La vérité sur les compteurs communicants Linky et Gazpar

13 juin 2016

Le développement de la nouvelle génération de compteurs communicants trouve son origine une directive européenne de 2009 (Directive 2009/72/CE du Parlement et du Conseil européen du 13 juillet 2009 concernant des règles communes pour le marché intérieur de l’électricité). Cette dernière prévoyait notamment que si la mise en place de compteurs intelligents donnait lieu à une évaluation favorable, la majorité des clients devraient être équipés de tels systèmes d’ici à 2020. De tels projets sont en cours dans de nombreux pays en Europe et dans le monde, même si en Allemagne leur mise en place a pour l’instant été limitée aux professionnels et n’a pas été étendue aux particuliers à ce jour.

Les compteurs communicants Linky et Gazpar

Linky pour ErDF (devenue Enedis), comme Gazpar pour GrDF, font partie de la catégorie des compteurs communicants, c’est-à-dire qu’ils peuvent être interrogés et activés à distance. A cet effet, Linky utilise la technologie CPL (courants porteurs en ligne) sur le réseau basse tension pour le premier niveau de communication reliant l’abonné au concentrateur. Le deuxième niveau de communication est lui assuré par le réseau téléphonique mobile GPRS Edge, entre le concentrateur (équipement installé dans un poste de transformation et de distribution regroupant de 50 à 1 000 abonnés) et le système central du concessionnaire.

Fin mai 2016, prés de 900 0000 compteurs Linky ont été installés en France. À terme, ce sont 35 millions de compteurs qui seront remplacés pour un budget global de l’ordre de 5 milliards d’euros financé par Erdf via la contribution sur l’électricité. S’agissant des concentrateurs, ils seront au nombre d’environ 700 0000. Cette nouvelle génération de compteurs communicants constitue une étape importante vers les réseaux intelligents, également appelés smart grids.

Les avantages du compteur Linky

Pour le ministère de l’environnement, les avantages de Linky sont nombreux :

  • Relevé automatique des consommations, sans intervention humaine sur le terrain, permettant une facturation sur la base de données réelles et non plus estimées, ce qui évite les régularisations intempestives,
  • Maintenance optimale et rapide sans intervention sur place, en améliorant les diagnostics en cas de dysfonctionnement de l’installation électrique,
  • Mieux informé sur ses consommations, le consommateur se verra proposer une offre tarifaire adaptée à sa situation,
  • Optimisation de la gestion, de l’entretien et du développement des réseaux électriques en améliorant la connaissance des flux d’électricité sur les réseaux de distribution et identification plus aisée des dysfonctionnements des installations électriques et fourniture d’informations relatives à la qualité d’alimentation,
  • Intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique, en contribuant à mieux gérer l’intermittence de la production d’électricité de ces sources d’énergie,
  • Enfin, le nouveau compteur doit permettre de comptabiliser en temps réel les kilowattheures injectés dans le réseau et ceux qui y sont prélevés permettant une économie d’énergie.

Une expérimentation depuis 2009

ErDF, aujourd’hui Enedis, a lancé l’expérimentation du projet Linky en 2007. Jusqu’en 2009, les grandes orientations ont été faites (spécifications systèmes d’information, compteurs et concentrateurs, modes de communication, condition de l’expérimentation) avec le choix du consortium chargé de la création conjointe du système d’information (Atos Origin France) et de la fabrication des matériels (Landis+Gyr, Itron, Iskraemeco, …).

L’expérimentation sur le terrain a débuté en 2009 en Indre-et-Loire et à Lyon où 300 000 compteurs Linky ont été posés. Le retour d’expérience a permis de fournir à la Commission de régulation de l’énergie et aux pouvoirs publics les informations nécessaires à la validation de ce type de compteur intelligent et de le généraliser à l’ensemble du pays. Finalement, après de nombreux échanges entre les divers organismes de l’Etat et les associations concernées, la commission de régulation de l’énergie (CRE) a publié un avis favorable en juin 2011 ]et conclut que les compteurs Linky respectaient les critères d’évaluation.

Au cours de l’été 2011, l’Etat a validé définitivement la conformité du projet Linky et autorisé sa généralisation auprès de tous les clients de France métropolitaine]. Dés le 9 juillet 2013, lors de la présentation de son plan d’investissements publics pour l’avenir, le Premier ministre a relancé le projet et annoncé le lancement d’un appel d’offres pour le remplacement du parc des compteurs électriques.

En 2015, la loi impose le compteur Linky aux gestionnaires publics d’énergie

Le 17 août 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a été promulguée par le ministère de l’Environnement. Elle prévoit l’obligation pour les gestionnaires des réseaux publics d’électricité de mettre à la disposition des consommateurs les données de comptage issues des compteurs communicants, des systèmes d’alerte liés au niveau de leur consommation, ainsi que des éléments de comparaison issus de données statistiques basées sur les consommations locales et nationales.

