul bilan d’avoir coulé son département pour des décennies. »

Au final, ce sont les électeurs qui désigneront le vainqueur dimanche 6 mai.


Présidentielle 2012 : un 1er mai un peu moins rouge que d’habitude grâce à Nicolas Sarkozy

1 Mai 2012

A la veille du second tour de l’élection présidentielle, les syndicats français avaient appelés massivement leurs adhérents à manifester ce 1er mai 2012.

Avec un peu moins de 10% de l’ensemble des salariés, dont prés des ¾ issus de la fonction publique, les syndicats sont peu représentatifs en France. C’est d’ailleurs le principal handicap des syndicats français contrairement aux pays européens du nord où les salariés sont fortement syndiqués. De fait, le dialogue social y est permanent grâce à la responsabilité des syndicats beaucoup plus ouverts et tournés vers l’avenir que chez nous. C’est ce manque de représentativité qui contribue au blocage de la société française et aux faibles avancées sociales.

Malgré une participation en hausse sensible par rapport aux autres années, épaulés par de nombreux responsables et militants en provenance du front de gauche, d’Europe écologie Les Verts et du parti socialiste avec à leur tête Jean-Luc Mélenchon, Ségolène Royal, Martien Aubry et bien d’autres, les syndicats n’ont que  partiellement réussi leur démonstration. Prés de 50 000 personnes à Paris et 320 000 en France selon la Police, trois fois plus selon la CGT. Dans les défilés, beaucoup de drapeaux rouges comme au bon vieux temps, avec de nombreux slogans anti-Sarkozy et d’autres en faveur de Hollande. Au final, un défilé bien politique et très peu syndical comme c’est souvent le cas en France.

De son côté, Nicolas Sarkozy avait profité de ce 1er mai pour appeler ses supporters à le rejoindre pour un grand meeting de campagne du côté de la place du Trocadéro à Paris. Après tout, rien d’anormal d’organiser un 1er mai un grand  meeting à quelques jours d’un second tour important pour le pays. Prés de 200 000 personnes ont répondu présentes pour soutenir leur candidat et faire entendre, une fois n’est pas coutume, un autre son de cloche face aux syndicats. Une manifestation aux couleurs tricolores qui tranchait singulièrement de vivacité face à un morne défilé syndical tout de rouge.

Nicolas Sarkozy en a profité pour regretter l’attitude irresponsable des syndicats français trop retranchés sur des combats d’arrière-garde, totalement dépassés par les enjeux, plutôt que de défendre les intérêts des salariés qui doivent aujourd’hui faire face à une mondialisation des échanges qui fragilise bien des entreprises et pénalise l’emploi local. Et d’appeler les syndicats à faire preuve d’ouverture et d’un esprit de dialogue constructif, plutôt que de brandir systématiquement les drapeaux rouge.

N’est-ce pas hélas la réalité de la France aujourd’hui bloquée du fait de quelques syndicats qui regardent plus leurs petits intérêts que celui de leurs adhérents et de l’avenir du pays en général ?

Pendant ce temps, où était l’autre candidat à la présidentielle ? A Nevers, bien loin des tensions parisiennes, pour une prétendue commémoration. Une fois de plus François Hollande apparaît comme de roi de l’esquive, incapable d’affronter directement les évènements. Est-ce bien là une attitude responsable et crédible de la part de quelqu’un qui aspire à gouverner le pays ? Une fois de plus, il est permis de douter de ses capacités à faire face à la situation présente.

Par contre, une chose est sûre, Nicolas Sarkozy que ce soit en tant que président de la République ou simple candidat, fait régulièrement montre d’une grande capacité à affronter les situations de crise et d’une détermination peu courante qui semble faire défaut à son challenger du deuxième tour. Le choix du futur président sera fondamental pour l’avenir du pays car il faudra rapidement prendre des décisions très importantes, impopulaires et courageuses.


