France : La consternante bataille pour la présidence de l’UMP

23 novembre 2012

Pour désigner son nouveau président, l’UMP avait organisé sa première élection démocratique ce dimanche 18 novembre 2012, conformément à ses statuts. Après une longue campagne entre Jean-François Copé et François Fillon, deux des candidats ayant obtenu les signatures requises pour briguer la présidence, prés de 300 000 adhérents étaient appelés à se rendre aux urnes dans chacune des circonscriptions électorales de France.

Au final, prés de 180 000 adhérents ont répondu présents. Malheureusement pour eux, le score a été si serré entre les deux candidats et les litiges nombreux dans certains bureaux de vote, qu’il n’a pas permis de désigner rapidement un vainqueur ; chacun des protagonistes n’ayant eu de cesse de revendiquer à tour de rôle la victoire, jusqu’à 24 heures après la clôture du scrutin. Au final, après de nombreuses discussions et validation des bureaux de vote litigieux, notamment à Nice, la fameuse CoCoE (Commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales), instance interne à l’UMP, a finalement déclaré Jean-François Copé vainqueur avec 50.03% des voix, soit 98 voix d’avance). Ce résultat avait été validé par toutes les parties ainsi que le bureau politique.

Deux jours plus tard, les partisans de Fillon ont contesté l’élection de Copé au motif que la CoCoE avait omis de prendre en compte certains départements d’Outre-mer (Nelle Calédonie, Wallis-et-Futuna et Mayotte), soit au final, un résultat favorable à Fillon pour 26 voix. La CoCoE leur donné finalement raison, mais ces derniers refusent de saisir la Commission des recours car ils n’entendent pas que le décompte du scrutin dans l’ensemble des bureaux de votes,  et notamment les plus litigieux qui avaient largement donné l’avantage à Fillon, soit remis en cause.  A partir de ce moment là, par médias interposés, les deux camps n’ont eu de cesse de s’étriper et de s’accuser publiquement des pires maux. Un vrai pugilat en direct à la télévision.

Un règlement de compte en bonne et due forme qui a surpris par la violence, pour ne pas dire la haine, dans les propos tenus par les uns et les autres, avec de multiples rebondissements. Un spectacle affligeant donné par deux personnes qui entendaient jusqu’alors postuler à la présidence du pays. Triste ! Dans le genre, on ne peut faire pire.

Alors que les adhérents et militants attendaient cette élection pour renforcer l’UMP dans son rôle d’opposant au gouvernement socialiste, ils ont eu l’exact contraire. Un véritable cauchemar ou jeux de massacre politique comme on n’en avait probablement jamais vu en France, tellement la haine entre ces deux hommes est totale. Comment ne pas être indigné et écœuré par une telle attitude aussi irresponsable ?

Probablement convaincu que la victoire lui était assurée et sûr de ce fait, notamment au vu des estimations généreuses des médias qui le donnait largement en tête à la veille même du scrutin, François Fillon et ses lieutenants ont été incapables d’accepter le verdict qui semblait pourtant acquis à Jean-François Copé au vu des résultats des principaux départements. En effet, de nombreux départements et non des moindres, se sont prononcés en faveur de Copé alors qu’ils étaient présumés acquis à Fillon. Cette tendance s’est souvent confirmée lors du dépouillement.

Manifestement, le ton parfois agressif de la campagne de Fillon et ses attaques régulières contre Copé n’ont pas été appréciés par de nombreux adhérents et militants. Par ailleurs, Fillon n’a pas été en mesure de rassurer ces derniers sur ses réelles intentions, à savoir, s’opposer fermement au gouvernement socialiste et conduire l’UMP à la victoire dés les élections municipales de 2014, plutôt que de préparer la présidentielle de 2017. Cette dernière n’étant en aucun cas une priorité pour les adhérents UMP. A cet égard, Copé leur a, semble-t-il, paru plus sincère quand il affirme vouloir consacrer toute son énergie à conduire l’UMP à la victoire dés 2014 et qui plus est, laisser sa place à Nicolas Sarkozy s’il voulait revenir en politique. Un point sur lequel Fillon ne s’est jamais prononcé.

D’ailleurs, l’autre élection concernait les 6 mouvements en lice au sein de l’UMP. Celui qui est arrivé largement en tête avec 27.77% est la « La Droite Forte », par référence et fidélité à la France Forte de Nicolas Sarkozy, mouvement qui soutenait largement Jean-François Copé. La plupart des mouvements étaient d’ailleurs proches de ce dernier comme « La France Moderne et Humaniste » de Jean-Pierre Raffarin qui a obtenu 18.17% à l’exception notable de la « Droite sociale » de Laurent Vauquiez, soutien de François Fillon qui a réalisé 21.69%. Ce qui en dit long sur la volonté des adhérents d’apporter majoritairement leur soutien à Jean-François Copé au sein de la nouvelle UMP.

Dans ce contexte, beaucoup d’adhérents et d’électeurs UMP ont le plus grand mal à comprendre le duel fratricide engagé par François Fillon contre Jean-François Copé, qui donne aux français une image catastrophique de la droite et met en évidence les ambitions démesurées d’hommes politiques de premier plan, qui n’hésitent pas à se lancer dans une guerre sans merci, au risque d’anéantir leur propre formation politique. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire le désespoir et la colère des adhérents de l’UMP. Et beaucoup de regretter la belle unité de l’UMP sous la présidence de Nicolas Sarkozy….

Espérons qu’Alain Juppé, appelé à la rescousse pour tenter d’éteindre l’incendie, sera en mesure de déterminer le véritable vainqueur de cette élection à la présidence de l’UMP et de ramener enfin le calme et la sérénité à l’UMP qui doit maintenant se reconstruire au plus vite.

Face au désespoir des adhérents, l’UDI (Union des Démocrates et Indépendants) nouvellement créée saura-t-elle profiter de l’espace politique laissé momentanément libre ?

En attendant, bon courage à Alain Juppé pour sa mission de bons offices et bon vent à l’UMP ! Demain sera un autre jour.