Au-delà des gesticulations politiciennes, le gouvernement socialiste ne peut ignorer la réalité des difficultés actuelles auxquelles est confronté le groupe PSA
Avec prés de 200 000 personnes, dont prés de la moitié en France, 3 620 000 véhicules produits et un chiffre d’affaire de 60 milliards d’euros, en 2012, PSA est l’un des principaux groupes industriels français qui participe activement au développement de son industrie, notamment au travers de l’activité de nombreux sous-traitants représentant des centaines de milliers d’emplois. Si le groupe rencontre aujourd’hui quelques difficultés, c’est d’abord en raison de la grave crise européenne qui sévit notamment sur ses principaux marchés : l’Italie, l’Espagne, la Portugal et la Grèce. Effectivement, on peut toujours reprocher à PSA de ne pas avoir suffisamment diversifié ses marchés ! Il convient cependant de noter que PSA fabrique en 2012 prés de 45% de ses véhicules en France alors que son concurrent Renault, entreprise publique, n’en fabrique localement guère plus de 30% seulement. Probablement y a-t-il là un lien de cause à effet !
Le gouvernement sait parfaitement que les coûts de production en France sont tels que les véhicules fabriqués dans notre pays sont nettement plus chers que ceux fabriqués en Roumanie ou hors d’Europe. Ce qui pénalise lourdement les ventes. Habilement, le gouvernement oublie d’évoquer ce point important qui est à l’origine de l’essentiel des difficultés du groupe PSA. Par son attitude, n’encourage-t-il pas le constructeur à délocaliser davantage sa production ? Le gouvernement français ne peut ignorer une réalité connue de tous en Europe ; à savoir que les surcapacités de production de l’industrie automobile européenne ces dernières années sont de l’ordre de 25%, c’est-à-dire, qu’en moyenne, les usines ne tournent qu’à 75% de leur capacité. Ce qui n’est pas viable à moyen terme pour un constructeur moyen comme PSA, d’autant que certaines de ses usines comme Aulnays-sous-Bois ou Rennes ne tournent à guère plus de 65% depuis des mois.
Après avoir réduit ses investissements au cours des derniers mois et engagé une politique de réduction des dépenses et de cessions d’actifs, PSA n’a donc d’autre choix que de réduire maintenant ses effectifs pour subsister. Même si le chiffre envisagé des suppressions d’emplois est important, le groupe a mis un place un plan de reclassement et d’accompagnement qui permettra de limiter très largement les licenciements secs.
Difficile de reprocher à PSA de ne pas avoir suffisamment investit dans le renouvellement de ses gammes, au vu des nombreux nouveaux modèles PSA, qu’il s’agisse de Peugeot ou de Citroën. Le groupe a connu ces dernières années une véritable refonte et une montée en gamme avec une qualité unanimement reconnue. Pour que les effets se fassent ressentir, il faudra cependant quelques années. Le groupe a aussi beaucoup investit dans les véhicules hybrides, peu gourmands en énergie mais qui restent encore souvent relativement onéreux à l’achat. Enfin, des véhicules « low-cost » seront prochainement commercialisés dans les marchés émergeants comme la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil. La réactivité du groupe PSA, sous la présidence de Philippe Varin est incontestable.
La seule responsabilité qui peut être imputée aux dirigeants de PSA, et en particulier à la famille Peugeot principal actionnaire avec 30% du capital, c’est de s’être refusée au cours de la dernière décennie à toute alliance avec un grand constructeur automobile. Un tel adossement aurait eu l’avantage de mutualiser les coûts de production et d’obtenir des prix de revient plus compétitifs. Mais que n’aurait-on dit si le groupe était passé sous contrôle de certains constructeurs étrangers ? L’alliance récente avec Général Motors, groupe lui-même convalescent, devrait toutefois permettre à PSA d’abaisser sensiblement ses coûts de production et d’être plus compétitif en terme de prix de vente. Encore faudrait-il que le gouvernement français mène une politique économique et sociale qui favorise la compétitivité des entreprises industrielles car c’est d’abord là son rôle s’il veut sauver l’emploi en France !
S’agissant du prêt de 4 milliards d’euros consenti en 2008 à PSA comme à Renault par l’Etat, il portait un intérêt élevé de plus de 6% (ce qui a rapporté plus de 700 millions d’euros dans les caisses de l’Etat) et, qui plus est, il a été entièrement remboursé voici plus d’un an. Il n’y a donc eu aucun cadeau à PSA qui a respecté ses engagements durant le prêt. Rappelons que cet emprunt a été consenti en raison de la crise bancaire de 2008 et du manque de liquidités qui menaçaient gravement la trésorerie de nombreuses entreprises. Sur ce point, comme sur les autres, le gouvernement socialiste a donc tout à fait tort de laisser croire aux français que PSA aurait bénéficié d’un régime de faveur. Il est vrai qu’on n’est pas à un mensonge prés chez les socialistes !
En réalité, ces accusations ne sont que fumisteries pour cacher les difficultés et l’incapacité du gouvernement socialiste à faire face à la crise et aux vagues de licenciements qui s’annoncent. Ce ne sont pas les élucubrations éhontées du ministre du « redressement productif », Arnaud Montebourg, qui permettront d’améliorer la compétitivité de notre industrie, bien au contraire ! Avec un gouvernement incapable de s’attaquer à la réforme de l’Etat et à la réduction des dépenses publiques, l’avenir des entreprises françaises s’annonce sombre et par voie de conséquence, l’emploi. La rentrée 2012 s’annonce chaude à bien des égards…