Présidentielle : The Economist vote Nicolas Sarkozy contre François Hollande, jugé dangereux pour la France et l’Europe

27 avril 2012

Il y a quelques semaines, The Economist avait consacré sa une à la campagne présidentielle française en dénonçant le déni des candidats à l’égard de la grave crise que connaît la France. Selon le célèbre hebdomadaire économique britannique de référence du monde anglo-saxon, la France serait au bord du gouffre et devrait s’engager au plus vite dans une politique de rigueur stricte visant à réduire ses dépenses publiques et engager les nécessaires réformes structurelles.

A la veille de second tour de la présidentielle, The Economist récidive et fait à nouveau sa une avec un titre très engagé : « The rather dangerous Monsieur Hollande », c’est-à-dire, le plutôt dangereux Monsieur Hollande pour la France et l’Europe.

L’hebdomadaire libéral britannique critique avec virulence le candidat socialiste. « Le programme de M. Hollande n’est pas à la hauteur de l’ampleur de la crise, d’autant que tous les voisins de la France ont engagé de véritables réformes. Il parle beaucoup de la justice sociale, mais peu de la nécessité de créer de la richesse. Bien qu’il s’engage à réduire le déficit budgétaire, il prévoit de le faire en augmentant les impôts, plutôt que de tailler dans les dépenses. Ainsi, M. Hollande a promis d’embaucher 60.000 nouveaux enseignants… »

Selon l’éditorialiste de l’hebdomadaire, François Hollande serait  « trop hostile aux changements structurels ». Or, la France a besoin de réformes importantes, aussi douloureuses soient-elles. S’il ne les mène pas sans tarder, les marchés finiront rapidement par l’y contraindre. Et d’affirmer que si François Hollande transmettait à ses voisins européens sa volonté à stimuler la croissance avant de réduire les dépenses publiques et d’améliorer la compétitivité du Vieux Continent, c’est la survie même de l’euro serait en cause.

The Economist rappelle avoir activementsoutenu Nicolas Sarkozy en 2007 et félicite le président sortant d’avoir assoupli « les 35 heures des socialistes, libéré les universités, et relevé l’âge de la retraite ». Selon le journal, « Nicolas Sarkozy a eu la malchance d’être frappé par la crise économique », mais il a progressivement adopté un ton plus « protectionniste, anti-immigrants, et anti-Europe probablement pour convaincre l’électorat du Front National. »

Au final, s’il devait voter, The Economist choisirait clairement Nicolas Sarkozy, mais « pas plus pour ses mérites que pour maintenir François Hollande à l’écart ».


Présidentielle 2012 : un 2ème tour ouvert entre Nicolas Sarkozy et François Hollande

25 avril 2012

Le 1er tour de l’élection présidentielle française n’a finalement pas réservé de grosse surprise, même si Nicolas Sarkozy n’arrive qu’en deuxième position ; une première pour un président sortant.

François Hollande a finalement terminé en tête avec 28.63% des suffrages, devant Nicolas Sarkozy qui obtient 27.18%. Si le résultat du président sortant est en deçà de ses espérances, le score réalisé reste néanmoins fort honorable compte tenu qu’il avait été la cible de l’ensemble des candidats au cours de cette campagne. Par ailleurs, la grave et profonde crise que traverse notre pays n’est pas favorable aux candidats sortants, bien au contraire, comme on peut le vérifier dans divers pays européens.

Dans ce contexte, il faut bien reconnaître que le second tour s’annonce sensiblement plus ouvert que prévu, même si le candidat socialiste, dispose de réserves de voix qui lui permettent de rester confiant.

La surprise est plutôt venue du niveau élevé du vote en faveur de Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite, qui atteint 17.90% des suffrages et lui permet d’arriver nettement en troisième position, devançant largement le candidat d’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon qui s’octroie 11.11% des voix, soit un peu moins que ne le laissait espérer les enquêtes d’opinion. Quant-à François Bayrou, le candidat centriste du Modem, il n’atteint pas les 10% et doit se contenter de 9.13% des voix. Enfin, la candidate écologiste, Eva Joly reste loin de son objectif et doit se contenter d’un piètre score de 2.31%.

