Rodez : les vrais enjeux du musée Soulages (1)

Quelques semaines après la pose de la première pierre du musée Soulages, dont l’ouverture est prévue au printemps 2013, quelques dinosaures aveyronnais persistent encore à douter de l’intérêt d’un tel projet ! Etrange attitude lorsque l’on sait que de très nombreuses villes de France, moyennes et grandes, mais aussi à l’étranger et non des moindres, auraient aimé pouvoir disposer d’un tel musée, porteur d’image mais surtout véritable moteur de développement économique et touristique à long terme.

A Rodez, une poignée de grincheux qui ne connaissent probablement pas grand-chose à l’art et à l’économie en général, se laissent aller à de piètres comparaisons, persistant à laisser croire que le projet serait inutile, couteux et sans grand intérêt au plan économique. Parmi ces personnes, on trouve M. Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées et membre du conseil municipal de Rodez. Il déclarait récemment à la presse locale : « Le musée Soulages ne saurait être une alternative aux emplois industriels, contrairement aux propos imprudents tenus depuis cinq ans. Il peut être un acteur de notoriété pour Rodez, pour un public averti mais peu nombreux… »

Bien surprenante déclaration qui démontre à quel point certaines personnes n’ont manifestement rien compris au projet. Probablement méconnaissent-ils l’œuvre de Pierre Soulages, l’un des plus grands artistes peintres du 20ème siècle dont la renommée est aujourd’hui mondiale ! Certainement font-ils l’amalgame avec certains échecs passés de quelques investissements culturels mineurs qui n’avaient aucun point commun ! Plus certainement pensent-ils qu’au vu de l’investissement opéré et du déficit probable du musée, l’argent aurait été mieux employé ailleurs ! Voilà encore une vision bien aveyronnaise qui ignore la réalité du monde d’aujourd’hui.

Le coût du projet peut effectivement inquiéter certaines personnes habituées à mesurer la rentabilité aux seules recettes directes et immédiates qu’il génère…  Mais ici, il s’agit de tout autre chose. Pour comprendre, il faut replacer les choses à leur place. C’est vrai qu’imaginer un musée Soulages, à Rodez doté d’un label « musée de France », en relation avec de grands musée à travers le monde : Berlin, Bilbao, Barcelone, Zurich, Milan, Paris… et bien d’autres, peut paraître au prime abord démesuré, voire prétentieux.

Que n’avait-on pas dit, il y a 30 ans, lorsqu’un certain Georges Frêche avait lancé une série de grands travaux sous la houlette des meilleurs architectes du monde, pour faire de Montpellier l’une des grandes métropoles régionales françaises que beaucoup envient aujourd’hui ! Que de talent n’avait-il pas déployé pour vaincre le même scepticisme ambiant. N’est-ce pas le même Georges Frêche qui après avoir tenté durant des années de réaliser le musée Soulages à Montpellier, à défaut d’emporter l’adhésion de Pierre Soulages, a finalement décidé d’agrandir le musée Fabre en consacrant une grande partie de celui-ci à l’artiste ? Bien lui en a pris. Depuis son ouverture, le musée Fabre à Montpellier connaît une forte fréquentation, grâce principalement aux œuvres de Pierre Soulages. Il est vrai que le maire de Montpellier a été un bâtisseur et un grand visionnaire. Toute proportion gardée, Rodez doit avoir cette ambition pour dynamiser et moderniser la ville.

Un musée de l’ampleur de Soulages à Rodez est un formidable outil de promotion et de développement économique comme l’avait fort bien compris Marc Censi. Pour autant, sa rentabilité ne se mesure pas en terme de nombres d’entrée, même si le chiffre à son importance, ni par ses seuls résultats financiers. S’agissant d’un musée dédié à un artiste de renommée internationale qui présentera l’ensemble de son œuvre de 1946 à nos jours, qui plus est estampillé « musée national », son succès ne fait aucun doute. Non seulement Pierre Soulages a accepté que Rodez ait le seul et unique musée de la planète qui présentera son œuvre, mais en plus, il a fait une donation exceptionnelle à sa ville aujourd’hui estimée à plus de 50 millions d’euros. Celle-ci devrait d’ailleurs être complétée ultérieurement.

Une chance qui ne se présente qu’une fois et dont peu de villes peuvent se prévaloir. Dans ces conditions, il eut été irresponsable et inconséquent de ne pas faire bénéficier la ville de Rodez et son agglomération de l’opportunité du musée Soulages.

Prochainement : Le musée Soulages, un projet porteur d’avenir qui marquera le renouveau de Rodez

Laisser un commentaire