Grand Rodez : petite polémique autour de la RN88 et du contournement de Rodez (1)

Alors que le contournement de Rodez paraît aujourd’hui bloqué, le président du Conseil général investit pour désenclaver le département et favoriser son développement.

Lors de la récente inauguration du rond point du Bouldou à Druelle, sur la RD 994, Jean-Claude Luche, le président du Conseil général a interpellé Christian Teyssèdre, le maire de Rodez à propos de la RN 88 et plus précisément des difficultés de circulation sur la rocade de Rodez. Il a lancé une invitation aux élus de l’agglomération de Rodez en vue de réfléchir aux moyens de poursuivre l’achèvement de cet axe majeur pour le département et régler au plus vite la question de la traversée de Rodez qui constitue aujourd’hui le gros point noir sur la RN88.

Manifestement, la proposition n’a guère été du goût du maire de Rodez qui s’est aussitôt enflammé, accusant le président du Conseil général de privilégier les travaux routiers sur des axes peu fréquentés, telles les déviations de Pont-de-Salars, de Curlande et prochainement d’Espalion (dont le trafic ne dépasserait pas selon lui les 2 000 véhicules/jours).

Comme à son habitude, M. Teyssédre mélange tout et masque ses insuffisances. S’agissant des infrastructures routières, le Conseil général a en charge l’ensemble du réseau routier départemental qui s’est d’ailleurs accru ces dernières années par le transfert de certaines voies nationales comme la RN140, devenue la RD840. Comme n’ont pas manqué de la faire les élus du nord-Aveyron, il convient de rétablir la réalité des faits.

Contrairement à ce qu’affirme M. Teyssèdre, les déviations de Pont-de-Salars, de Curlande et d’Espalion concernent deux axes essentiels du département, d’une part, la RD911 reliant Villefranche-de-Rouergue à Millau, via La Primaube et, d’autre part, les RD988 et 920 reliant Rodez au nord-Aveyron, via Espalion et au-delà,  Saint Flour et Aurillac. Les importants travaux en cours et à venir entre Rodez et Espalion, axe parmi les plus fréquentés du département (de 8 000 à 12 000 véhicules/jours selon l’endroit) mais aussi le plus accidentogène, sont pleinement justifiés. Nous sommes bien loin des 2 000 annoncés par M. Teyssèdre. Le trafic y est même plus dense que sur la RN88 entre Baraqueville et Carmaux, par exemple, qui ne dépasse guère les 6 500 véhicules/jour et où sont pourtant en cours des travaux de mise à deux fois deux voix. Outre la nécessité de faire face à l’augmentation du trafic et à la sécurisation des RD988/920, il s’agit aussi pour le Conseil général de désenclaver durablement l’ensemble du nord-Aveyron et de le rapprocher de l’agglomération ruthénoise et prochainement de l’autoroute. A cet égard, les choix opérés par le Conseil général sont tout à fait judicieux et conformes aux attentes des populations locales. Une fois encore le maire de Rodez aurait mieux fait de se taire.

S’agissant de la RN88 et du contournement de Rodez (rocade actuelle ou grand contournement), les travaux incombent à l’Etat, même si ce dernier tend de plus en plus à solliciter les collectivités locales (région, département et agglomérations) pour réaliser ces travaux financièrement très lourds. Contrairement à ce que laisse entendre M. Teyssèdre, le Conseil général n’a aucune compétence sur ces axes. Tout au plus, peut-il participer à leur financement. Dans ces conditions, vu l’urgence pour Rodez à réaliser la RN88 à 2 x 2 voies dans son intégralité dans les meilleurs délais, on ne peut que s’étonner du grand silence des élus de l’agglomération concernant le grand contournement de Rodez.

Face à l’immobilisme de la ville de Rodez et de son agglomération (depuis 2008, aucune décision n’a été prise concernant le grand contournement et les élus n’ont manifestement entamé aucune démarche approfondie à ce propos), la proposition du Conseil général paraît constructive et salutaire, même si ses intérêts ne coïncident pas nécessairement avec ceux des élus ruthénois. L’essentiel, c’est de discuter ensemble et de faire avancer le dossier au plus vite dans l’intérêt des aveyronnais et des ruthénois.

De ce point de vue, bien difficile de comprendre l’attitude du maire de Rodez à l’égard du Conseil général qui cherche avant tout à apporter des solutions concrètes aux problèmes de saturation du trafic routier dans la traversée de Rodez, y compris en apportant sa contribution financière.

Une fois encore, certains gesticule pendant que d’autres agissent dans l’intérêt général. Les ruthénois apprécieront.

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