Le déploiement national des compteurs Linky a officiellement débuté le 01 décembre 2015. Le rythme de pose est aujourd’hui de prés de 100 000 compteurs par mois (environ 8 par poseur et par jour) et prévoit de monter jusqu’à 300 000 compteurs installés par mois en rythme de croisière. ErDF (Enedis) devrait ainsi passer plus de 300 marchés de pose avec une trentaine d’entreprises permettant de créer des milliers d’emplois, auxquels s’ajoutent ceux créés par les constructeurs de compteurs, tous installés en France. Ces derniers, de diverses nationalités, sont au nombre de sic : Itron (en) (USA), Landis+Gyr (Suisse/Japon), Sagencom (France, par ailleurs retenu pour fabriquer le compteur Gazpar de GrDF), Maec (France), Elster (Allemagne) et Ziv (Espagne).]

L’objectif affiché par ErDF (Enedis) est d’atteindre un objectif de 90 % de compteurs Linky installés à fin 2021.

Les arguments avancés par les opposants au compteur Linky ne paraissent guère crédibles et convaincants

Depuis 2009, date d’installation des premiers compteurs Linky à Lyon, aucun des 300 000 clients ne semble s’être plaint jusqu’ici d’effets indésirables sur la santé de cet équipement. Pour autant, depuis 2015, date à laquelle la loi a imposé la généralisation de ce type de compteurs, un certain nombre d’organisation et d’usagers ont commencé à se manifester en mettant en avant les effets nocifs sur la santé et dénoncé un prétendu flicage des abonnés.

Selon ces groupes de pression sortis d’on ne sait où, l’utilisation du CPL pour relier le compteur Linky au concentrateur situé à l’extérieur des habitations, présenterait des risques pour la santé en raison des émissions d’ondes électromagnétiques supérieures à la norme admise. Selon eux, les compteurs Linky inonderaient les habitations de radiofréquences en plusieurs kilohertz qui viendraient irradier en permanence nos logements de champs électromagnétiques au même titre que le fameux Wifi ou téléphones mobiles déjà très présents dans nos maisons… Ceci est d’autant plus étonnant que pas grand monde ne s’émeut de ces puissances ondes électromagnétiques (Wifi et 3G/4G) qui arrosent pourtant notre quotidien en permanence depuis plus de 10 ans et dont la nocivité n’est pas contestée. Pourquoi, soudainement, faire une fixation sur les quelques modestes ondes émises par Linky principalement la nuit et à faibles doses ?

Manifestement beaucoup d’opposants parlent de choses qu’ils ne connaissent pas ! En effet, ces compteurs communicants ne fonctionnerait pas avec de la radiofréquence (ce qui est le cas dans certains pays) mais via le CPL (courant porteur en ligne). Cette technologie est connue et utilisée depuis des décennies, y compris en France, où nombre de box internet et autres appareils électriques l’utilisent au quotidien. S’il est exact que des ondes électromagnétiques sont émises, elles restent extrêmement faibles et intermittentes, contrairement au four à micro-onde, au fer à repasser, au sèche-cheveux et autres grille-pains qui émettent de forts rayonnements. A y regarder de prés, force est de constater que le compteur communicant Linky ne modifiera pas sensiblement le niveau d’exposition aux ondes électromagnétiques émises depuis des années ; ce d’autant plus que les émissions de Linky seraient en tous points comparables à la précédente génération.

L’Etat et ErDF (Enedis) doivent réagir et confirmer l’innocuité des compteurs Linky sur la santé

Il serait temps que le gouvernement et ErDF (Enedis) communiquent enfin en toute transparence sur le sujet et mettent définitivement fin à cette polémique pour le moins infondée. A cet effet, il pourrait être envisagé qu’un organisme indépendant et reconnu par toutes les parties soit chargé d’une étude sérieuse sur le sujet.

Pour ce qui est de la prétendue atteinte aux libertés individuelles du fait des données recueillies et de leur mode de transmission, nous en sommes bien loin alors que la plupart de ces mêmes personnes échangent au quotidien des données bien plus confidentielles depuis leur mobile, sur internet ou les réseaux sociaux. Encore une fois, tout cela n’est guère crédible… Les bien modestes données recueillies et transmises par Linky sont, d’une part codées et sécurisées et, d’autre part, ne font jamais état de l’identité et des coordonnées des abonnés. Par contre, ces données pourront être récupérées et exploitées par le client afin de mieux gérer ses consommations.

Début juin 2016, sur la seule ville de Rodez, prés de 5 000 compteurs Linky ont déjà été posés.

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