La relative déception concerne le taux d’abstentionnistes qui s’établit à un niveau de 22.04%, bien plus élevé que celui de la présidentielle de 2007 où il avait été le plus bas, avec un taux de 16% seulement. Difficile de dire à qui a profité ce niveau élevé d’abstentionnistes mais nul doute que Nicolas Sarkozy en a été la principale victime. Feront-ils la grève du vote pour le deuxième tour et pour qui pencheront-ils s’ils se déplacent ?

Les résultats globaux établissent un rapport de force politique à 56% pour le bloc de droite et à 44% pour le bloc de gauche. Pour autant, cela ne signifie pas que Nicolas Sarkozy est favori pour l’emporter, d’autant qu’en 2007 ce rapport était de l’ordre de 60% – 40% en faveur de la droite. Pour le président sortant, contrairement au candidat socialiste qui bénéficie d’un excellent report des voix de gauche et d’extrême gauche pour le deuxième tour, le report des candidats de droite, d’extrême droite et du centre sur Nicolas Sarkozy n’est pas assuré au-delà d’un niveau de l’ordre de 50%.

Restent donc à savoir vers qui iront ces voix au deuxième tour : François Hollande ou l’abstention ? Probablement les deux à la fois. Tout aussi déterminant, les abstentionnistes du 1er tour se décideront-ils d’aller voter plus massivement et pour quel candidat ? Voilà beaucoup d’inconnues auxquelles il paraît bien difficile de répondre aujourd’hui.

Si François Hollande reste favori, rien n’est perdu pour Nicolas Sarkozy notamment s’il réussit son débat et sait remobiliser l’électorat de droite et du centre autour de lui. La campagne du deuxième tour s’annonce intense et devrait enfin aborder les sujets de fond qui préoccupent les français : la réduction de la dette et des dépenses publiques, la compétitivité de notre économie, l’avenir de l’Europe, la lutte contre le chômage et la précarité, l’avenir du système de protection sociale…

Espérons que les deux candidats apporteront des réponses précises à ces questions pour permettre aux français de se prononcer en toute connaissance de cause.


Présidentielle 2012 : une campagne morne qui a ignoré les réalités auxquelles la France va devoir faire face

20 avril 2012

La campagne électorale du 1er tour de l’élection présidentielle française prend fin ce 20 avril. Pour autant, rarement les électeurs auront été aussi indécis et versatiles à 48 heures du scrutin.

A ce jour, l’ensemble des candidats qui affrontent le président sortant se sont avérés incapable de présenter un véritable programme structuré, cohérent et crédible face à la gravité de la situation qui est aujourd’hui celle de la France. Si comparé à la plupart des pays d’Europe, notre pays a plutôt bien résisté, c’est au prix d’une explosion de la dette et du chômage. La précarité de la situation actuelle exige que la France poursuive ses réformes de structures et s’engage enfin durablement dans un programme de réduction drastique des dépenses publiques. De cela, les programmes n’en parlent pas !

Jusqu’à aujourd’hui, les candidats ont brillé par leur silence sur les réponses à apporter à la crise de la dette française, sauf François Bayrou qui a timidement abordé le sujet. Pire, François Hollande a même été jusqu’à refuser de s’engager sur le principe de la « règles d’or » et laissé entendre qu’il souhaitait renégocier les termes du dernier accord européen pourtant ratifié par tous les pays de l’Union. Ces principales recettes pour sortir de la crise, c’est au contraire plus de dépenses publiques et d’impôts. Quelle irresponsabilité politique que de laisser croire aux français qu’il y a une autre alternative pour sortir de la crise de la dette que de réduire fortement les dépenses ? Le manque de courage politique est consternant et on comprend mieux le regard incrédule de la plupart des observateurs politiques étrangers face à l’absence de débat de fond au cours de cette présidentielle.

Pour occuper le terrain, la quasi-totalité des candidats a mené campagne sur le seul thème jugé porteur au plan électoral : critiquer Nicolas Sarkozy et l’accuser de tous les maux dont souffre notre pays en laissant même entendre, qu’en battant se dernier à la présidentielle, on réglerait tous les problèmes du pays. Cet anti-Sarkozysme primaire qui perdure depuis des années en France et n’a eu de cesse de s’amplifier, alimenté par une presse largement acquise aux forces de gauche, a finalement été le seul moteur de la campagne pour les candidats. C’est manifestement le seul moyen trouvé par les candidats en manque d’arguments pour répondre aux graves problèmes que traverse notre pays. Les français seront-ils dupes de cette absence de programme ?

S’il y a beaucoup à dire sur l’attitude de Nicolas Sarkozy au cours de sa présidence, une chose est indéniable : il a permis à la France d’affronter avec un certain succès la profonde dépression financière de 2008 et traverser au mieux la grave crise de la dette de 2011. Ce qui explique aujourd’hui la situation relativement privilégiée de la France par rapport à d’autres pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni. Sous la conduite du président Sarkozy, en dépit de l’ampleur sans précédent de diverses crises, le pays s’est engagé dans la voie de réformes profondes et la réduction des dépenses publiques. Ce n’est hélas pas suffisant et il est nécessaire d’aller beaucoup plus loin en réduisant au plus vite notre dette et notre exposition à la dictature des marchés qui risquent d’exiger rapidement une augmentation des taux d’intérêts lors des prochaines émission d’emprunt d’Etat.

Quoi qu’il en soit, même s’ils feignent de l’ignorer, les français ont bien compris que notre pays ne va pas pouvoir continuer à dépenser sans compter et à augmenter ses impôts pour se financer. Cette époque est aujourd’hui définitivement révolue, même si François Hollande et ses acolytes ne semblent pas l’avoir compris. Peut-être préfèrent-ils tromper les français et les conduire directement à la faillite et à la misère !

L’heure, pour la France, est donc à la rigueur et à la réduction des dépenses publiques, mais aussi aux mesures destinées à améliorer la compétitivité de nos entreprises pour stimuler la croissance, l’emploi et les exportations. Malheureusement aucun candidat n’a eu le courage d’avouer aux français que la grave crise actuelle que traverse le pays impose nécessairement des efforts pour tous.

Nicolas Sarkozy était bien parti pour aborder ses questions primordiales en suggérant aux français une politique inspirée par la rigueur allemande et que, pour cela, il allait falloir s’attaquer au fléau qui sévit depuis 40 ans dans notre pays : l’augmentation inexorable des dépenses publiques. Signe de cette volonté, pour la première fois depuis des décennies, les dépenses publiques ont été maitrisées en 2011 avec une augmentation nulle ; une petite révolution et un pas vers la rigueur, tout en épargnant la majorité des français. Hélas, les sondages, n’ont pas tardé à signifier au président sortant que les français n’appréciaient guère ce souci de rigueur budgétaire. Du coup, le sujet a été mis de côté depuis la mi-mars.

Pour autant, ni les autres candidats, ni les médias, n’ont daigné engager le débat sur le sujet ; le seul qui soit pourtant aujourd’hui d’actualité pour la France. Autant dire que, quel que soit les résultats de la présidentielle, les français risquent de déchanter au soir du 6 mai, et plus encore fin juin, à l’issue des élections législative.

Passé les élections, la priorité sera à la rigueur et la réduction des dépenses publiques, non seulement pour respecter les engagements pris par la France de retour à l’équilibre budgétaire dés 2016 (des engagements qui ne sauraient être remis en cause), mais surtout pour éviter la faillite qui guette le pays si jamais des mesures énergiques n’étaient pas prises pour réduire au plus vite la dette. Que cela plaise ou non, après avoir vécu au dessus de nos moyens durant des décennies, le moment est venu pour les français de payer la facture de la dette excessive et elle risque d’être salée.

Il faut espérer que les français, par delà les grotesques  manipulations politiciennes, ont bien compris l’enjeu profond de cette élection. Ce n’est pas l’anti-Sarkozysme primaire qui anime la plupart des candidats qui permettra de sortir de l’impasse actuelle.

Gageons que les français réserveront quelques surprises par rapport aux attentes médiatiques.


Présidentielle 2012 : les confusions de François Hollande face aux agences de notations et la possible perte de la note AAA

18 avril 2012

Dans une interview au Journal du dimanche daté du 15 avril, François Hollande, avait évoqué une possible décision de l’agence de notation financière Moddy’s de revoir à la baisse, pour le 12 mai prochain, la notation de la France.

Le candidat socialiste qui s’exprimait également sur RFI avait expliqué : « Cette agence de notation, Moody’s, a annoncé il y a déjà plusieurs semaines qu’elle donnerait une confirmation de sa note au lendemain de l’élection présidentielle, non pas parce que ce serait après l’élection présidentielle, mais parce que c’est dans son propre calendrier. Donc, imaginez : si nous étions victorieux au lendemain du 6 mai, il pourrait y avoir en cas de note négative une forme de confusion. J’ai voulu l’écarter, et la prévenir : la note qui sera accordée à la France sera la note accordée à la gestion de Nicolas Sarkozy », a insisté François Hollande. On comprend mieux, pour autant, il s’agit là d’élucubrations purement fantaisistes de sa part.

Dans un communiqué publié lundi 16 avril, l’agence Moody’s a clairement affirmé, sans citer François Hollande, qu’elle n’envisageait absolument pas de changement imminent de la note de la dette de la France, alors que le candidat socialiste à la présidentielle avait évoqué une décision possible de Moody’s pour le 12 mai. L’agence déclare que sa décision d’assortir la note de la France d’une perspective négative, annoncée le 13 février dernier, « ne signale pas un changement imminent de la notation, mais constitue une indication de l’évolution probable dans les 12 à 18 mois ».

En cas de placement d’une note sous surveillance négative (ce qui n’est pas le cas de la France à ce jour, contrairement à ce que laisse entendre Hollande), Moody’s se donne habituellement trois mois de délai ou fixe une échéance précise qui correspondra à l’annonce d’une décision concernant la note. C’est seulement à l’issue de ce délai qu’elle décidera de maintenir la note ou de l’abaisser dans le cas d’un basculement sous surveillance négative. Enfin, les agences de notation n’ont pas pour habitude de modifier leurs appréciations quelques jours après une élection.

Rappelons que Moody’s, la principale agence de notation mondiale, comme l’autre agence Fitch Ratings, avait confirmé en février dernier la note  « AAA ». Pour autant, Moody’s avait modifié la perspective associée à la note de la France, faisant passer celle-ci de « stable » à « négative ». Elle n’avait toutefois pas fixé d’échéance précise quant à une éventuelle évolution de la note elle-même. C’est là la principale différence entre les notions de perspective et de surveillance, que semble avoir confondues volontairement ou non, François Hollande.

Une fois encore, le candidat socialiste est pris la main dans le sac en voulant faire croire aux français que Moody’s envisageait une dégradation de la note française après l’élection. Etrange pour qu’un candidat à la présidence puisse confondre « perspective négative » et « surveillance négative ». A tout vouloir mettre sur le dos de Nicolas Sarkozy, alors qu’il ne propose lui-même aucune mesure concrète et crédible pour réduire drastiquement les dépenses publiques et retrouver au plus vite l’équilibre budgétaire, il y a de quoi s’interroger. S’il devait être élu, n’est-ce pas sa propre incompétence qui risque de faire perdre son « AAA » à la France ?

Voilà qui en dit long sur les maigres ambitions de François Hollande pour la France. Qu’il soit rassuré, s’il y a remise en cause du triple « AAA » de la France par Moody’s, ce ne sera pas avant deux ou trois mois après l’élection présidentielle, lorsque les grandes lignes du projet du nouveau président seront dévoilées et que les premières mesures législatives seront prises. Ce n’est qu’au vu de la détermination du nouveau président de la République et de son gouvernement à s’attaquer à la réduction des dépenses publiques que les agences de notations ajusteront les perspectives et seront peut-être amenées à mettre notre pays sous surveillance négative avec perte du « AAA ».

Cela dépendra exclusivement des décisions envisagées par le nouveau gouvernement en matière budgétaire et de gouvernance du pays. Quel que soit la décision des agences, les choix opérés le gouvernement précédent n’y seront alors pour rien. Gouverner, c’est aussi assumer ses propres contradictions et responsabilités. Voilà qui promet au français une rentrée pour le moins tendue et morose, notamment dans l’hypothèse d’une élection de François Hollande.